Géopolitique africaine : unité et multilatéralisme

Depuis les indépendances, la situation des différents pays du continent a beaucoup évolué. Encore récemment les printemps arabes ont montré l’émergence des logiques régionales. De plus en plus de partenariats sont formés au sein même de l’union africaine. Devant ce constat très bien expliqué dans Ni vu ni connu, l’autobiographie de Jean-Yves Ollivier, Macky Sall, président du Sénégal continue de porter « la voix de l’Afrique »…

 

 De l’Afrique d’après-guerre aux « nouvelles Afriques »

La grille d’analyse de la géopolitique africaine a considérablement évolué, « lorsque le fait post colonial dominait tout et que la géopolitique de la guerre froide recouvrait le continent d’une chappe de plomb, il était possible de généraliser au sujet de l’Afrique entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne » nous explique, Jean-Yves Ollivier, le libérateur de Nelson Mandela. Celui qui fut à la manœuvre de la diplomatie parallèle française évoque sans détour ses voyages à l’autre bout du monde… Tandis qu’il devait prendre des avions en étant pourchassé par les régimes communistes sans l’autorisation de la communauté internationale qui avait alors orchestré un embargo en Afrique du sud de l’apartheid, l’aventurier voulait à l’époque sortir l’Afrique de l’isolement.


Jean-Yves Ollivier émissaire officieux de Jacques Chirac et François Mitterrand dans l’Afrique des années 80/90, produit un témoignage historique original. Après avoir passé plusieurs années dans le commerce international, le discret négociateur est entré au service de la France avec l’envie de bâtir un pont entre les deux rives de la Méditerranée. Capitalisant sur son expérience du terrain, il analyse les mutations des relations internationales dans cette partie du monde; selon lui, « désormais, on ne peut plus raisonner à l’échelle du continent. On doit considérer chaque Etat dans sa singularité, à l’intérieur des regroupements régionaux, là où ils sont significatifs. L’ancienne Afrique n’est plus. En lieu et place, il y a de « nouvelles Afriques » ». Encore une invitation à renouveler le partenariat franco-africain et ses pratiques…

L’intergouvernemental, une solution au multilatéralisme

Si l’Union africaine acquiert petit à petit une véritable légitimité, au fil des intégrations des pays à l’institution, les clivages nationaux sont de plus en plus persistants au sein de cet espace politique. Entre les intégrismes religieux et la croissance à deux chiffres, il n’y a parfois comme seule séparation qu’un fleuve, qu’une barrière ; en somme trois fois rien, mais suffisamment pour mettre à mal la rêverie panafricaine « d’un sort commun à toute l’Afrique ». Les intérêts nationaux s’expriment de plus en plus ouvertement, par exemple au cours des négociations commerciales. Comme en Europe, la voie intergouvernementale devient la solution privilégiée des relations publiques internationales.


A Paris pour défendre son Plan Sénégal émergent (PSE), le président Macky Sall venait rappelait que malgré les particularismes régionaux, les peuples du continent continuent de partager une communauté de destins africaine. A la tribune le leader politique s’exprimait ainsi, « cette Afrique-là ne veut pas se résoudre à la promesse du continent d’avenir. Elle veut aussi être le continent du présent. Cette Afrique n’est pas une part des problèmes du monde. Elle est une part des solutions aux problèmes du monde. C’est en elle que se reconnaît le Sénégal ».