« Loi des racailles », « loi islamiste », « communautarisme délétère exacerbé », « bras de fer avec les voyous, les islamistes et les caïds », « intransigeance totale », « fermeté extrême », etc, Marine Le Pen n’y ait pas allée avec le dos de la cuillère lors de sa réaction officielle à la nouvelle nuit d’affrontements en raison parisienne. De là à y voir les fantômes du discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble faisant l’apologie de la « méthode Kärcher », il ni a qu’un pas. Mais qu’en est-il réellement? Qui ment à qui? La banlieue a-t-elle pris le pouvoir sur l’ordre National, et est-elle vraiment devenue l’ordre en France? Qui pour stopper cette montée de violence? Entre les paroles et les actes, le fossé est-il si grand? Qui change son fusil d’épaule au fil des prises de pouvoirs?

 

 

« La seule loi en France est la loi française, et non la loi islamiste ou la loi des racailles » tels sont les propos de la chef de file du Front National, au lendemain de nouvelles scènes de violences urbaines à Trappes, à la suite de la mise en garde à vue d’un homme ayant voulu étrangler un policier dans l’exercice de ses fonctions.

 

Une garde à vue pour tentative d’homicide volontaire sur une personne dépositaire de l’autorité, en réponse à la tentative de contrôle d’identité des agents de l’ordre. Jusque là, vous me direz que la mise en garde à vue était tout à fait légitime, et n’était que la résultante d’une stricte application de la loi pénale hexagonale. Certes, la loi est la loi, mais dans certaines banlieues, dans certaines villes de France, la loi n’est pas la même pour tous. En réponse à cette arrestation d’un jeune homme de 21 ans dans sa banlieue de Trappes, ce sont des dizaines d’amis qui sont venus lui prêter main forte la nuit tombée pour obtenir « réparation ». Caillassages, insultes, violences, arrivée massive de fonctionnaires de police des quatre coins de Paris pour rétablir l’ordre, bref, scène presque « habituelle » à la « Une » de nos quotidiens ce matin. La « banlieue » est sortie de son lit, comme aux plus « belles » heures des émeutes de Villiers Le Bel qui avaient fait le tour du monde en 2007, ou comme les émeutes de Grenoble qui avait demandé l’intervention de forces de police spéciales pour ramener le calme en 2010. Que dire en outre des émeutes de 2005 à Grigny ou Clichy sous bois, durant lesquelles coktails molotovs et tirs à balles réelles se confrontaient aux flashs balls de agents de l’ordre?

 

Scène « classique » en France, et du fait de son « classicisme », sortie en règle de nos élus dès les premières du jour pour taper du poing sur la table, et crier à qui veut bien l’entendre, que le gouvernement en place est « laxiste », « permissif », etc. Pour autant, certains ont la mémoire courte, et si les paroles s’envolent, malheureusement, à l’heure du numérique, les écrits restent, et un seul constat est à déplorer : Que l’on soit de Gauche, de Droite, ou de tout autre bord politique, entre les promesses/les paroles et les actes, il y a un fossé.

 

Souvenirs, souvenirs….

 

                                         

 

En 2005, la France s’embrase…enfin la banlieue parisienne. A la suite d’une interpellation manquée, deux jeunes issus de Clichy sous bois trouvent la mort en se réfugiant dans un transformateur électrique. La faute pour beaucoup à une course poursuite avec les forces de l’ordre, la faute pour le gouvernement à ses jeunes qui aurait été pris en flagrant délit de vol. Au final, des émeutes qui gagneront la France durant 3 semaines, au point de déclarer l’état d’urgence le 8 Novembre 2005. Manque de « chance », quelques semaines auparavant (le 20 Juin), le Ministre de l’Intérieur de l’époque, et futur président hexagonale, Nicolas Sarkozy, avait fait la promesse à la Courneuve de « nettoyer les cités au kärcher »avant d’ajouter deux jours avant les drames de Clichy sous Bois à une habitante d’Argenteuil et à grands coups de caméras « Vous en avez assez de cette bande de racailles, hein ? Eh bien, on va vous en débarrasser ». Deux déclarations « chocs » mais rien n’y fera, deux jours plus tard, la France allait s’embraser. Suite aux évènements de Trappes, notre ex-Président a du retenir la leçon de ses échecs passés, car il est pour le moment rester muet.

 

                                        

 

Un ex-Président qui est resté muet, au contraire de l’un ses proches amis, à savoir Brice Hortefeux. Ex-membre du gouvernement spécialisé dans les questions d’immigrations (notamment), Brice Hortefeux y est allé dès les premières lueurs du jour suivant les évènements de Trappes, de sa petite déclaration choc à la demande des spécialistes de la Presse indiquant : « Le gouvernement doit avoir le courage de faire preuve de sévérité face à des voyous qui ne respectent rien et qui insultent les lois de la République. » Joli discours en façade appelant à la fermeté, mais comment apporter du crédit à un homme qui déclarait il y a peu encore (le 17 Aout 2012) sur BFM TV, qu’il n’y avait « pas eu d’émeutes urbaines sous le quinquénnat de Nicolas Sarkozy »?  Quidam alors des émeutes de Villiers le Bel, de Grigny, de Grenoble, etc.. Pourtant, ce dernier était bien placé pour connaître les évènements isérois, ayant lui même été faire une visite éclair sur place, le temps de déclarer qu’il voulait «rétablir l’ordre public et l’autorité de l’État » (http://www.lepoint.fr/societe/violences-a-grenoble-hortefeux-nous-allons-retablir-l-ordre-public-17-07-2010-1215799_23.php) ajoutant que pour lui et le pouvoir en place il y avait « une réalité simple et claire dans ce pays : les voyous et les délinquants n’ont pas d’avenir, car la puissance publique finit toujours par l’emporter »  Bref, un peu incongru de jouer maintenant les donneurs de leçons quand, lorsqu’il était en place, il butait lui aussi sur les mêmes questions, les mêmes problèmes, et se trouvait confronté aux mêmes difficultés. (http://www.nationspresse.info/hortefeux-a-la-memoire-qui-flanche/)

 

                                      

 

En 2007, alors que les émeutes de Villiers le Bel battaient leur plein, c’est François Hollande, alors chef de file du Parti Socialiste, qui était sorti de sa réserve en déclarant : « C’est la République la réponse. Une conception commune de la nation. Il faut parler de la citoyenneté, de la nation. » Un discours un semblant « creux » sur le coup, mais qui allait ressurgir sur fond de campagne présidentielle en 2012 avec une ligne conductrice pas tout à fait dans les plates bandes socialistes de l’époque, car au lieu de parler d’éducation comme nous le verrons plus bas, les promesses se voulaient à créer des « zones de sécurité prioritaires » (promesse tenue), et « créer 1000 poste par an supplémentaires pour la Police et la Gendarmerie » (promesse aussi tenue). (http://www.lefigaro.fr/assets/promesses-hollande/Promesses-Francois-Hollande.html)

Pour autant, celui que était à l’époque le 1er secrétaire du Parti Socialiste aurait certainement du en rester là, et éviter toutes autres formes de déclaration publiques, ce qu’il n’a pas fait bien évidemment. Oui, ce dernier est bien entendu comme tout bon chef de file politique qui se respecte, allé plus loin déclarant : « Ces violences sont inexcusables, inacceptables (…) [Elles] traduisent une crise sociale et politique (…) On parle encore d’un plan banlieues: depuis combien de temps parle-t-on de plan banlieue? Cette tâche est devant nous, cette question est profonde majeure à travers des mesures sociales, éducatives, des mesures républicaines: c’est la République la réponse, une conception commune de la nation ».(http://www.alterinfo.net/Violences-urbaines-a-Villiers-le-Bel-Val-d-Oise-Hollande-demande-au-gouvernement-d-etre-extremement-clair-video_a14072.html)

 

Passons sur les événements ayant émaillé les festivités du Paris Saint Germain en Mai dernier, ainsi que les émeutes de Amiens il y a quelques mois, et regardons « simplement » les récents évènements en banlieue, qu’ils soient à Trappes, Marseille, etc, etc. Une constante demeure, François Hollande Président, n’a pas fait mieux que François Hollande candidat, ni même que les gouvernements Chirac et Sarkozy de Droite, allant même jusqu’à changer son fusil d’ épaule, passant d’une solution « éducative et de dialogue » à une solution « policière ».

 

 

Dans les grands partis de Droite, de Gauche, les chefs de file se sont essayés à des périodes différentes à jouer le discours de grandes promesses, des grandes solutions, mais au final, le résultat est le même, tous doivent faire face à une situation indéniable d’échec, et à une impossibilité perpétuelle à calmer la gronde des banlieues françaises.

 

                                       

 

Continuons avec les grandes sommités politique qui ont décidé de s’exprimer suite aux évènements de Trappes, et avec l’ une  d’entre elle qui aurait là encore aurait mieux fait de balayer devant sa porte à savoir le député maire de Nice, le « champion de la sécurité », Christian Estrosi (UMP). Indiquant suite aux violences de Trappes que « Trappes est un territoire de la République et que l’état doit y faire respecter la loi », ajoutant que le Gouvernement devait agir et ne « plus faire preuve de laxisme », Christian Estrosi a lui aussi du oublier ce que vivaient ses administrés nicois au jour le jour. Lui qui avait proposé il y a quelques mois que les maires de Gauche trop laxistes en matières de sécurité soit condamnés, a du oublier que sa chère ville de Nice est classée parmi les villes de France connaissant le plus d’incivilités urbaines violentes. Rappelez-vous en 2009 les scènes de pillages et autres destructions urbaines qui avait émaillé la ville à la suite de manifestations pro-palestiniennes, sans pour autant que le calme ne revienne rapidement (http://www.nationspresse.info/insecurite-le-tres-laxiste-estrosi-donne-des-lecons-aux-tres-laxistes-maires-de-gauche/) En matière de belles paroles et de « laxisme » là encore, Christian Estrosi aurait mieux fait de s’abstenir de telles déclaration politico-médiatiques..

 

                                    

 

Allez, pour terminer, citons les déclarations du jour de Manuel Valls, l’actuel Ministre de l’Intérieur, qui déclarait quelques heures après les évènements de Trappes que « s’en prendre à des institutions ou à des biens publics, tout cela n’a aucun sens, ne règle aucun problème, est inadmissible. Aucun élément ne peut justifier la moindre violence. L’ordre républicain sera rétabli à Trappes » . Un ordre républicain, un système républicain que ce dernier avouait être en échec  en 2006, à l’occasion de déclarations lors de la journée d’étude du Centre de Sociologie des Organisations, lorsqu’il indiquait qu’au travers de ces violences urbaines, la France payait « Trente ans d’aveuglement », et que ces violences mettaient clairement en évidence les échecs « du modèle républicain ». http://www.cso.edu/fiche_rencontre.asp?renc_id=54

Tout un programme, et pourtant, rien n’a vraiment changé depuis 2006, bien que le parti au pouvoir ne soit plus le même, et ne soit plus censé être aveuglé par le passé. Manuel Valls, qui en 2007 pour le compte d’une interview dans le quotidien « Le Monde » indiquait : « Il faudra beaucoup de temps, beaucoup d’argent, de vraies réformes, et donc du courage, car nous sommes toujours sur une poudrière » ajoutant que des solutions étaient envisageables « en réformant en profondeur en matière de logement, d’éducation ou de fiscalité. En ayant un vrai projet social pour nos villes, car il faut aussi créer de l’espoir ». A l’époque, pour Manuel Valls, il fallait « des politiques de prévention le plus en amont possible, qui doivent mobiliser les services éducatifs, de santé, le monde associatif, bref, une présence sur le terrain de tous les instants. Je suis de ceux qui n’opposent pas prévention et répression. Justice sociale et ordre, tout cela est lié. » Pour autant, aujourd’hui, et malgré que ce discours de façade était aussi celui de François Hollande durant sa campagne, on s’aperçoit que c’est la solution d’un renforcement des services d’ordre qui a été privilégié, au détriment de vraies solutions éducatives et sociales. Au final, entre la volonté affichée de Manuel Valls en 2006 de faire preuve de « courage » dans les réformes et la réalité du terrain politique, là encore, le fossé n’est s’est pas amenuisé, bien au contraire, et les faits le prouvent.

http://www.lemonde.fr/societe/chat/2006/10/23/violence-dans-les-banlieues-quel-bilan-un-an-apres-les-emeutes_825976_3224.html

 

 

Toutes ces déclarations et positions contradictoires pourquoi? A l’époque ou la Droite était au Gouvernement, la Gauche prônait mille et une solution pour calmer les banlieues, critiquant la solution armée de l’époque. Aujourd’hui, la Gauche est au pouvoir, est les réponses aux violences sont les mêmes qu’à l’époque, tandis que la Droite se mue en donneuse de leçons en exhortant à qui bon le veut, qu’à son époque des solutions avaient plus ou moins été trouvées, voir pire, qu’il ne se passait pas de telles situations de violences urbaines.

 

Alors aujourd’hui, lorsque l’on voit Marine Le Pen dire que les gouvernements successifs ont été « mous », et qu’ils avaient perdu petit à petit le combat avec « les voyous, les islamistes et les caïds » ont se demande bien ce qu’elle pourrait faire à son niveau et avec les mêmes moyens pour en finir avec ces violences. SI l’on regarde du côté des municipalités ou le FN est actuellement au pouvoir d’une manière ou d’une autre comme c’est le cas par exemple à Orange avec Jacques Bompard,le FN n’arrive pas non plus à faire respecter le calme dans ses cités, en atteste les violences urbaines récentes dans la cité du Vaucluse en marge d’une manifestation « anti mariage gay ». Ne parlons pas présentement des dettes financières abyssales laissées dans les autres cités de grandes ampleurs ou le FN est passé ces dernières années, le sujet ici n’est pas là.

 

Que pourraient faire Marine Le Pen est le FN en cas d’accession au pouvoir vis à vis de ces violences urbaines? Rien bien entendu, c’est une évidence, mais en attendant, de telles déclarations font parler, encourage la violence et la colère des individus à la source de ces violences, et enlise encoure et toujours notre société dans un fléau qui n’a de cesse que de gangrener la quiétude de ces riverains. Pire même, les amalgames populistes fait de plus en plus souvent entre des groupes de jeunes qui n’ont plus que la violence comme arme pour se faire entendre, avec la religion, les origines ethniques, etc. Si la violence est présente, c’est un fait, elle n’est le lot que minorités, blanches, noires, beurs, etc, et n’est pas le reflet de l’ensemble des usagers des cités françaises, qui pour la plupart des résidents, vivent eux aussi dans la terreur de ces comportements marginaux. Retour de la méthode « Kärcher » dans les cités chère à Nicolas Sarkozy pour le compte du Front National? Il faudrait pour cela déjà que cette méthode ait existé, et qu’elle soit définie réellement, mais n’ayez crainte, comme on l’a vu ci-dessus, entre les paroles et les actes, il y a plus qu’un fossé…

 

 

Autres sources :

 

http://www.20minutes.fr/societe/1190623-20130720-echauffourees-a-trappes

http://www.alterinfo.net/Deploiement-policier-massif-a-Villiers-le-Bel-France-Trois-nuits-d-emeute-en-reponse-a-la-mort-des-jeunes_a14255.html

http://blogs.mediapart.fr/blog/alain-bertho/180812/les-emeutes-et-lamnesie-politique

http://www.atlantico.fr/decryptage/fn-etait-pouvoir-quel-bilan-dominique-sistach-388430.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89meutes_de_2005_dans_les_banlieues_fran%C3%A7aises