Long time no see, l’interface de saisie de Come4News. Retour furtif, non pour vous signaler ce qu’annonce le titre, vous le savez déjà… 4 272 880 suffrages exprimés, et j’ai failli y ajouter une unité (mauvais temps, longues files d’attente, mésestimation du poids de François Fillon, m’ont dissuadé). En revanche, peut-être n’avez-vous pas déjà réalisé à quel point ce résultat s’est fait attendre. J’attends d’ailleurs aussi la réponse de la Haute Autorité d’organisation de ces primaires de la droite et du centre (cela ne fait que deux jours que j’ai demandé des explications sur ce formidable retard de la publication définitive du décompte). Mais l’essentiel n’est pas là… Je voudrais surtout vous sensibiliser à l’argument de François Fillon, tout droit repris de la bouche de Nicolas Sarkozy, selon lequel il serait le mieux à même d’éviter à la France un pouvoir élu d’extrême-droite…

Digression qui s’impose

Même après une très, très longue absence, je demeure l’un des auteurs les plus prolixes (bon, allez, verbeux convient mieux) de Come4News. Mais j’ai migré vers Blasting News. Non point pour la très, très modeste rémunération que concède ce site (sauf pour qui traite de pipeules et de télé-réalité), ni pour les facilités de son interface (on est bien mieux ici). Mais parce qu’ici, j’écrivais trop foutraque et qu’il fallait m’infliger de nouveau une certaine discipline (avec aussi carcan de limite des articles à  deux feuillets et demi). Cela ne saurait perdurer trop longtemps. Je salue aussi, au passage, les fondateurs de Come4News et toutes celles et ceux qui font vivre ce site. Fin de l’aparté amical.

Fillon, candidat de l’ultra-droite

Il ne vous a pas échappé que Marine Le Pen n’est guère ravie d’avoir un François Fillon pour adversaire. Il ne va pourtant pas la débarrasser du Siel et de la fachosphère qui soutient ardemment, mais provisoirement, François Fillon. Ce par haine et extrême détestation de… Ali Juppé, le collabo-gauchiste traître à la Patrie, saigneur de la Nation. Ce qui ne veut pas dire que les intéressés s’en réjouissent ou s’en félicitent. C’est à la fois un argument et un contre-argument pour l’un et l’autre. Je m’étonne d’ailleurs très fort qu’Abel Mestre et Caroline Monnot, du blogue-notes Droites extrêmes du site du Monde, ne se soient pas déjà penchés et documentés sur l’ampleur de ce phénomène. Car vaste et large, il l’est vraiment. Le mouvement Sens commun, issu de la Manif pour tous, n’est pas directement en cause. C’est bien l’ultra-droite, la fachosphère, qui est à la manœuvre. Et elle n’y va pas de main morte. Est-ce à dire qu’il faut faire confiance à François Fillon pour marginaliser davantage cette frange très minoritaire ou qu’il faut appuyer Alain Juppé qui ne la tolère pas davantage ? Cela peut se discuter au-delà du second tour… de l’élection présidentielle. C’est donc inutile et du ressort de l’examen de conscience de chacune et chacun. Il reste évident que, pour la gauche, le centre-gauche, et même le centre-droit, bien évidemment pour les écologistes, François Fillon est un adversaire presque plus idéal que Nicolas Sarkozy. Il suffit de se pencher vraiment sur son programme pour en convenir. Même les Illuminati ou le cercle Bilderberg n’en espéraient pas tant (une centrale nucléaire qui explose, c’est une formidable opportunité de reconstruction, de colossaux profits). Mais Alain Juppé reste un concurrent tout à fait convenable, compatible avec un centre-droit qui s’inquiète : pour faire des ventes, il faut de la demande, et le lent appauvrissement des classes moyennes permet d’envisager encore suffisamment de bénéfices, mais le risque de dérapage, de tarissement des ressources d’une trop large majorité de consommateurs laisse perplexe. Mais il serait hasardeux de porter un jugement moraliste sur François Fillon avant de vérifier, après qu’il l’ait possiblement emporté, les investitures qu’il consentira pour les législatives. Cela ne m’empêchera pas de me livrer à du Fillon bashing, salement, bêtement et méchamment, quitte à m’en mordre les doigts ultérieurement. Il est beaucoup plus facile d’écrire rosse que mesuré, et j’affronte toujours résolument la facilité (en m’y vautrant).

Pas à ce point-là…

Puisqu’il reste au moins deux-trois personnes à être parvenues jusqu’à cette ligne, souffrez que je vous alerte sur un autre phénomène concomitant. J’ai lu et relu le reportage du Washington Post sur ces blogueurs de Long Beach qui se font un max de flouze, des tonnes de pépètes, en diffusant de fausses informations outrepassant de très loin celles qu’utilisait Donald Trump. Je me suis stupidement complu à parodier leur prose… Le constat est accablant : j’accumule un tombereau de pages vues. Je me repens et me confesserais au directeur de conscience de François Fillon et on ne m’y reprendra… que très rarement. Mais si je voulais m’acheter les mêmes chaussettes que Balladur, les mêmes trois-pièces que François Fillon, et me faire inviter, comme Nigel Farage chez Donald Trump, j’ai compris : plutôt que de risquer la prison, je ne m’y prendrais pas autrement. Et il se trouvera bien un Bolloré pour me conférer la renommée d’un Zemmour. Eh oui, nous en sommes là. Vous, moi, nos gamins sans doute encore davantage. Et ce toujours plus est redoutable. Un Robert Ménard l’a bien compris. Faire du journalisme à la grand-papa ne rapporte plus guère, il a su se reconvertir, tous les espoirs lui sont permis, et comme disait Siné, « il ira loin ce petit ». La primaire de la droite a relégué Juppé très loin de Fillon et Sarkozy à Béziers. Voyez les résultats pour l’Hérault : Fillon frôle les 45 %, Nicolas Sarkozy suit et Alain Juppé se retrouve à presque trois points derrière ce dernier. On a voté utile, délaissant Jean-Frédéric Poisson. De quoi se conforter dans l’envie d’émigrer à Cadix, ville très pauvre votant très franchement à la gauche de la gauche (donc, les plus bas prix à la consommation et un taux très réduit de TVA à 4 %, l’intermédiaire à 10 comme en France). L’amontillado est excellent, les ortiguillas fritas très saines, les tortillitas de camarones goûteuses… Et on reprend du cazon en adobo (beignets au chien de mer). J’vous dis ça, j’vous dis rien (et n’en parlez surtout pas à quiconque, ne faites pas tourner, ne commentez pas « l’an prochain à Cadix, notre ville saine »). Sur ce… à vous retrouver.