Le journalisme est une passion. Etre journaliste, ce n’est pas seulement une profession, c’est une façon de vivre. On ne revêt pas un uniforme comme pour aller à l’usine ou pour aller trader, spéculer des fonds qui viennent et qui s’en vont. L’outil du reporter c’est sa capacité à reproduire par écrit ou par photo la réalité des choses. Les faits historiques sont alors immortalisés à jamais par le prisme d’un papier ou d’un cliché. Il suffit de le lire, ou de le regarder, pour qu’une vérité, la plus objective possible, puisse revivre. Les journalistes sont les historiens du présent. Un métier noble mais qui, depuis quelques jours, est tombé de haut. Avec la « crise » du tweet, on assiste à ce que l’actualité peut faire de plus détestable.



Je suis fortement déçu par ce battage politico-médiatique. Il y a tellement de choses beaucoup plus importantes dans le monde que ce petit message écrit par la prémière dame de France. Les journaux ne titrent que dessus, le tweet de Valérie Trierweiler s’accapare les unes et relègue au second, voire au troisième plan, les faits récents en Syrie, les mesures prises par l’Italie pour limiter la fraude fiscale, les élections grecques qui pourraient leur couter leur place au sein de la zone euro, le lancement en orbite de nouveaux taikonautes par Pékin dont une femme, officier de l’armée de l’air, ou bien encore, la résurgence de Dallas, la fameuse série morte en 1991, revenant d’entre les les morts, teintée de modernité.



Qui aurait cru qu’en apportant son soutien au candidat de gauche, dissident du Parti Socialiste, Olivier Falorni, la compagne de François Hollande, allait susciter une telle polémique. Ou bien a-t-elle fait exprès pour faire mousser l’affaire, pour signaler au monde entier, à tous ses « followers », son animosité prononcée envers l’ex de son concubin ? La question reste de mise, surtout qu’il est surprenant d’imaginer une journaliste, rôdée au principe du buzz, travaillant à Paris Match, une femme intelligente, ne sachant pas ce qu’elle fait quand elle lance sur les ondes, son avis personnel concernant le second tour des élections législatives dans la 1èrecirconscriptionde La Rochelle.



Cette appréciation privée a retenti comme un tacle pour l’ancienne femme de François Hollande, Ségolène Royale. On a entendu tout et n’importe quoi là dessus, des émissions entières ont été consacrée à ce billet d’humeur, des politologues ont pris de leur temps pour tenter de savoir quel pourrait être les conséquences pour le Président de la République. Si on pratique notre raison, il est facilement compréhensible que Valérie Trierweiler garde une certaine rancune envers la candidate déçue de 2007. Après tout, n’ont elles pas, toutes les deux, marquées la vie de François Hollande, l’une dans le passé, l’autre dans le présent ? 



Avec cette affaire, qui n’en est pas une, on est amené à se poser la question, où se trouve la limite entre la sphère privée et celle publique ? Comment définir ce qui relève de l’appréciation subjective et ce qui ressort de l’attitude publique qu’il est nécessaire d’avoir pour s’accomoder des apparences uniformes quand on est une personnalité notable.



En cette fin de semaine, une autre importure médiatique a levé le voile sur la personnalité de Nadine Morano. Un canular radiophonique de Gérald Dahan, d’une grande efficacité, prouvant qu’à l’UMP, certains nient le « ni ni », s’ils ne tenaient qu’à eux d’agir selon leur guise. En se faisant passer pour Louis Alliot, membre iminent du Front National, proche de Marine Le Pen, il a réussi à faire dire à Mme.Morano qu’elle était « admiratrice » du travail et partageait plusieurs idées de société proposées par la présidente frontiste. Au cours de la conversation, on a l’impression qu’elle se met en dehors de la division bipartite du paysage politique, renforçant davantage son virage extremiste.



Le choix de ce qui fait l’actualité n’est pas impartial ! Il y a des sujets que l’on omet car ils ne sont pas « vendeurs ». On prefère l’étalage de bisbilles sentimentales, des scènes de ménages par missives électroniques interposées, des choses croustillantes à lire, qui ne font pas réfléchir, comme si la politique était une sorte de Secret Story. Pourtant, il me semble que, de parler du fond nationaliste, voire raciste, d’une candidate UMP, est tout de même d’une plus grande profondeur. Car si elle, elle est prête à négocier avec des « gens » classés personna non grata par le chef, François Fillon, quant est-il des autres prétendants de la droite républicaine ?