Les Falklands sont-elles d’ores et déjà perdues pour le Royaume-Uni ? Oui, estime, pour The Telegraph, Sir Michael Jackson, ancien chef d’état-major interarmes britannique, non, considère le brigadier Bill Aldridge, commandant pour la zone de l’Atlantique sud. Mais 1 400 militaires en garnison aux Malouines pourraient-ils repousser un assaut combiné des parachutistes et des troupes de marine argentines ?

En 1982, la sécurité des Malvinas (Falklands ou Malouines) était essentiellement assurée par la capacité de l’aéronavale britannique de se projeter sur zone et de barrer la route aux renforts débarqués par l’armée argentine dans les îles convoitées. À présent, la garnison y est forte d’environ 1 400 militaires (contre une centaine au siècle dernier, lors de la dernière invasion). Ils seront renforcés, notamment par des hélicoptères dont l’un sera piloté par le prince William. Aussi, indirectement, par les efforts diplomatiques britanniques.

Mais la présidente argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, confortée par certains de ses homologues sud-américains, réitère ses déclarations : « nous les aurons ». Elle est aussi confortée par deux élements : la faiblesse de la capacité aérienne et maritime du Royaume-Uni, la divulgation à l’opinion argentine que l’offensive de 1982 avait été décidée coûte que coûte par une junte militaire n’ignorant pas la faiblesse de la préparation de l’armée argentine. Le rapport Rattenbach, du nom du défunt général Benjamin Rattenbach, établissait que la classe des conscrits de 1963 était très insuffisamment préparée et que la logistique était désorganisée. De plus, l’encadrement était plus politique que professionnel. L’impréparation était telle que 60 % des bombes aériennes ayant frappé des navires britanniques n’étaient que des charges blanches, d’exercice. Certes, elles pouvaient provoquer des dégâts, mais non cruciaux.

D’un autre côté, la presse argentine ne sait trop si la dénonciation du colonialisme britannique, qui pille les ressources halieutiques et s’apprête à exploiter les ressources en pétrole du sous-sol marin, n’est pas une posture de politique intérieure qui ne sera pas suivie d’effets réels autres que l’interdiction faite aux bateaux de pêche sous pavillon des Malouines de faire relâche dans les ports des pays du Mercosur (Agentine, Bésil, Paraguay et Uruguay).
L’Argentine vient de nommer une ambassadrice à Londres, Alicia Castro. Le poste était resté vacant depuis août 2008. Ce n’est sans doute pas pour la rapatrier dans les semaines ou mois qui vont suivre.

Politique(s) intérieure(s)

C’est au cours des opérations en Libye que le gouvernement britannique a opéré le retrait des chasseurs-bombardiers à décollage vertical Harrier. Ils devraient être remplacés par le F-35 américain dont la version navale est loin d’être au point (le programme pourrait être abandonné). D’où la déclaration du général en retraite Sir Michael Jackson, qui avait dirigé les opérations en Irak et au Kosovo.

« Si les Argentins s’emparaient de l’aéroport de Mount Pleasant, que se passerait-il ? Notre capacité de reprendre les îles confinerait à la mission impossible, » a-t-il commenté. La déclaration s’inscrit aussi dans un contexte de forte réduction des effectifs des trois armes en Grande-Bretagne. Surnommé Darth Vader par ses officiers, Jackson, à 67 ans, réitère de fait les critiques qu’il adressait aux travaillistes qui avaient entamé une réduction du budget de la Défense. David Cameron a décidé de réduire les effectifs de 30 000 militaires (et très peu des bureaucrates du ministère) jusqu’à 2020. Près de 3 000 militaires seront remerciés en 2013. Des coupes que le général a estimé « sauvages ». Mais il reste consultant auprès de diverses compagnies privées, et de telles réductions drastiques restreignent aussi son champ d’activités.
L’argument est pourtant faible. Fils d’un militaire, le général est sans doute beaucoup plus motivé par sa conception de l’armée que par tout autre chose.

Mais on ne peut s’empêcher de se questionner : les arguments avancés de part et d’autre semblent, pour le moment, davantage destinés à aux opinions des pays concernés et ne recouvrent pas forcément une réelle volonté d’en découdre. Mais plus l’anniversaire de la dernière guerre des Malouines approche, en avril, plus la perspective d’une escalade, au moins verbale, semble assurée. Pour le moment, hors l’affectation du prince William, somme toute symbolique, les attachés militaires ne voient rien venir de précis.