La crise de la dette  est entrain d’entrainer l’économie mondiale  dans une décadence sans précédent avec un ralentissement  des échanges commerciaux ,moteur du développement, qui va s’accentuer de plus en plus durant cette décennie. Toutes les "armes" monétaires sont aujourd’hui à utiliser pour rester compétitifs dans une économie mondialisée où les échanges commerciaux deviennent de plus en plus protectionnistes.

 Toutes les grandes économies s’affrontent à  coups de dévaluations  compétitives pour redynamiser leur économie.  La zone CFA , avec sa situation économique déjà désastreusement plombée par une décennie de crise Ivoirienne ,devrait négocier avec ses partenaires(Banque Centrale Européenne et Banque de France) à un système pouvant aboutir  sur une parité flottante entre le CFA et l’EURO et pouvant mener à la mise  en place de politiques de dévaluations progressives  sur plusieurs années (dévaluer en moyenne 5 à 10% par année). Nous pourrons par ce processus aboutir à une monnaie faible et compétitive dans les 10 prochaines années  sans plonger notre économie dans une  récession et une inflation démesurée comme fut  la conséquence de la dévaluation brutale (de plus 50%) de 1994.

Contrairement  à ce qu’on peut penser, la dévaluation d’une monnaie peut être un levier considérable pour l’économie d’un pays, si les fondamentaux de son économie l’exigent. L’Espagne avait  dévalué régulièrement sa peseta dans les années 70/80  pendant plusieurs années pour se hisser dans le TOP 10 des puissances économiques.

La Chine est en train d’aspirer des milliards de dollars des Etats-Unis et du monde entier en laissant sa devise sous-évaluée.  La Reserve Fédérale  Américaine (La FED) depuis quelques années a déversé d’énormes liquidités  avec ses politiques dites de « Quantitative Easing » permettant de maintenir le dollar à un niveau faible et de supporter les exportations Américaines.

L’Afrique et la  Zone CFA en particulier, avec ou sans la crise, pour devenir compétitifs dans cette mondialisation,  pourraient  dévaluer PROGRESSIVEMENT, et sur les dix prochaines  années, leurs monnaies pour plusieurs raisons :

Attirer les capitaux et les délocalisations occidentales

La mondialisation est en train d’obliger les industries européennes et Américaines à délocaliser leur centre de production. L’Afrique, (le Sénégal en exemple) peut devenir imbattable, de par sa position géographique, l’abondance  de sa main d’œuvre, combiné avec un peu plus de stabilité politique.

Avec un CFA plus bas et de savoir que sur les prochaines années il le  sera davantage, les investisseurs étrangers s’installeront dans le pays et s’endetteront avec plaisir en CFA. Leur crédit local perdra en valeur (par rapport à leur devise étrangère de base) chaque année de même que la masse salariale qu’ils doivent verser à leurs employés.

Des usines entières pourront débarquer dans le pays, relançant fortement l’emploi dans tous les secteurs.

 

Dynamiser la production industrielle  et les exportations

Il est de plus en plus devenu difficile de rester compétitif à l’export, que ce soit dans le textile, l’agroalimentaire, l’agriculture ou même la pêche. Pour pouvoir investir dans la qualité, il faut de la visibilité sur au moins plusieurs années ( 5ans minimum). Annonçons que nous allons dévaluer progressivement sur plusieurs années le CFA et nos exportateurs investiront dans leur outil de production sans hésiter.

Limiter les importations

C’est d’une  absurdité aberrante que des  pays comme le notre plongent dans l’engrenage de la consommation des produits importés alors que le fossé entre les riches et les pauvres s’approfondit de plus en plus.

Avons-nous réellement besoin de toutes ces marques et franchises alors que la plupart des besoins vitaux de nos enfants (enseignement, soins, nourriture, logement) sont encore chancelants ?

 Dévaluer le CFA nous fera produire davantage sur place  de matières premières, produits finis et semi-finis  et de nous pousser à prendre conscience que notre salut  se trouve  dans : Produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons !

 Un processus qui haussera le niveau social et économique de la population défavorisée avec un rythme beaucoup plus rapide  qu’il ne baissera la richesse des nantis.

Freiner les sorties illégales de devises

Un sujet souvent tabou et rarement traité de manière publique. Et pourtant, il s’agit d’un point crucial dans le développement d’un pays. Il n’est plus un secret pour personne de cette corruption alarmante qui s’est s’installée au cœur de nos républiques, de l’enrichissement illicite de nos dirigeants politiques avec des détournements massifs des deniers publiques. Des sommes colossales de CFA se retrouvent dans des filières informelles pour être converties  en devise étrangère et placées dans des paradis fiscaux. Les capitaux détournés et placés dans les paradis fiscaux seraient supérieurs aux montants de la dette extérieure. C’est une triste réalité qu’une dévaluation ne  saura arrêter, mais ceux qui voudront sortir des CFA auront de moins en moins de devises, et cette simple règle du marché jouera son rôle de « régulateur moral et patriotique ». Ces corrompus ne craignant pas la loi,  il faut les toucher là où il fait mal : La valeur de leur portefeuille exporté.

Encourager nos « immigrés » à investir davantage dans le pays

Un immigré Sénégalais  en Europe ou aux US qui comprendra que ses économies en euros/dollars valent de plus en plus de CFA pensera de plus en plus  à acheter de la pierre ou à investir d’avantage  dans son pays. Le rapatriement des devises de nos compatriotes travailleurs à l’étranger gonflera d’années en années. C’est une loi d’Airain  du marché de change.

Une embellie pour le tourisme

Un  CFA de plus en plus faible  augmentera le pouvoir d’achat des touristes. Et les tour-operators (dont la majorité négocie son contrat en CFA) auront beaucoup plus de facilité à vendre la destination « Sénégal » par exemple.

 Tous ces points évoqués  ne peuvent présenter comme avantages d’une politique monétaire accommodante  que  si celle-ci est accompagnée  d’une politique budgétaire rigoureuse et d’une d’aide accrue au monde rural et aux entreprises pour  faire face aux inéluctables inconvénients d’une dévaluation :

L’explosion de la facture énergétique, le remboursement de la dette extérieure

Nos importations de pétrole vont subir un  coup, la facture énergétique pourrait devenir insupportable par nos PMEs et les consommateurs. De plus, le poids de la facture pétrolière dans les importations va s’alourdir structurellement, D’autre part, parmi les dépenses en devises, il faut compter le remboursement de la dette extérieure.

Ces problèmes pourront trouver solutions dans des politiques de  protection et de couverture à travers les marchés financiers.L’Afrique et le Sénégal en particulier regorgent d’imminents talents et de compétences en ingénierie financière éparpillés dans les quatre coins du globe. Il faudra  attirer et valoriser ces compétences spécialistes des couvertures sur les marchés à terme qui pourront nous aider à nous protéger contre les mouvements des matières premières et des devises, de maîtriser les aléas des marchés internationaux, permettant ainsi une dévaluation  avec une gestion sous contrôle des inéluctables inconvénients liés à ce type de décision. 

En conclusion La Zone CFA  peut envisager de dévaluer progressivement sa monnaie. Cette arme est de bonne guerre par ces temps modernes. Elle encourage la production nationale et donc la consommation de produits locaux  tout en aidant à mieux exporter.