MADAGASCAR: DAEWO ou les Nouveaux Colons

       Une amie de Face Book, Marie-Dorothée schmidt, nous alerte sur une nouvelle forme de colonisation pernicieuse et extrèmement agressive qui a pour cadre Madagascar.

La société DAEWO aurait pris à bail, auprès du gouvernement malgache, 1,3 millions d'hectare de terres cultivables, pour la culture de  maïs et palmier à huile.
Ce qui pourrait paraître, au premier abord, une bonne chose pour l'ile, en terme d'emploi et de mise en valeur des terres agricoles se révèle être sous l'oeil de certains observateurs une mise en coupe réglée des ressources du pays.

En cause … un bail emphithéotique avec l'état, sans compensation financière apparente … Une propriété mal définie localement, des pâysans n'ayant pas de titre de propriété, se contentant de la tradition orale …
Mais surtout  "l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de ‘prix de location’.
– Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’oeuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP." ce qui, si le contrat se réalise, fait hurler les héritiers de Radama 1er, lequel de doit se retourner dans sa tombe et se mordre a nouveau les doigts d'avoir fait un jour alliance avec les wasa…

Une manifestation a eu lieu à Paris le 10 Janvier 2009 

Une pétition est lancée sur le net par le collectif pour la défense des terres malgaches

Mais écoutons Marie dorothée Schmidt:

Depuis le 19 novembre dernier, l’attention de la presse et de l’opinion publique internationales se focalise sur Madagascar à la suite de l’annonce par un ministre sud-coréen de la signature d’un contrat de ‘location’ de 1,300 millions d’hectares de terrains arables pour 99 ans par une société sud-coréenne, Daewoo Logistics en vue de la culture de maïs et de palmiers. Les détails du contrat sont très préoccupants :

– La surface louée représente l’équivalent de la moitié de la Belgique. Ou encore de la moitié des surfaces cultivables à Madagascar.

– Daewoo plantera du maïs sur 1 million d’hectares dans la zone Ouest et du palmier à huile à l’Est sur 300 000 hectares. Les semences de palmiers seront importées d'Indonésie et du Costa Rica, celle de maïs des Etats-Unis (Le Monde du 20 novembre 2008). La récolte brute sera envoyée en Corée du Sud.

– <q l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de ‘prix de location’.

– Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’oeuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP.

Les principaux ministres malgaches concernés ainsi que les représentants de Daewoo à Madagascar « démentent » en insistant sur le fait que le projet en est seulement au stade de prospection de terrains et de négociations. La presse maintient l’existence du projet car la société sud-coréenne aurait effectivement effectué plusieurs missions à Madagascar au cours de l’année 2008.

Déjà plusieurs grands projets en cours à Madagascar démontrent la réalité de contrats dont les termes conjuguent une exploitation drastique des richesses du pays par les investisseurs étrangers avec des bénéfices insignifiants pour la nation et les populations malgaches. La nouveauté de ce contrat est la venue de travailleurs et ouvriers d’origine étrangère en quantité plus que conséquente. Le bénéfice potentiel en termes de créations d’emplois locaux, n’est donc plus avéré.

La recherche de terres cultivables par les grands groupes internationaux dans les pays pauvres du Sud est une tendance rencontrée dans le monde actuellement.

Le FAO avait mis en garde les pays en quête de terres à cultiver à l'étranger contre un système assimilé à du " néocolonialisme ".

Mais le cas malgache serait « le contrat, le plus important de ce type jamais conclu » (Financial Times du 19 novembre) et les conséquences négatives sur les paysans et sur la nation entière d’un tel projet sont inestimables. Comme l’ont noté justement certains observateurs, « même si ce contrat n’a pas été encore signé, en tout cas il est en marche, et ni la surface de 1,3 millions d’hectares, ni la durée de 99 ans et ni la gratuité n’ont été contesté par les autorités malgaches ».

Aussi, le soutien international spontanément provoqué par la divulgation de ce contrat devrait se poursuivre par une mobilisation internationale pour soutenir les paysans malgaches et les organisations locales qui luttent pour la défense de leur patrimoine, en coordination avec les dénonciations de cette tendance mondiale de nouvelle colonisation des terres évoquée par les Nations Unies. Seule cette action pourra empêcher la signature du contrat, si elle n’a pas encore eu lieu, ou fera reculer ceux qui ont osé le signer derrière le dos des citoyens malgaches et au détriment des générations futures.

A voir aussi la page  du groupe pour la pétition

et- signer la pétition

10 réflexions sur « MADAGASCAR: DAEWO ou les Nouveaux Colons »

  1. [b]http://ploutopia.over-blog.com/arti…[/b]

    [b]Comment nourrir son peuple quand on a trop d’habitants et trop peu de terres cultivables ? Il suffit d’aller les chercher où elles sont. C’est ainsi que la Chine, la Corée du Sud ou les États du Golfe se sont lancés dans une véritable course à la terre. Ce ne sont pas seulement des récoltes qu’ils achètent mais des régions entières, dans des pays qui ont déjà du mal à alimenter leur propre population. Doan Bui raconte les premiers épisodes de ce qui sera une des grandes batailles du XXIe siècle : celle de la nourriture……….[/b]

  2. néocolonialise agraire
    [b]Début novembre, la Corée du Sud vient de frapper un grand coup en raflant la moitié – vous avez bien lu : la moitié ! – des terres arables de Madagascar. Mais ce n’est qu’un début. On parle de millions d’hectares en Indonésie ou en Afrique. « On n’arrive même pas à avoir des chiffres exacts tellement cela change vite », se plaint Paul Mathieu. Même l’Ethiopie, où plane à nouveau le spectre des grandes famines, veut entrer dans la danse. Pas comme acheteur, mais comme vendeur. Le Premier ministre éthiopien a déclaré qu’il était « plus que désireux » de signer des accords avec les pays du Golfe. De quoi donner des sueurs froides à Jacques Diouf, le patron de la FAO, qui s’inquiète du « risque d’un néocolonialisme agraire »[/b].

  3. salut Gergovia
    Daewo après avoir honteusement profité de la Moselle et de certains fonds « occultes », un petit coup d’œil en direction de Leotard !!! les sites de Longwy et de Fameck honteusement fermés alors que des largesses envers Daewo ont été pratiqué…
    Il ne faut pas s’étonner de cet exode qui bien évidemment ne profitera qu’aux intéressés …
    Michel

  4. Madagascar !
    Merci Gergovia de nous rappeler le triste sort que réserve les politiques de cette île ,il faut savoir que Madagascar est une île avec une faune et une flore unique
    au monde il y a des espèces rare que l’on ne trouve que dans cette île !
    Alors quand je lis Gergovia que le maïs viens d’Amérique s’est a dire du monsento
    transgénique pur jus il y a de quoi se révolter!
    Il faut la aussi un devoir d’ingérence écologique mondial en urgence
    Il sont ou les beaux parleurs du sauvetage de la plannet? les anti-OGM et compagnies,les roi du pot d’échappement?
    La s’est un travail bien plus importent que de grimper sur les tours de refroidissement des central nucléaire,il sont ou les greens-pisse?????
    Amitiés Gergovia Laury
    >:(

  5. Petite précision, pour ceux que ce mot « emphytéotique » laisserait…incertain:
    Le Bail emphytéotique ou emphytéose (parfois emphythéose, du grec ἐμφύτευσις emphuteusis, « action de planter ») est un bail immobilier de très longue durée, le plus souvent 99 ans mais pouvant atteindre 999 ans dans certains pays, qui confère au preneur un droit réel sur la chose donnée à bail, à charge pour lui d’améliorer le fonds en échange d’un loyer modique, les améliorations bénéficiant au bailleur en fin de bail sans que ce dernier ait à indemniser l’emphytéote.

    La situation des parties, dans un bail emphytéotique, est assez particulière puisque le locataire (appelé emphytéote) se voit reconnaître un véritable droit réel sur le bien qui lui est donné à bail. L’emphytéote est un quasi-propriétaire du bien qui lui est donné à bail
    Pour plus de précision: [url]http://fr.wikipedia.org/wiki/Bail_emphytéotique[/url]

    Bonne journée,
    je vais signer la pétition….
    bien cordialement

  6. [b]Un financier new-yorkais vient d’acquérir 400 000 hectares de terres au Soudan. En plus de constituer l’une des plus importantes transactions de ce type depuis la vente de l’Alaska au XIXe siècle, cette transaction fait partie d’une stratégie troublante: la firme Jarch Capital parie que le Soudan, et d’autres pays africains, sont sur le point de se morceler en plusieurs États.[/b]

    Philippe Heilberg, président de Jarch Capital, s’allie en effet avec la famille Matip, qui contrôle le sud du Soudan par le biais de l’Armée populaire de libération du Soudan. Il estime que le sud formera bientôt un État indépendant et que cette famille jouera un rôle crucial dans l’éventuel gouvernement de ce nouveau pays.

    Philippe Heilberg, qui n’aurait pas de contrat de location des terres, s’est refusé à indiquer le montant de l’opération. Spécialisée dans le financement d’investissements en Afrique dans l’agriculture, les mines et l’énergie, Jarch Capital disposerait d’un permis d’exploration pétrolière de 240 000 km² dans le Sud-Soudan à la légalité tout aussi douteuse. Enveloppée d’une réputation sulfureuse, la société compte au sein de son conseil d’administration d’anciens responsables de la CIA et du département d’État.

    [url]www.ecolonews.blog.fr[/url]

  7. Bonsoir
    Gergovia,

    Il y a un moment que je voulais passer vous voir.

    C’est honteux, et ils détruisent tellement de choses, au nom de l’argent.
    Des rivières très importantes pour la survie d’un peuple et qui s’assèchent et bien d’autres problèmes environnementaux, qu’il serait trop long de citer.

    Mais l’argent fait loi, et au nom de l’argent, ils se moquent pas mal de faire mourir de pauvres gens, de faire mourir des enfants, de faire mourir des humains.

    Cela me révolte et me révoltera toujours.
    Je ne sais pas si on peut toujours signer la pétition, mais je vais aller voir et la signer, si je le peux.

    Un vote Super.
    Amicalement.
    ANDREA.

  8. Merci ANDREA pour ce commentaire. Je n’étais pas revenu sur ce billet écrit avant les tragiques évènements qui secouent Madagascar depuis un mois.
    La situation n’y est pas revenue à la normale, mais je me risque cependant à relancer la discussion car j’ai vu il y a peu une émission télé qui relatait les dommages causés par cette exploitation industrielle de l’huile de palme (prévue semble t’il dans le contrat avec Daewoo; faute d’émission j’ai trouvé un article sur le net similaire et alarmant:

    [i] »En 2004, avant qu’on commence à se préoccuper de l’engouement pour les agrocarburants et de leurs conséquences sur la biodiversité, on s’alarmait déjà, en Indonésie car les surfaces de palmier à huile venaient de doubler en 10 ans, menaçant d’extinction des animaux en voie de disparition, comme l’orang-outan ou le tigre de Sumatra : en effet, pour faire place au palmier, ce sont leurs habitats, d’immenses forêts humides, qu’on détruit y en allumant de gigantesques incendies.[/i] …..[i]Leurs forêts nourricières sont détruites par l’exploitation du palmier, mais aussi leurs ressource en eau et en poisson. Leurs sols sont polluées par les engrais et les pesticides utilisés dans les plantations, et par les produits industriels qui servent à l’extraction de l’huile. En effet, de cette industrie est né le POME (Palm oil mill effluent), une nouvelle catégorie de déchet ! C’est un mélange d’eau, de coques de fruits de palmier écrasées, de résidus gras et chimiques, déversé par les centaines de moulins à huile industriels du pays, qui contamine les rivières, tue la vie aquatique en aval, et va jusqu’à affecter la barrière de corail.

    Quant au travail dans les plantations et les usines d’extraction, il est dangereux pour la santé : plus d’une vingtaine de pesticides, et du paraquat, le plus toxique des herbicides, interdit dans de nombreux pays, sont utilisés sans précaution, provoquant maladies de la peau et des ongles, saignements de nez, infections oculaires, ulcères de l’estomac, problèmes de fertilité et de grossesse…[/i] ….
    source: Alain Lipietz [url]http://lipietz.net/spip.php?article2051[/url] (pas ma tasse de thé pourtant)

    On retrouve les mêmes constats alarmants en afrique en Colombie
    [b]
    Les Malgaches ne méritent pas cela ![/b]

  9. Bonsoir
    [img]http://www1.bestgraph.com/gifs/animaux/abeilles/abeilles-02.gif[/img] Gergovia,

    Est-ce qu’un jour l’homme se rendra compte que l’argent n’est pas tout. Et que si l’homme détruit la vie, il se détruit lui aussi.
    Mais j’en doute, l’appât du gain est le plus important, jusqu’au point de non-retour.

    On détruit l’habitat des animaux, des Indiens.
    Mais sans les animaux, les insectes, les rivières, la mer. Plus aucune vie n’est possible.
    L’argent le leur fait oublier.

    Non, les Malgaches ne méritent pas cela, mais les humains ne méritent pas cela, la planète bleue ne mérite pas cela.
    Personne ne prendra donc vraiment conscience, de ces dégâts ??

    Vraiment un très bel article et j’espère que de nombreux commentateurs viendront relancer ce débat.

    Un vote Super. Merci, de nous rappeler qu’au nom de l’argent, l’homme est en train de se détruire.

    Amicalement.
    ANDREA.

  10. Bonsoir
    [img]http://www1.bestgraph.com/gifs/animaux/abeilles/abeilles-02.gif[/img] Gergovia,

    De retour sur cet article que j’ai beaucoup apprécié et je viens une nouvelle fois, le lire.
    Les lecteurs devraient être beaucoup plus nombreux à commenter, un si bon article.

    Un vote Super.
    Amicalement.
    ANDREA.

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