Irlande : du quart au tiers de cigarettes de contrebande

L’annonce est à prendre avec des pincettes puisqu’elle provient de l’association irlandaise des manufactures de tabacs de l’Eire. Mais selon l’Irish Tobacco Manufacturer’s Group, un quart, voire un tiers des cigarettes consommées dans le pays proviendrait soit de la contrebande, soit de la contrefaçon, soit de l’importation individuelle de cigarettes vendues dans le reste de l’Union européenne. En 2011, quand un paquet valait 8,65 euros, la proportion était d’un paquet sur cinq. En 2012, le prix a grimpé à 9,30 €. Manufacturiers et buralistes y voient bien sûr une relation directe de cause à effet.

On ne sait pas vraiment si l’état sanitaire global s’améliore bien quand le prix du tabac augmente, mais il semble bien que les États favorisant les plus hauts prix voient au final leurs recettes fiscales diminuer ou régresser du fait des importations légales ou illégales.

L’exemple de l’Irlande est indicatif à double titre. D’une part parce que l’étude émane du lobby du tabac local et que sa méthode est empirique : elle consiste à ramasser, dans 22 localités importantes, des paquets de cigarettes jetés ou abandonnés vides (poubelles, bars, voie publique).

Mais selon les villes, la proportion de cigarettes vendues illégalement ou importées de pays où le tabac est vendu à un prix sensiblement inférieur peut atteindre le tiers, comme à Waterford.
Globalement, plus d’un paquet sur quatre (28 %) échapperait au fisc irlandais et aux buralistes.

Par ailleurs, si le tabac de l’industrie cigarettière est nuisible pour la santé, le contrefait l’est généralement bien davantage. Les autorités sanitaires irlandaises n’en continuent pas moins de soutenir que la hausse des coûts réduit véritablement le nombre des fumeurs. En fait, il semble bien qu’en Irlande le report sur des produits contrefaits ou de contrebande (et marginalement importés légalement par des voyageurs) soit massif.

L’Irlande est avec la Norvège (avec un prix de 10,45) second pays européen pour la cherté du tabac légal (suivi par le Royaume-Uni, avec un prix de 9,03), soit neuf fois ou dix fois le coût d’un paquet roumain (ou provenant du Bélarus). La France se situe au niveau de la Suisse (à plus de six euros, le double du prix en Andorre). L’Irlande se situait à plus de deux fois le prix moyen européen (Turquie incluse), c’est à présent une différence de 63 % (notamment du fait des hausses françaises).

Le fisc irlandais perdrait à présent, selon des estimations antérieures, près d’un milliard d’euros par année. Les taxes représentent jusqu’à 80 % du prix d’un paquet irlandais (61 % d’accises, 17,5 de TVA). 

Pour le gouvernement, les proportions se situaient l’an dernier entre 14 et 18 % d’importations illégales.
Les cigarettes sont à présent vendues sous le manteau à environ 4,50 euros, et rapporter gros aux mafias qui réinvestissent cet argent des activités légales ou illégales.

Pourtant, en 2011, la police irlandaise avait saisi 109 millions de cigarettes de contrebande ou contrefaites et 103 affaires avaient fini par des sanctions.

Dans tous les pays où les autorités sanitaires ou médicales plaident pour des hausses importantes de prix, il est avancé qu’elles permettraient de créer des hôpitaux, de payer des médecins, infirmiers, du personnel soignant, &c. En fait, dans les services publics de santé, la qualité des soins et le nombre des personnels ne suit jamais. Cherchez l’erreur.

En France, après la hausse d’octobre dernier, une nouvelle est attendue pour juillet. Il était estimé que le marché légal des cigarettes en France avait baissé d’un peu plus de cinq pour cent l’an dernier. Mais la hausse du marché illégal n’est pas estimée. Et si elle était de l’ordre de celui du marché irlandais ?

En juin 2007, déjà, les douanes françaises saisissaient à Dieppe 2,4 tonnes de cartouches de cigarettes cachées dans des bobines de fils électriques (photo des douanes) dans un camion polonais en partance pour le Royaume-Uni sur un ferry (récemment, à Nantes, les douanes ont saisi plus de 22 500 contrefaçons de câbles électriques chinois pouvant représenter des risques d’incendie). La dernière affaire importante de cigarettes de contrebande remonte à décembre dernier, avec les saisies, à Dieppe et au Blanc-Mesnil, de 6,3 tonnes (tabac à narguilé et cigarettes), dans un camion bulgare et un autre, portugais.  

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

3 réflexions sur « Irlande : du quart au tiers de cigarettes de contrebande »

  1. Oui mais quelles maffia? Où sont-elles fabriquées ces cigarettes?Proviennent elles de de Belarus , de Roumanie ?…..

  2. Du travail, il y en a :

    [url]http://www.france-tabac.com/culture_images.htm[/url]

    du bon tabac de souche pour occuper ceux qui veulent, vous en pensez quoi ? hein ?

    Du blé pour ceux qui ont travaillé ? on sait pas, peut-être dans les paradis ? les PF ? oui, vous savez les trous noirs de l’économie mondiale, plus grands et sombres que les cratères des volcans

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