Une heure et cinquante minutes d’évasion, et de sensations, ça ne se refuse pas. Voilà qui est dit. Mais inutile cependant, de s’éparpiller en bavardages. Le mieux, c’est d’aller voir…

Le film « Renoir », de Gilles Bourdos, est un cadeau qu’on déballe avec délicatesse et qu’on pose là, pour l’avoir toujours sous les yeux…

1915. Auguste Renoir (Michel Bouquet, touchant et époustouflant) est un vieil homme ravagé par la perte de son épouse, des rhumatismes qui boursouflent ses mains, et une guerre qui fait des siennes. Son fils Jean (Vincent Rottiers, parfait) est blessé. Une jeune fille, Andrée (Christa Teret, éblouissante et lumineuse aussi dans « L’homme qui rit ») va surgir dans la vie du peintre et bouleverser son quotidien. Elle sera son dernier modèle. Jean revient, convalescent, et sera fasciné par ce feu-follet qu’est la rousse Andrée Heuschling. La jeune fille, après avoir ressusciter le père, va faire du fils, un apprenti cinéaste…

Ce film est une peinture, et chaque scène est un tableau. Les femmes sont omniprésentes, les jupes provençales toute en couleurs s’envolent dans le mistral, au bord d’une eau claire. Les ombrelles écarlates et les chapeaux de paille suivent le mouvement. Les paysages méditerranéens sont idylliques. Les mains difformes de Renoir font l’objet de gros plans bouleversants. Mais Auguste peint, tant qu’il le peut, et parce qu’il est amoureux de la beauté. Il peint les fleurs, il peint la nudité, et la rondeur des femmes, pour oublier la guerre et les gueules cassées. On entre dans la lumière, on est contemplatif et on s’abandonne à une chair de poule bien agréable. C’est sûr, des arrêts sur image seraient d’exactes copies des toiles de Renoir.

Les dialogues et les répliques ? Ils sonnent juste et vrai, puisqu’ils sont véridiques, sortis tout droit du livre « Ecrits et entretiens du peintre » d’Augustin De Butler.

On espère une « suite ». Qui nous montrerait un autre Renoir : Jean, de ses premiers échecs dans le cinéma, jusqu’à ses succès à Hollywood. Andrée Heuschling se serait muée en Catherine Hessling…

Dans le film, Renoir nous dit : « Ma peinture ne s’explique pas, elle se regarde ».