Voilà plus de 15 ans que les populations de l’Est de la République Démocratique du Congo vivent un calvaire indescriptible. Pris entre le piège de nombreux mouvements armés soutenus par les pays voisins, cette partie de l’ex-Zaïre n’a plus jamais connu de calme depuis plusieurs années.

 

En effet, depuis 1994, au lendemain de la victoire des Tutsis de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) de  Paul Kagamé sur les Forces Armées Rwandaises (FAR) du pouvoir hutu installé à Kigali depuis l’indépendance, le conflit s’est déporté en République Démocratique du Congo, et principalement dans les  deux Kivu (Nord et Sud) qui ont respectivement pour chefs lieu Goma et Bukavu . 

 

Une région immensément riche en ressources minières. C’est ainsi que ces mouvements rebelles verront en ces hautes terres de la crête Congo-Nil une terre très fertile pour se faire du « fric ». Aussi, les pays limitrophes, moins nantis en ressources naturelles et très fragiles économiquement,  sauteront eux-aussi sur l’occasion, et armeront de nombreux mouvements armés dans la localité,  pour piller les nombreuses richesses que regorge cette partie du pays.  Tout ceci, face à un pouvoir central congolais somnolent et fragilisé par de longues années de dictature du maréchal  Mobutu.

 

C’est ainsi que toutes les tentatives de résolution du conflit seront  vouées à l’échec. Toute chose  qui pousserait la communauté internationale à se saisir du problème. L’Onu y enverra une mission militaire qui malheureusement elle-aussi ne parviendra pas à faire revenir la paix au Kivu. En un peu plus de dix années passées sur place, la Monuc et tout récemment la Monusco, n’a pratiquement rien fait de concret sur le terrain, au grand dam d’une pauvre population terrorisé et désespérée…

 

Après une courte période d’accalmie de quelques mois seulement, les combats ont encore éclaté cette semaine dans le nord Kivu entre les forces loyalistes et La rébellion du M23. Et au jour d’aujourd’hui, la ville de Goma est tombée aux mains du M23.

 

Cependant, tout en reconnaissant que la prise de Goma constitue un très grand échec pour les FARDC et la force de l’Onu, il convient de remarquer que cet « échec » peut constituer pour le président Kabila en quête de légitimité sur le plan interne et même international une aubaine. Lui, qui pourra profiter de cette crise pour se forger une certaine popularité auprès de sa population ; surtout dans un contexte où l’on pense que cette bataille du M23 n’est qu’une agression masquée du Rwanda voisin. Monsieur Kabila pourra donc s’ériger en bon patriote, en invitant ses compatriotes à taire leurs divergences d’opinions, dans un contexte où leur pays est agressé par un pays étranger. Aussi, la communauté internationale se trouvera obligé de coopérer avec lui, afin qu’une solution soit trouvée, pour mettre fin aux souffrances des populations.