Liban : Michel Aoun président ?

Branché sur le mode, « j y suis j y reste », un président est difficilement délogeable surtout du côté de Baabda : en plus de se la couler plutôt douce sous l’ombrelle des accords de Taëf, l’heureux élu a tout loisir de rafler au passage de juteux profits. A chacune de ces élections si convoitées, c’est un interminable bras de fer, révélateur de cette pathologie qui gangrène ce pays pris en étau pour le moins entre des intérêts régionaux divergents.

Mais voilà que devrait prendre fin la vacance présidentielle : le boycott des séances parlementaires destinées à élire un successeur à Michel Sleiman, le président autophile, n’est plus à l’ordre du jour ! La quarante septième réunion devrait aboutir à la consécration du chef du parti au pedigree ronflant, « le Bloc du changement et de la réforme ».

Arborant un nouveau look tendance où la barbe est venue remplacer la barbichette, Saad Hariri est l’auteur en personne du dénouement du noeud gordien ! Désormais un peu moins fier qu’Artaban, il a décidé de tendre la main à Michel Aoun, son ennemi juré d’hier, allié du Hezbollah et de Damas. Même Walid Joumblatt, le chef du bloc du Rassemblement démocratique s’est mis de la partie à tresser des lauriers au général. Non parce qu’un poste de Premier-ministre ou autre vaut bien une une volte face mais pour « protéger le Liban, l’Etat, le peuple » font savoir ces sauveteurs de dernière minute. Tant mieux pour le Liban comateux et les récalcitrants de la trempe de Nabih Berry ou des Kataëb n’y feront rien…

Avec tous ces soutiens qui lui tombent dessus, celui qui se prend carrément pour le De Gaulle local, cumule les chances de voir se concrétiser son vieux rêve. S’il ne faut pas crier victoire avant demain 31 octobre, le caméléon Michel Aoun, à l’aube de son « octogénéritude », est tout prêt de ce but sur lequel il lorgne depuis de longues décennies. Comme quoi la plasticité idéologique tant décriée, ça peut payer à force de persévérance pour certains !

Résultat un tandem improbable à la tête de la république, Aoun- Hariri, lequel s’annonce houleux d’autant que nombreux parmi les partisans du Courant du Futur sont vent debout contre le retournement de veste de leur leader dénonçant un suicide politique et une forme de soumission à l’axe irano-syrien. Après tout quand on prend les mêmes et que l’on recommence, il ne faut pas s’attendre à grand chose surtout quand les tensions sont montées de plusieurs crans avec la crise syrienne.

Au mieux le pays aura droit à la formation d’un gouvernement où les camps rivaux oublieront pour une seule fois leurs différends pour oeuvrer en faveur du Bien commun. Au pire les combats de coqs reprendront de plus belle sur fonds de blocages de longue durée avant un accouchement au forceps du gouvernement. Et dire que le Liban sous tutelles devrait prochainement fêter son 73e anniversaire de l’Indépendance…

Elie Marouni : sexisme au Liban

Issu du parti Kataëb qui se veut à l’avant garde du combat contre les inégalités entre hommes et femmes au Liban, le député Elie Marouni, s’est récemment illustré par des propos contraires à la Charte dont il se réclame. Des propos qui plus est laissent supposer que la « virilitude » chère à Zemmour n’est pas en passe d’extinction dans ce pays moderne… C’est une polémique née lors d’une table ronde autour de la question de l’avenir de l’article 522 du code pénal lequel dépénalise tout violeur qui fait preuve de « sagesse » en acceptant de prendre pour épouse sa victime. Marouni s’est fendu à l’occasion d’une déclaration graveleuse pour exprimer sa ferme opposition à l’abrogation de l’article en question lui préférant une sorte de recyclage ou plus précisément de « réécriture » et pour cause : « Au vu de certaines circonstances nous devons nous interroger sur la façon dont les femmes poussent les hommes à les violer » !

Autrement dit le côté aguicheur consubstantiel à Eve en fait une tentatrice tentante ce qui vaut au pauvre Adam en rut des circonstances atténuantes ! Marouni va plus loin dans la misogynie en mettant en avant ce droit suprême dont peuvent se prévaloir les citoyennes libanaises : avoir le libre choix de décliner l’offre d’union avec son prédateur ! Ce non à un criminel à qui on donne l’absurde possibilité de poursuivre ses viols en toute légitimité, une avancée à laquelle aspireraient bon nombre de femmes vivant sous des cieux moins cléments, souligne-t-il.

Quand une certaine Hayat Mourched, journaliste de son état, présente à l’assemblée, ose s’offusquer devant des propos aussi insultants à l’endroit des femmes, le député allergique à son ton inquisiteur la recadre sans ménagement par média interposé. Il ose dénoncer « ses impolitesses et ses attaques diffamatoires » et se réserve le droit de porter plainte, société hiérarchisée oblige ! L’élu va jusqu’à se féliciter d’avoir su garder son sang froid devant tant d’arrogance alors qu’il aurait sans doute pu sortir de ses gonds, battre, cette énergumène féministe qui ose l’affronter. Ignominie quand tu nous tiens…

Suite au tollé consécutif à de tels propos, Marouni a fait amende honorable de manière plutôt mitigée de peur d’être radié de son parti ou encore de perdre son gagne pain. Alors que circule sur la toile la vidéo incriminante, il montre patte blanche, parle de propos tronqués. Mais la vidéo est accablante, le sexe faible en a pris pour son grade : en plus de son attachement à l’article 522, le député a fait savoir sa farouche opposition à toute transmission de la nationalité par la femme à son mari comme à ses enfants. Par souci d’équilibre démographique. Les hommes quant à eux peuvent épouser Syriennes, Palestiniennes ou autres sans que jamais ne soit altéré l’équilibre qui lui tient à coeur comme par opération du Saint-Esprit…

Si cette agitation fait couler beaucoup d’encre sur la toile il y a peu de chances qu’elle aille plus loin. Tout simplement parce que Marouni a juste osé dire tout haut ce pensent tout bas la majorité de ses collègues . Après la pluie le beau temps…

 

Candidature controversée de Ghassan Salamé à la tête de l’UNESCO

Alors qu’approche à grands pas le terme du second mandat d’Irina Bokova à la tête de l’UNESCO, les candidats en lice pour sa succession se bousculent. Côté arabe, ce siège convoité, déjà frôlé mais jamais occupé semble faire des émules. En plus du Qatar et de l’Egypte partis en campagne, il y a aussi le Liban. 

Fidèle à la mode libanaise haute en couleurs, les trublions gradés ont prouvé une fois de plus que toutes les occasions sont bonnes à prendre pour mettre en exergue leurs divisions. Vera Khoury Lacoueilhe une franco-libanaise qui a représenté l’île Ste Lucie à l’UNESCO a fait tout le nécessaire auprès des autorités libanaises pour la validation de son dossier et l’officialisation de son dépôt de candidature. 

Contre toute attente voilà que, malgré son plébiscite, Ghassan Salamé ancien ministre de la culture déclare à son tour comme un grand, via la chaîne MBC, son intention de participer à la course. Les délais étant respectés selon le règlement intérieur de l’UNESCO , rien ne sert de courir et Salamé n’a pas répugné à faire une entorse à la procédure officielle en zappant le passage obligé par la case consultations du Premier ministre, des ministres des Affaires étrangères, de la Culture. 

En plus de griller des politesses, Ghassan Salamé se dit prêt à prendre le taureau par les cornes pour briguer ce poste à partir duquel il espère mettre sur pied un projet depuis longtemps en gestation pour redonner leurs lettres de noblesse à ces valeurs mises en péril par la mondialisation. Projet ambitieux où notamment l’éducation, la culture, la conservation du patrimoine mondial, "la stature morale de l’UNESCO", devraient tenir une place majeure. 

Les défis à relever lui tenant manifestement à coeur, Ghassan Salamé promet de ne pas baisser les bras si le gouvernement libanais venait à désavouer sa candidature. Avec la notoriété qui est la sienne, les Parrains de rechange se ramasseraient à la pelle… Le père de Léa qui vit à Paris prétend au nom de la bonne cause n’avoir qu’une seule et unique patrie, le Liban, et se considère prioritaire par rapport à sa devancière dans la démarche qui plus est  détentrice d’une double nationalité. 

Le jeu en vaut la chandelle ! La preuve c’est qu’on n’en finit pas au Liban de s’écharper pour ces postes sinécures mais si  Ghassan Salamé, logé à bonne enseigne, a décidé d’apporter un souffle nouveau à cette Institution peu connue pour ses avancées, il ne reste qu’à lui faire confiance et signer la pétition mise en ligne pour soutenir sa candidature. Pour des lendemains qui chantent …

 

Emprise de l’Arabie Saoudite sur le Liban

Depuis que Téhéran et Ryad se font la guerre par procuration, les tensions régionales ne faiblissent pas. Le royaume wahhabite s’est mis à voir encore plus rouge avec le rapprochement Iran Occident tout comme avec l’évolution de la guerre en Syrie à contre courant du "tout sauf Bachar".Récemment l’exécution au sabre saoudien du cheikh al Nimr  avait embrasé le monde chiite. S’en étaient suivis des dommages collatéraux allant jusqu’à une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays et ce à l’initiative de la dynastie des Ben Saoud. 

Horreur et damnation, l’agression des représentations diplomatiques saoudiennes à Téhéran n’a pas été condamnée par le ministre des Affaires étrangères libanaise, Gebran Bassil, au sein de la Ligue Arabe et de l’OCI, (organisation de coopération islamique) ! Et contre ce crime de lèse majesté, Ryad fulmine et administre à Beyrouth un royal camouflet.  C’est que rompu à l’exercice de soudoiement, le royaume wahhabite ne souffre aucune insoumission à ses inaliénables "prescriptions"!  Adieu l’aide saoudienne de 4 milliards en fournitures et armements français pour l’armée et les Forces de sécurité intérieure. 

Longtemps porté au pinacle pour son inconditionnel asservissement aux pétrodollars, le Liban est désormais banni par l’Arabie. La présence des ressortissants du golfe y est vivement déconseillé, ce qui ne présage rien de bon. Le Liban tombé en disgrâce, le Hezbollah se trouve dans l’oeil du cyclone, conspué par les 14 Mars pour sa part de responsabilité. 

Pour déminer la situation, on remue ciel et terre. Réunion du Conseil des ministres en session extraordinaire. Saad Hariri et Tamam Salam se perdent en conjectures, font des courbettes, se plient en quatre pour regagner les faveurs de leur suzerain ! Alors que le premier conjugue à toutes les personnes le verbe être "arabe aux côtés des frères arabes", le second bat sa coulpe, promettant de rouler sa bosse dans les pays du golfe. Malgré le ramdam suscité par cette punition, l’ambassadeur d’Arabie à Beyrouth a jugé insuffisantes ces démonstrations d’éternelle allégeance  ; il a prodigué quelques conseils susceptibles d’attirer l’absolution des délits dont s’est rendu coupable le pays à "l’insu de son plein gré". 

Certains peuvent penser que c’est de bonne guerre arguant qu’il y a possibilité de détournement par le Hezbollah des armes destinées à l’armée et payées par l’Arabie… La menace de l’hégémonie de Téhéran ayant bon dos, Ryad en use pour mieux tenir en laisse "ses administrés". Oubliant au passage sa responsabilité dans le désastre syrien, yéménite, , ce qui pourrait, à la demande du parlement européen, lui valoir un embargo des livraisons d’armes par le Vieux Continent…

Outré par tant d’irrévérence à l’égard de la généreuse monarchie, Achraf Rifi le ministre de la Justice a présenté sa démission. Il a invité les membres du gouvernement à en faire autant. La carotte et le bâton cette méthode régionale qui a le vent en poupe laisse à désirer ; elle en dit long sur l’état des lieux de ce pays sans président depuis bientôt deux ans et qui croule sous ses poubelles… 

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/02/25/le-parlement-europeen-reclame-un-embargo-sur-les-ventes-d-armes-a-l-arabie-saoudite_4871888_3210.html

Liban : » 7ki jélis », diffamation contre Michel Sleiman ?

 

 

 

 

 

Des institutions politiques  gangrenées par la corruption sont presque devenues la norme au point de se perpétuer de mandat en mandat sans faire de remous. Joe Maalouf, dans son émission hebdomadaire "7ki jélis", affiche notamment  sa volonté de lutter contre ce fléau qui paralyse le pays. Sans aucun parti pris, notre lanceur d’alertes s’incruste dans les coulisses du pouvoir et tour à tour épingle les politiques de tous bords, preuves solides à l’appui.  

"7ki jélis", (parler droit), jeter un pavé dans la mare pour informer, afin de secouer le citoyen endolori  en lui montrant les abus dont se rendent coupables les responsables, en toute impunité. Récemment, c’était au tour de l’ancien président Michel Sleiman de faire les frais de cette dénonciation. 

Comme ses collègues, le président n’a rien fait d’autre que de s’engraisser profitant d’un système véreux et corrompu : à son actif des acquisitions de tous genres, immobilières, mobilières, pour assurer bien plus que ses arrières ! Joe Maalouf a notamment dressé à l’attention des téléspectateurs une liste exhaustive de toutes les voitures qu’a acquises le président au cours de son mandat.(Vidéo). Arrivé à Baabda avec une petite voiture, il en est ressorti avec "un parc d’exposition"! 

Toutes les transactions enregistrées au nom dudit chef bénéficient d’une exemption de  droits de douanes et de taxes. Pire, rien que le 20 mai 2014, à l’approche de l’expiration de son mandat, le président s’était lancé dans l’achat compulsif de dix véhicules à la fois ! Les rouages de l’administration de l’Etat étant accaparés par  Ali Baba et la bande des quarante voleurs, ces fraudes doivent manifestement passer comme lettre à la poste. C’est que dans cette République bananière, ça se passe autrement que dans le Parti des Républicains que dirige Sarkozy : c’est du genre "passe moi la salade et je t’envoie la rhubarbe"! 

En plus du gonflement frauduleux de son patrimoine, Michel Sleiman, s’est fait livrer à la place de pizzas de faux passeports français à son nom et à ceux des membres de sa famille. D’ailleurs, Joe Maalouf a fait savoir que de ce fait, il devrait bientôt faire l’objet d’une enquête, maintenant qu’est devenue inopérante son immunité présidentielle. 

Quelques jours après cette émission taxée de crime de lèse majesté, l’ancien locataire de Baabda s’est fendu d’un communiqué : il y a dénoncé une campagne de diffamation orchestrée contre lui par ses adversaires pour la seule et bonne raison qu’ils ne lui auraient pas pardonné l’arrestation de Michel Samaha, le ministre porteur de bombes… Sous entendre les 8 Marsiens. Pourtant Gebran Bassil le gendre de Michel Aoun est bien passé par le grill de 7ki jélis !   

Pour la 33e fois le quorum des deux tiers de parlementaires nécessaire pour l’élection d’un président n’a pas été atteint. Les espoirs se portent sur la 34e session parlementaire prévue pour la première semaine de janvier.  Après avoir perdu de sa superbe, Michel Aoun risque de devoir céder le pas à Sleiman Frangiyé. Avec le peu qu’ils font, avec ou sans président, c’est presque du pareil au même…

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Le Liban dans sa crise des ordures

 

La plaisanterie aura assez duré puisque des décennies durant, les Libanais adeptes de la politique de Gribouille, auront réussi l’exploit de composer, sans broncher, avec d’ahurissantes restrictions qui leur ont été imposées. C’est que lorsque la norme devient l’anormal, même le complément d’accès à  l’eau ou à l’électricité s’ubérise pour que jamais entorse ne soit faite à la règle d’or locale qu’est le triomphe des inégalités dans tous les domaines ! 

Taillable et corvéable à merci, la population semble enfin se réveiller de son long sommeil comateux et pour cause : l’odeur pestilentielle que dégagent les poubelles qui s’amoncellent depuis bientôt deux mois à travers tout le pays a eu raison de leur apathie chronique. D’une seule voix, toutes obédiences confondues, la société civile semble vouloir en découdre avec ces responsables politiques qui n’ont de responsables que le nom ; obnubilés par le seul appât du gain, ils ont mis la main basse sur les ressources du pays tout en lorgnant sur celles souterraines à venir. La gangrène de la corruption a atteint un niveau inédit qui leur a fait perdre toute légitimité aux yeux de leurs concitoyens aguerris. 

Ecoeurés, ces derniers ont pris d’assaut la Place Ryad el Solh, les locaux du ministère de l’environnement, pour déverser leur ras le bol devenu irrépressible comme en témoigne leur slogan : "tol3ét ri7itkon"! "Vous puez" ! Maintenant qu’a sonné l’heure des règlements de comptes, les priorités se révèlent peu négociables : le ministre de l’environnement Machnouk  est invité à déguerpir ; le transfert de la collecte des déchets aux municipalités est exigé ; tout comme la tenue d’élections législatives pour mettre fin à ces prorogations de mandats qui préservent au chaud "Ali Baba et les plus de 40 voleurs"malgré leur piètre gouvernance ! 

L’ampleur du mouvement que l’on tente de disperser manu militari fait toutefois trembler ces piliers qui jusque là se croyaient indéboulonnables. Poussés dans leurs retranchements, ils tentent tant bien que mal de faire diversion avec quelques effets d’annonces qui demeurent sans suite.

Cette campagne qui a pu, comme par miracle, fédérer tous les Libanais autour de mêmes revendications n’est pas près de s’essouffler malgré les pernicieux coups de boutoir qui lui sont infligés. Pris dans le colimateur, des politiques dénoncent la vilaine propension des protestataires à faire l’amalgame entre l’ivraie et le bon grain qu’ils incarnent. Pire, selon eux ces manifestations ne sont déclenchées que par des marionnettistes au service de suzerains aux ambitions occultes. La paranoïa étant le mal du  siècle, la thèse du complot trouve de plus en plus d’adeptes jusqu’à décrédibiliser cette initiative populaire… 

Avec un siège présidentiel vacant, avec des politiques qui ont démontré avec brio leur promptitude à se vendre au plus offrant, le pays s’apparente désormais à une belle proie  à la portée de ces redoutables rapaces qui sévissent aux alentours.

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Liban : femme battue en direct

 

 

Ces derniers temps la presse libanaise n’a pas été avare en faits divers portant sur les décès de ces  malheureuses, ces  victimes des coups portés par leur sauvage de conjoint. Symptomes d’un état des lieux accablant où les candidats en lice pour la palme des maltraitances de femmes semblent se bousculer. La légèreté des sanctions qu’encourent dans de nombreux cas ces assassins qualifiés souvent de passionnés n’arrange malheureusement pas les choses. Sous l’impulsion de l’ONG KAFA, (STOP), une manifestation s’est déroulée ce dimanche à Beyrouth. 

A l’heure même où les quelques manifestants battaient le pavé, un incident du genre vient illustrer en direct  l’extrême gravité de ce fléau,(vidéo ci-dessous). Comme pour une meilleure prise de conscience par des pouvoirs publics toujours à la remorque pas qu’en la matière…Un mâle à l’extérieur de son véhicule côté portière conducteur discute par la fenêtre avec sa femme installée place passager. Echanges de propos dont on ignore la teneur. Tout ce que l’on peut deviner c’est qu’ils ont dû léser la sensibilité de sa majesté. Et pour le faire savoir, il n’y est pas allé par quatre chemins. Du brut de décoffrage ! Comme un fauve qui se rue sur sa proie, sans s’encombrer du moindre tact. 

Pour réagir avec autant de brutalité en plein espace public, on peut imaginer que ce déchaînement est loin d’être un cas isolé. Il doit forcément faire partie de l’arsenal langagier de ce misérable quidam. Et dire qu’après de telles humiliations inqualifiables, la vie même intime doit souvent reprendre son cours. Un cours chaotique où se mêlent des hauts, des bas, avec un mari à l’emprise galopante sur une femme qui voit sa vitalité se réduire comme peau de chagrin. Une victime honteuse  à force de brimades contrainte de faire profil bas, de surcroît. Pendant que l’agresseur qui agit en toute impunité, lui pérore avec "virilité : c’est que monsieur Abou Jawdé a justement pignon sur rue car cette médiocrité est loin d’être l’apanage des défavorisés. Il est avocat et président de conseil municipal. 

Le hasard fait bien les choses parfois : un mal pour un bien ! En craquant ainsi dans la rue faisant preuve de son inconditionnel abus de pouvoir, le bourreau a enfin perdu tous ces privilèges que lui garantissait le secret du privé.  La vidéo de cette calamité a fait un buzz. Le ministère de la justice a promis de sortir de sa léthargie…

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Le cheikh islamiste Hani Al Sibaï remis à sa place par Rima Karaké

 

 

Sous le coup d’une condamnation à mort pour présumée collaboration avec le Jihad islamique, le cheikh Hani Al Sibaï avocat de formation avait quitté son Egypte natale dans les années 80 pour s’exiler à Londres à la faveur d’un statut de réfugié politique. C’est depuis cette capitale que, dans le cadre d’une émission télévisée diffusée par la chaîne Al Jadeed, le cheikh répondait récemment à Rima Karaké, une journaliste libanaise. 

Le flegme britannique n’ayant manifestement pas réussi à déteindre sur lui, le juriste est sorti de ses gonds quand la journaliste a osé lui couper la parole pour lui demander de limiter son propos au coeur du sujet, sans doute pour ne pas déborder du créneau horaire imparti. Un camouflet qui a valu à la malheureuse une belle remontée de bretelles de la part de son invité de marque…. Elle met fin à l’émission sur un coup de tête acculant le spectateur à une disette télévisée. (Vidéo ci-dessous)

La question à la source de cette fameuse pomme de discorde se rapportait à l’embrigadement des chrétiens par les jihadistes. Plutôt que de répondre du tac au tac comme aurait aimé l’animatrice, le cheikh pointilleux s’est lancé dans une sorte de décryptage :-"il s’agit là de la résurgence d’un phénomène dont les origines remonteraient aux années 70 qui coïncident avec l’apogée des mouvements révolutionnaires d’extrême gauche que sont la Brigade Rouge, le groupe Baader-Meinhof"…On n’en saura pas plus car agacée, Rima lui coupe net la parole :-"parlez-nous plutôt des méthodes contemporaines auxquelles ont recours les jihadistes pour conquérir ce public !"

-" Mais ce n’est pas à vous de me dicter le plan de ma réflexion; sachez que je ne suis pas là pour obéir à vos injonctions !!" Offusquée, Rima lui rappelle les règles, les impératifs, de son émission dont les manettes n’appartiennent qu’à elle et à personne d’autre et ce pour son bon déroulement. Blablabla. Monsieur revient à la charge l’accusant de vouloir se faire remarquer par ce petit moyen : "que vous décidiez ou pas du cours de votre émission ne m’intéresse pas mais comprenez que lorsque  je tiens à articuler mon propos sur des références ce n’est que  dans l’intérêt du téléspectateur !" Répondez à ma question, s’écria-t-elle ! –"Taisez-vous donc pour que je puisse enfin m’exprimer !" C’est inacceptable rétorque t-elle interloquée : -"j’estime que l’émission n’a pas lieu d’être quand le respect entre nous n’est pas mutuel".  

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes où le combat contre les clichés tient un rôle important, cette dramatique interview trouve toute sa place.

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La matinale de France Inter à Beyrouth

 

 

Heureusement que Walid Chirara, Marwan Hamadé, étaient tous deux présents au 7/9 de France Inter d’hier pour nous fournir des renseignements dignes d’intérêt sur la politique libanaise à travers leurs analyses contradictoires. Si l’auditeur devait compter sur  la seule journaliste locale, May Chidiac, il serait probablement resté sur sa faim ne trouvant dans ses propos rien de consistant à se mettre sous la dent.  

Quand Patrick Cohen qui à deux reprises s’est emmêlé les pinceaux lui a demandé son avis sur l’état actuel des tensions communautaires, May n’a pas trouvé mieux pour nous éclairer que de remonter à la période de quand elle était pas petite mais "toute petite" chez les soeurs de Ste Famille de Gemayzé : âge d’or du pays que cette époque où elle ignorait jusqu’à l’existence du sunnisme et du chiisme et pour cause : "ghachyénin" comme moutons de Panurge, on avait pour culture en ce temps là un ramassis de stéréotypes dont nombreux n’ont toujours pas su se défaire, sans doute par manque de remise en question. L’état des lieux de l’enseignement, l’état des lieux des normes,  bien loin d’être d’une grande exemplarité, les formations scolaires en pâtissaient cruellement d’où cet état de fait. 

Mme Chidiac semble en être une illustration ; elle s’est aussi fendue d’une diatribe contre les entorses faites au concept de laïcité en France au profit exclusif d’une certaine communauté chère à l’auteur du suicide français. Ces plus zemmouriens que zemmour qui essaiment sont sans doute à l’origine du galvaudage du mot "libanisation"que semblent particulièrement affectionner les tenants de la thèse du non vivre ensemble. Si par ailleurs l’aversion que porte May Chidiac pour le Hezbollah est une chose tout à fait compréhensible, son discours à sa charge quant à lui, ne peut convaincre car ne reposant sur aucun argument. Un peu comme le titre de docteur dont elle a tenu, au cours de cette matinale, à affubler son mentor Samir Geagea, lequel n’a connu qu’un passage express à la faculté de médecine. 

Il faut dire que dans cette ancienne "Suisse du Moyen-Orient" qui recèle de quelques talents redevables à l’Occident, chacun ou presque croit par transitivité avoir la science infuse…Il suffit donc selon cette logique locale de bassiner son prochain d’affirmations  mêmes infondées, en les partageant parfois via tous les outils mis à disposition, pour qu’elles adviennent ! C’est ainsi qu’on voit fleurir sur facebook des CV imaginaires quand on n’est pas condamnés à écouter en direct des affabulations énoncées avec aplomb. 

La matinale ne s’est heureusement pas limitée à ces échanges. Entre autres, partisan et détracteur du Hezbollah ont apporté leur contribution au débat, (vidéo). La capacité de résilience des Libanais dont a parlé Tammam Salam me semble avoir dépassé un certain seuil pour s’apparenter à ce qui relève du défaut…

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Tensions entre Israël et le Hezbollah

Le raid israélien du 18 janvier dans la province de Kuneitra, haut lieu stratégique du Golan syrien, avait fait dans l’indifférence presque générale de nombreuses victimes dans les rangs du Hezbollah parmi lesquels Jihad, fils de Imad Moghniyeh ainsi qu’un général iranien. La provocation, éternelle constante du mode opératoire israélien  s’est avérée encore une fois fructueuse puisque la réaction ne s’est pas faite attendre plus de 10 jours : un convoi militaire israélien dans la zone frontalière occupée des fermes de Chebaa a été pris pour cible hier par le Hezbollah depuis le Liban. Contre représailles israéliennes du tac au tac : des villages du sud  où sont postées les Forces de la Finul et de l’armée libanaise  ont été le théâtre de bombardements intensifs, "légitime défense" obligeant ! 

Loin de faire l’unanimité, la riposte hezbollahie suscite incompréhension et colère à l’heure où le pays, enclin à la politique de la chaise vide, a bien d’autres priorités à traiter. L’absence de réaction à l’agression de Kuneitra, synonyme d’aveu de faiblesse, a sans doute poussé  le Hezbollah à courir le risque d’entraîner le Liban dans une réédition du 12 juillet 2006 avec possibilité de se brûler les ailes alors qu’il est engagé sur plus d’un front. 

Une aubaine inespérée que ce scénario pour un Netanyahou désireux de se refaire une santé à l’approche du scrutin législatif, comme le soulignent certains observateurs. Confronté au slogan de campagne, "tout sauf Bibi", l’intéressé fait des pieds et des mains pour demeurer aux manettes : les démolitions palestiniennes en Cisjordanie battent leur plein, Bibi en tête de la marche républicaine, Bibi rebooste l’Alyah, Bibi prochainement au Congrès américain; Bibi l’infatigable toujours à l’affût pour faire feu de tout bois ! Tout d’une stratégie de réélection "stratosphérique" et rien d’une quête de réconciliation… 

Après ces sanglantes démonstrations de force, reste à savoir si ces ennemis échaudés, partisans de la politique de Gribouille, se jetteront encore une fois au "feu" en guise de solution? Suite à la vague sans précédent du "je suis Charlie", le pire reste à craindre puisque les théories conspirationnistes se démultipliant, elles ne sont plus l’apanage de certains. Nombreux jurent leurs grands dieux que les "islamistes", (mot fourre tout), incapables pour la plupart d’entre eux de nous fabriquer un clou, sont devenus le temps d’une nuit à son aurore le péril du siècle. C’est dire si Israël n’est pas seul en danger au milieu d’un havre de paix…Netanyahu a menacé le Hezbollah de lui faire payer cher sa riposte. Le Liban se tourne vers le Conseil de sécurité de l’ONU.