Des élections, encore des élections et toujours des élections… A peine sortis du scrutin fédéral et de l’engouement de la campagne présidentielle américaine, les québécois se voient replongés dans un nouveau feuilleton à saveur provinciale. Une partouse à trois, que seul Jean Charest semble désirer (Ah le coquin!) et à laquelle l’opposition se prête à contrecœur.

 

Le premier ministre Charest s’est montré beaucoup plus rapide à déclencher des élections (qui coûteront près de 82,9 millions $) qu’à révéler les états financiers du Québec. Finalement ce vendredi, sortant de son sommeil, il s’est décidé à le faire. C’est avec son habileté aux artifices comptables, que la ministre des finances, Monique-Jérôme Forget, avait annoncé un surplus de 1,65 milliard $, pour l’exercice financier 2007-2008. Pourtant, en tenant compte de la nouvelle loi L.R.Q. c. E-12.00001, sur l’équilibre budgétaire, il semble y avoir anguille sous roche. Puisqu’en vertu de cette loi, le Québec aurait en fait un déficit de près de 6 milliards $.

 


Le vérificateur général, Renaud Lachanche, avare de commentaires, a admis que le compte rendu de Forget donne « une image fidèle de la situation financière du Québec ». Mais, il n’en demeure pas moins que son rapport, qui sera rendu public la semaine prochaine, risque de révéler des anomalies. Tout comme ce fut le cas en décembre 2005, alors qu’il avait mis en garde le gouvernement Charest contre «l’illusion» d’un équilibre budgétaire , totalement artificiel.

 

Jouant à la mère Noël, un mois à l’avance, Monique-Jérôme Forget s’est targuée d’offrir une nouvelle indexation au régime d’imposition pour 4,3 millions de ménages. Totalisant 136 M$ de plus dans leurs poches. Dans les faits, cela ne représente tout au plus, que 31 $ par ménage. Vraiment pas de quoi s’exciter. En outre, dès l’an prochain, le régime de péréquation établit par Ottawa sera recalculé. Résultat : le Québec recevra moins d’argent du fédéral, au profit de l’Ontario.  «On ne connaît pas la nouvelle formule. Nos fonctionnaires vont travailler pour trouver la formule, question de mieux comprendre.» De déclarer la chancelière de l’échiquier, l’air hébétée, suite à cette nouvelle. Il est donc à parier que lorsqu’elle découvrira la «formule » toutes ses promesses d’alléger le régime d’imposition des contribuables sera plutôt revu à la baisse.

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Et pendant ce temps, du côté péquiste, où les rêves et autre chimères indépendantistes hantent toujours le parti, aucun plan concret ne semble sortir des cogitations des Marois et consorts. Les membres du parti sont trop occupés à refaire l’image de leur chef, Pauline Marois. Qui selon un rapport interne, aurait une attitude trop snob et condescendante envers la population. Est-ce vraiment une nouvelle? Les péquistes cherchent-ils déjà les causes de leur défaite prochaine? L’élaboration du post-mortem d’une élection décevante pour le PQ se rédige donc déjà à l’interne!

 

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Une fois de plus, les sondages prédisent le désastre du côté adéquiste. Les mêmes sondages qui prédisaient une défaite du parti conservateur aux élections fédérales. Mais les «underdogs» adéquistes ont déjà entendu cette chanson en 2007. L’expérience grisonnant maintenant sa coiffure, le chef adéquiste, mise sur la privatisation d’une partie d’Hydro-Québec; aux fins de paiement de la dette. Une telle mesure représenterait « 10 milliards $ de placements disponibles que les Québécois peuvent mettre dans leur portefeuille» soutient  Mario Dumont.

 

Il faut dire que la société d’état, dans sa situation de monopole, s’est amusée, ces dernières années à fixer des prix à sa guise. En scindant la compagnie en deux entités (Distribution/Production); la première, volontairement déficitaire, augmentant constamment ses tarifs . Si la vente d’actions d’Hydro-Québec peut apporter une régularisation par rapport aux prix du marché, le Québec ne pourra, tout de même pas, se priver de sa vache à lait.

 

Mais la bonne nouvelle, à cet égard, vient de Washington. Où le thème de l’énergie a pris une place centrale pour les américains. Le sénateur Obama s’étant engagé à «réduire ses dépendances énergétiques au pétrole au profit d’autres sources comme le nucléaire.» Quelqu’un pourrait-il lui suggérer aussi l’hydroélectricité ? A moins d’adopter une attitude ultra protectionniste, envers ses voisins, l’Amérique ne peut courir le risque d’ouvrir des centaines de centrales nucléaires, nécessitant une surveillance accrue contre de potentielles attaques terroristes. Exporter davantage de kilowatts-heure vers les USA, serait à mon sens, une excellente façon pour le Québec de remplir ses coffres, sans se départir de ses fleurons. En fin de comptes, si le tournant vert des démocrates à Washington, peut être salutaire à l’économie québécoise; j’entends déjà des dents grincer en Alberta. Comme quoi le bonheur des uns, fait le malheur des autres…