Mais que fait la police ?

Rien bien sur, ou pas grand chose, surtout lorsqu’un drame bien médiatisé repose la question. Un fait divers bien glauque… où un enfant subit, où un enfant décède.

"Mais que font les services sociaux ?": c’est le genre de petite phrase qui m’insupporte, que je l’entende ou que je la lise, car services sociaux ou police, ces métiers ne sont pas des métiers faciles, et je trouve ingrat de les réduire à "pas grand chose". Bien sur, étant de la partie, on pourrait conclure que je protège ma paroisse… Non, j’aime juste mon métier et je sais que je ne fais pas "pas grand chose" ! Souvent j’ai cette réflexion: "Ah comme j’aimerais que tous ces gens qui critiquent sans connaitre la réalité de terrain passent, ne serait-ce qu’une journée avec moi pour se rendre compte". Car il n’y a qu’un plongeon dans la réalité du terrain qui permettrait ça. Voilà une des raisons pour laquelle j’ai beaucoup apprécié le film "Polisse".

 

 


2 heures de film plongé dans le quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs à Paris. On croirait presque un documentaire. Seuls les acteurs connus et certaines scènes trop "hard" nous rappelle que c’est une fiction, un film, un drame.

Pas une seconde je ne me suis ennuyée. J’aime ressentir dans un film. Je crois que là, ce fut le summum. J’ai ressenti de la joie, pour certaines scènes du film, pour ces amitiés, cette famille qu’est cette brigade, où le chef est même surnommé "papa".  On y voit le boulot, mais aussi l’après boulot, où se retrouver pour relâcher toute la pression des moments vécus ensemble est inévitable, pour continuer.

D’ailleurs on se pose la question: mais comment peuvent-ils continuer, chaque jour, à entendre ce lot d’horreurs, à ne rencontrer que des victimes d’actes graves, et que leurs bourreaux. Je pense avoir des éléments de réponse….

Certaines scènes vont à l’excès, et font mal, vraiment. J’ai eu mal lorsque cette femme comprend que son mari abuse de sa fille. Et encore plus mal lorsque ce dernier avoue tout, sans regret ni scrupule, car il sait qu’il sera protégé. J’ai eu mal lorsqu’une jeune victime s’inquiète pour son bourreau. Ça prend aux tripes…

J’ai souffert lorsque cette famille que représente la brigade se déchire, si violemment… que ça m’en a été presque insupportable… comme si cette souffrance s’ajoutant à celle de leur quotidien professionnel ne pouvait pas se cumuler…

J’ai souris, comme eux, lorsque la situation en devient hilarante tant elle est grave… lorsque notre réalité de professionnel de la protection de l’enfance se trouve confrontée à l’évolution gravissime de notre monde et que notre jeunesse n’a plus de limite. J’ai souris car c’est aussi mon quotidien… et que je préfère en rire que d’en pleurer. Une fellation pour un portable, y a de quoi pleurer non ?!

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Ces hommes, ces femmes, que l’on voit au quotidien, pleurer, rire, s’aimer… s’énerver, gérer, assurer.. ce sont des hommes et des femmes comme vous et moi, avec une famille, des enfants, parfois un divorce sur le dos… des soucis qui s’entremêlent à leur quotidien professionnel, qu’ils aiment.

On ne peut faire un tel métier que si on l’aime. Voilà ce que nous montre Polisse. On voit les malheurs, on les signale, on les retranscrit, on fait la part entre le légal et l’illégal…. et la justice prend le relais, ce qu’on ne voit pas ici.

Ici, on traite de l’humain, pas du dossier. On voit les adultes, on les écoute, on tente d’aider ou de mettre face aux obligations. On voit les enfants, on les écoute, on les protège. On tente de rester du côté du bien… et parfois on se questionne.

Ce film ne finit pas de questionner, sur les déviances du monde, et sur le peu de moyen pour y remédier.

Ce film redore le blason de la police, c’est évident. Une police au service du plus faible, une police comme une famille, mais aussi une police qui souffre d’un quotidien synonyme d’insupportable.

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A voir absolument, car ce film est vrai, car faire la politique de l’autruche sur le monde, le vrai, n’est pas la solution.