Intouchables, tel est le terme à la mode en ces derniers temps. Il est sur toutes les lèvres, à la machine à café, dans la rue, à la télévision, il s’est généralisé. Ce qui l’a propulsé dans le hitparade des mots les plus utilisés c’est bien entendu le film avec Omar Sy et François Cluzet. Plus de 18 millions de personnes attirées par un nom qui pourtant suscite tout le contraire.
A l’origine, plus de 3500 ans dans le passé, il y avait un peuple qui logeait sur les territoires de l’Inde actuelle, c’était les Dravidiens. Un jour, des envahisseurs firent leur apparition et défirent les Dravidiens. Ces derniers n’eurent aucun choix que de se soumettre pour ne pas se démettre. A l’instar du village d’Astérix, une minorité refusa d’obéir aux lois du dominant. Par cette attitude, ils se mirent en dehors de la société et une mauvaise image leur fut accolée. Les années ont passé et ainsi naquirent les Intouchables.
Plus concrètement, il s’agit d’un groupe de la société indienne dont je souhaite faire un bref portrait pour que l’on ait en tête quelques renseignements sur cette frange souvent trop rejetée. Les Intouchables, comme ils se nomment, portent deux appellations traditionnelles, d’un côté " dalit", signifiant "opprimé", un mot qu’ils approuvent haut et fort car reflétant leur condition au quotidien et de l’autre "harijan", signifiant "enfants de dieu", une dénomination assez trompeuse mais honorifique.
En effet, les Intouchables sont ostracisés, ils n’appartiennent pas au système des castes et n’ont donc aucune possibilité d’ascension sociale. Cette hiérarchisation de la société est pourtant interdite depuis l’instauration de la constitution en 1947 mais dans les faits, la stigmatisation est toujours à l’oeuvre.
Les "dalits" sont sujets de discrimination, ont des libertés limitées, il leur est interdit de partager le même four que les autres membres du village, ils n’ont pas le droits de partager de repas avec des non Intouchables, ils résident en dehors, à l’écart, une forme de ghettoïsation. Les femmes du groupe sont généralement plus humiliées, violentées voire violées que les femmes n’appartenant pas au clan des Intouchables. Ils sont également sous le joug d’un couvre-feu et ne peuvent pas circuler de nuit. Les tâches dites indignes, comme celles de journaliers, de tanneurs ou encore toutes celles ayant un lien avec la mort, leur sont réservées.
Le gouvernement, tout en haut de l’Etat, pour se donner bonne conscience et pour qu’il n’y ait plus ce genre de rejet, débloque des fonds pour améliorer leur intégration dans la société. Cependant, l’argent transitant par différents pôles administratifs, n’arrive que très rarement toute en bas de l’échelle. Il ne faut pas oublier que l’Inde est un des états les plus corrompus au monde.
Comment se sortir d’une telle situation, d’une telle tare que l’on reçoit dès l’enfance et qui scelle toute une existence? Certains trouvent la solution dans la religion, ainsi, une majorité des Intouchables se tourne vers le bouddhisme et ses préceptes tandis qu’une minorité se convertit aux prêches du christianisme. Dans les textes officiels, ils sont égaux devant la loi mais dans la pratique, ils sont bafoués.
Décidés à faire entendre leur voix, nombreuses, plus de 170 millions d’individus, ils s’organisent en petits groupes politiques, des petites formations qui s’allient pour devenir plus grosses. Si grosses qu’il n’est pas rare de voir des hommes politiques "dalits" arrivés en tête des sondages.
Quand on est en bas, on ne peut que monter, des cas uniques où d’indésirables, ils sont devenus désirés. Citons, par exemple, M.Narayanan qui en 1997 est devenu le président de la république indienne. Certes le poste se cantonne à inaugurer des chrysanthèmes mais il constitue une remarquable avancée pour la cause des Intouchables.
Voilà, en quelques lignes, un court portrait de cette partie de la société indienne qui mérite d’être connue et reconnue. Le film mettant en œuvre des Intouchables de la vie de par leur « handicape » a séduit des millions de personnes, alors adoptons une conduite zen, faites brûler des encens et aimons nous les uns les autres aux bruits des sitars.
merci pour cet article où j’ai appris de nouvelles choses!