Inutile de rappeler des faits que nous connaissons tous. Concentrons nous plutôt sur leur analyse qui est nettement plus intéressante.

Une heure après les événements, notre bon roi nous parlait déjà d’attentat. Le terme est peut-être impropre : c’est une plutôt une opération commando destinée à éliminer des journalistes. Si on appelle ceci un attentat, alors toute opération visant à éliminer des gens l’est aussi… Toutefois, parler d’attentat est plus pratique si l’on veut immédiatement tourner l’attention du public vers les Islamistes.
Faisons tout de même cette concession de vocabulaire.

Remarquons que PERSONNE n’a pris la peine de se demander qui était à l’origine de cet attentat. La parole des terroristes laissée sur place suffit apparemment à en convaincre tout le monde. Tenter de faire accuser un tiers est pourtant une ruse connue des malfaiteurs. Attribuer cette attaque à un groupe Islamiste nécessiterait normalement une enquête.

Un mode opératoire surprenant
La courte vidéo mise à disposition du public fait état d’un commando bien entraîné, rien à voir avec le caid de bas niveau qui s’enrôle habituellement chez Al-Quaïda. Il ressemble bien davantage au commando sur-entraîné des forces spéciales.
Bien sûr, ils avaient des kalachnikov, ils ont crié "le prophète est vengé". Cela prouve une intention évidente de laisser entendre que les coupables sont extrémistes musulmans. Le sont-ils vraiment ? Rien n’est moins sûr. Un groupuscule terroriste d’extrême droite aurait tout intérêt à faire porter le chapeau aux barbus, une organisation liée à l’état aussi.

Charlie Hebdo était l’un des -trop- rares journaux à envergure nationale sur lesquels ni le grand capital ni l’état qui est à sa solde n’avait de contrôle direct. Je dis était car il me paraît possible, compte tenu de la perte de nombre de ses chroniqueurs et dessinateurs de talent, que l’avenir de Charlie ne soit compromis.
Actionnariat indépendant et aucun recours à la publicité. A ma connaissance, le canard enchaîné est le seul autre dans ce cas. Il reste donc deux éléments de la presse libre en France, deux éléments à abattre.
Cette qualité valait à Charlie un grand nombre d’ennemis.

Historiquement, l’extrême droite est coutumière des attentats et fait couramment porter le chapeau à ses adversaires, je vous citerais l’attentat du Reichtag, le plus célèbre d’entre eux. Divers éléments facistes ont fait l’objet de caricatures et nos chers skins heads auraient pu avoir envie de se venger.

Cet attentat intervient dans un contexte économique morose. La France est engagée dans une guerre contre un état fantôme au moyen orient, une guerre qui, à défaut d’être impopulaire, provoque le scepticisme de la population qui ne voit pas très bien l’intérêt de dépenser des milliards pour bombarder des écoles. Le peuple commençait en effet à comprendre que les seuls gagnants dans l’histoire serait les industriels qui s’en mettent plein les poches. Or, on attend des grouillots qu’ils se passionnent pour la guerre, qu’ils suivent les nouvelles du front, qu’ils se félicitent des victoires de notre glorieuse armée. Mais la guerre ne les amuse plus, ces combats lointains ne les concernaient pas. Dans ces conditions, ils risquaient de s’intéresser aux vrais problèmes : les lois Macron, la situation de l’économie et les licenciements.
Par ailleurs, le climat de peur instauré par l’état Sarkozyste était un peu retombé.
Malgré la présence d’un horrible réseau terroriste avec des cellules dormantes partout, aucun attentat ne s’était produit en France depuis 20 ans ! La menace terroriste était perçue à juste titre comme plus théorique qu’autre chose. Elle ne pouvait être instrumentalisé ni pour justifier des guerres, ni pour justifier des lois liberticides. Une population qui a peur est bien plus malléable.

Cet attentat tombe donc à pic.

Hasard du calendrier, nous dira-t-on, la SNCF a annoncé cet après-midi vers 16h, la suppression de 1000 postes. Une suppression qui a toutes les chances de passer inaperçue, les médias étant tous occupés à agiter le chiffon islamique. N’en doutons pas, le tapage médiatique qui va suivre permettra de faire passer en douce bien des choses.