Alors que Polanski est au centre de l’actualité pour des scandales sexuels, je reviens sur le film «Le Pianiste», Palme d’Or à Cannes. Ou l’histoire vraie d’un Robinson perdu dans la guerre. Seul un cinéaste ayant connu les ghettos juifs polonais pouvait si bien porter à l’écran cette histoire incroyable d’un virtuose qui se terre dans les ruines de Varsovie.
«C’est mon film le plus personnel», concédait le réalisateur Roman Polanski. Lui aussi, comme le héros du «Pianiste», a échappé aux nazis.
Polanski, Polonais né en France en 1933, retourne dans sa patrie d’origine avec ses parents, peu avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Pour son plus grand malheur, il y subit les bombardements et vit dans le ghetto de Cracovie duquel il réussit à s’échapper à… 8 ans. Mais avant cette fuite, il voit son père, escorté par des soldats allemands, l’ implorer des yeux : «Fiche le camp !» C’est pour cette raison, et bien d’autres tragiques, que Polanski, il y a quelques années, achète les droits du roman «Le Pianiste». Il l’adapte au grand écran et emporte, en 2002, la Palme d’Or à Cannes.
«Il s’agit des mémoires de Wladyslaw Szpilman, un pianiste polonais qui a vécu le ghetto de Varsovie et la destruction de la capitale», poursuit Polanski. «Ce livre, écrit juste après la guerre, a été publié en Pologne, mais le régime communiste l’a interdit. Dans cet ouvrage, il y a de mauvais et de bons Polonais, tout comme de mauvais et de bons Juifs, de mauvais et de bons Allemands. En 1998, le fils de Szpilman a découvert ce texte et l’a fait publier. Il n’en avait jamais discuté avec son père. On ne revenait pas sur ça. Pendant très longtemps, moi aussi, j’ai peu évoqué cette période.»
L’isolement absolu pour survivre L’histoire de Wladyslaw Szpilman, nouvellement publiée, connaît ainsi un succès international. Szpilman, surnommé après guerre le «Robinson Crusoé de Varsovie», lutte pour surnager dans une mer de violence. Alors que sa famille juive est décimée, il se tapit dans des trous à rats trouvant parfois un vieux bout de pain et s’abreuvant d’une eau noirâtre. Seul, il traverse les années de guerre. «L’isolement absolu était la condition de ma survie», écrit-il. Lorsque les Allemands abandonnent Varsovie en janvier 1945, il ne reste qu’une vingtaine de Juifs pour un demi-million auparavant. Dans ce déchaînement, Wladyslaw trouve pourtant un allié inattendu : un officier nazi mélomane. Ironie cruelle, cet Allemand,Wilm Hosenfeld, décédera à la fin de la guerre dans un camp soviétique. Quant à Szpilman, il s’éteint en juillet 2000, à l’âge de 88 ans, après une belle carrière de compositeur et de concertiste. Ce virtuose décède au moment où Roman Polanski débute, à Cannes, le montage financier du «Pianiste».Quelques mois plus tard, le réalisateur franco-polonais entre prend un important casting : «Concernant l’acteur devant interpréter Wladyslaw, je n’ai jamais cherché la ressemblance physique. Je voulais un comédien qui puisse se glisser dans la peau du personnage tel que je l’avais imaginé en travaillant sur le scénario. Il était important que ce soit quelqu’un de peu connu. Le film étant tourné en anglais, il nous fallait un acteur qui parle la langue. Nous avons organisé un casting à Londres. À notre surprise, 1.400 candidats se sont présentés, et parmi eux des femmes, quelques Chinois, des Noirs…» C’est finalement l’acteur américain Adrien Brody qui campe brillamment ce pianiste taciturne, mais à la force de vivre hors du commun.
Tres beau film en effet, merci de rappeler sa contribution exceptionnelle au 7e art