L’ONU rêve de passer à l’action contre une Syrie de plus en plus seule

Triste constat en Syrie : on dirait qu’à mesure que la répression s’accélère les chances de voir agir l’ONU se précisent. A croire qu’en deçà d’un certain degré de violence on peut agir en toute impunité. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une avancée inéluctable vers une possible action de l’ONU contre le massacre à huis-clos syrien. Pour preuve le dernier rapport de sa commission des droits de l’homme et les réactions qu’il a suscitées.

« Aujourd’hui j’ai rapporté le fait que le nombre (des morts) excède 5.000. […] Tuer des enfants en les frappant ou en leur tirant dessus pendant les manifestations" est une pratique "largement répandue" tout comme "la torture et les mauvais traitements"

Ainsi s’exprime Navanethem Pillay, actuelle haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, au sujet de la répression en Syrie. En réponse à ces affirmations, Vitali Tchourkine, ambassadeur russe à l’ONU, dit se montrer "troublé". Hypocrisie, assurément, de la part d’un homme représentant un pays vent debout depuis plusieurs mois contre toute action émanant du Conseil de Sécurité en ce qui concerne le cas syrien. N’est-ce pas la Russie, que représente Mr Tchourkine, qui, de concert avec la Chine, notons le, a opposé un véto le 4 octobre pour éviter que ne soit votée une résolution condamnant le régime syrien ? C’est que Damas reste un allié essentiel tout à la fois aux exportations d’armes de la Russie, ainsi qu’à sa politique moyen orientale. D’où l’acharnement russe à sauver le régime alaouite d’une mise au ban dramatique, pour lui, de la communauté internationale. D’autant que madame Pillay prévient des effets incitatifs pour le régime syrien dans sa répression de cette attitude visant à ne jamais rien voter contre lui. En effet, l’avocate sud africaine déclare également dans son rapport que : « "L’inaction de la communauté internationale va enhardir les autorités syriennes et assurer l’impunité aux auteurs".

Une situation de paralysie de plus en plus contestée

Même s’il ne s’agit là que de quelques extraits de ce rapport on en comprend toute la teneur, très incriminante pour les diplomaties chinoises et russes. D’où certainement les paroles de fausses compassion de la part de l’ambassadeur russe face à ce qui ; de l’aveu même de Gérard Araud, représentant permanent de la France auprès des Nations Unies reste "L’exposé le plus épouvantable que nous ayons entendu". En réaction le représentant français a taché de mettre les chinois et les russes face à leurs responsabilités lorsqu’il a déclaré que la situation en Syrie était devenue épouvantable. Poursuivant l’ambassadeur français a fait sienne cette remarque : « l’ONU est moralement responsable de ce qui se passe en Syrie. » Mark Lyall Grant, l’ambassadeur britannique à l’ONU, montant à son tour au créneau, a également pourfendu l’immobilisme onusien lorsqu’il a déclaré : « Nous pensons maintenant que le Conseil de sécurité doit agir ». Façon, là aussi, d’exiger, diplomatiquement, plus d’action de la part de l’ONU, tout en ne dénonçant pas directement les vrais responsables (Chine et Russie) de l’immobilisme onusien. Attitude franco-anglaise qu’est venue conforter l’Allemagne, qui par la voix de Peter Wittig, son ambassadeur auprès de l’ONU, a parlé d’une situation « intolérable » pour qualifier l’impuissance de l’ONU face à la répression en Syrie. Plus ambigus les Etats-Unis parlent simplement d’un exposé « très troublant » pour qualifier le rapport fait par Navi Pillay. Rosemary DiCarlo, ambassadrice adjointe des Etats-Unis à l’ONU, a, quand, même, pris soin d’ajouter : "Nous estimons incroyable que le Conseil de sécurité n’ait pas parlé ces derniers mois" Preuve d’une communauté internationale prompte à s’indigner sans, malheureusement, réussir à agir pour de bon contre les exactions du régime syrien. Malgré tout le demi aveux de compassion de la part de l’ambassadeur russe couplé aux offensives répétées de nombres de grandes puissances diplomatiques peut faire espérer aux syriens que le régime qu’ils combattent chancellent de plus en plus.