Hollande choisit la stratégie de l’esquive.

 

Hier après-midi, sur  BFM/TV, j’ai suivi le discours de Nicolas Sarkozy à Marseille et ensuite les analyses des politologues. J’ai surtout, comme d’autres, eu l’impression que l’essentiel était les attaques verbales violentes portées par le Président candidat à l’encontre de son adversaire François Hollande qu’il ne nommait pas. A 18 heures, toujours sur BFM/TV, un entretien commençait avec François Hollande et je m’attendais un peu à ce que sa réaction au discours de Marseille fut assez ferme. Non. Il n’en fut rien car le candidat socialiste avait choisi « la stratégie de l’esquive ».

  

      Comprenez que François Hollande ne répond pas ou presque… Donc, tout ce week-end il a répété qu’il ne « voulais jamais être le méchant » ! Ainsi, il reste fidèle à sa réputation d’homme de « la synthèse » du parti socialiste. Ce qui est une qualité pour les uns et un défaut pour ceux qui considèrent que cela empêche de progresser. Pendant les primaires, il avait déjà adopté cette attitude malgré les attaques de sa rivale, Martine Aubry, qui étaient assez percutantes, comme l’argument célèbre de « la gauche molle" ! François Hollande n’a donc pas changé, il continue à ne pas riposter fermente et à esquiver « les coups ».

 

      Concernant le discours de Nicaolas Sarkozy, hier à Marseille, François Hollande s’est tout simplement « refusé à descendre dans la cour de récréation», soulignant que «La violence et l’insulte, c’est un signe de faiblesse » et déclarant : « Quand on est président sortant, on doit être fier de ce que l’on a fait, on doit même ignorer ses concurrents. On doit porter une politique». En même temps, il a ironisé sur « l’obsession » que le Président-candidat fait sur sa personne ».

 

      L’animateur de BFM/TV a insisté un peu…  et lui a demandé ce qu’il répondait à à l’accusation de Nicolas  Sarkozy de tenir un double discours sur le monde de la finance – socialiste à Paris, libéral à Londres- » François Hollande a confirmé alors sa position du Bourget : « Je maintiens que la finance est notre adversaire quand elle devient folle", a-t-il répondu.

 

      Mais Libération s’interroge sur cette stratégie et se demande si « cette stratégie de l’esquive » est tenable longtemps, sous les attaques de la droite ? Certains socialistes ont bien eu l’impression que ce discours de dimanche leur a fait « un procès en « anti-France » et ils ont bien envie d’en découdre ! Christian Paul les exhorte à se retenir : «Il ne faut pas répondre à la brutalité de la droite par une violence de gauche.». le candidat socialiste ne veut pas déroger à la feuille de route qu’il a fixé et l’a rappelé samedi : « ramener la droite à son bilan et débusquer les «mensonges» du chef de l’Etat, notamment sur les propositions PS en matière de sécurité et d’immigration. Sur ces thèmes, «la bataille n’est pas entre moi et Nicolas Sarkozy, mais entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen». (D’après Libération).

 

       Reste à savoir si cette « stratégie de l’esquive » que semble adopter François Hollande est la bonne ? Il s’en trouvera pour dire que c’est une manière d’éviter de rentrer frontalement en conflit sur les sujets délicats avec le Président-candidat ! D’autres, trouveront que le candidat socialiste a tout intérêt à amener son adversaire sur le fond et à ne pas se laisser dicter le rythme et l’agenda. Lui, qui semble être « sur la stratégie de la cible mouvante ». C’est à dire qu’Il est prêt à lancer des idées de toute sorte, sans s’attarder dessus, tout en bougeant dans tous les sens !

 

       En ne répondant pas, Il est sûr que François Hollande va empêcher certains débats et donc éviter d’autres attaques, mais la difficulté sera de rester audible et de marquer des points pendant que la grosse caisse du Président-candidat et de son orchestre résonne…

  (Sources BFM/TV,Libération,Le Parisien,Le Nouvel Obs)