Il n’est pas évident d’aborder le sujet du suicide des jeunes. Pourtant, quand on travaille pour cette population en particulier, on y est toujours confronté à un moment ou un autre, d’une façon ou d’une autre.

Selon l’INPES, il y aurait 60 000 tentatives de suicide chez les jeunes par an, dont 600 à 800 décès, sur 150 000 tentatives enregistrées en France.

Ce chiffre me fait frémir….

A la suite de ces TS (abréviation utilisée), 1 jeune sur 5 seulement est hospitalisé, et 30 % ne voient pas de psychologue pendant leur hospitalisation.

Ce chiffre aussi me fait réagir… une TS n’est telle pas la preuve d’un mal-être psychologique ???

Justement, l’INPES a relevé que le mal-être de ces jeunes serait dû selon les jeunes eux-même à une vie familiale tendue pour 61%, à un desinteret de leurs parents pour 50 %. On peut noter aussi que 30 % de ces jeunes ont fait une fugue dans l’année précédant leur passage à l’acte.

 

Enfin, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15/24 ans après les accidents de la circulation. (et première cause de mortalité chez les hommes de 25 à 34 ans).

 

Après ces chiffres, il y a le concret de ces situations de jeunes en si grande souffrance

Nous, professionnels dont une des missions est l’épanouissement des enfants et adolescents, recevons ces jeunes. On les écoute, les soutient, les aide à trouver la voie pour un mieux-être, on les oriente vers des soins spécialisés, mais parfois, malgré tout l’encadrement, on ne peut empêcher le passage à l’acte, malheureusement.

 

J’ai vu beaucoup de TS, j’ai travaillé avec beaucoup de jeunes et familles dont l’enfant à un moment donné à fait ce geste pour tirer la sonnette d’alarme, pour qu’on s’occupe de lui, pour qu’on voit qu’il existe….. risquer sa vie pour VIVRE….

Souvent ces jeunes n’ont pas un réel désir de mort. C’est un geste désespéré.

 

J’ai eu malheureusement à vivre le décès d’un jeune que j’avais pu suivre à un moment donné. Je dois dire que jamais de toute ma vie je n’oublierai son nom, sa situation…. Vivre ce genre de situation est très difficile personnellement et professionnellement, car aussitôt, des « et si j’avais fait ça », « et si j’avais dit ça », nous harcèlent… On ne peut s’empêcher de culpabiliser tant la mort d’un jeune est regrettable et atroce.

 

L’adolescence n’est pas une période facile pour les enfants :  la sortie du monde de l’enfance, l’entrée progressive dans celui des adultes…. Période cruciale des transformations physiques, de la maturation psychologique, des choix d’orientation professionnelle, des premières histoires amoureuses…. Tout ça en même tant dans un esprit qui bouillonne déjà de par des envies de libertés…

 

Anorexie, boulimie, scarification, fugue, grossesse précoce, IVG, TS, tout cela est notre quotidien.

Et tout ces maux sont étroitement liés, de par un mal de vivre parfois inexplicable ou parfois compréhensible;  parfois passager mais parfois si intolérable que l’issue ne peut en être que fatale.