Malgré sa politique de façade dite de distanciation par rapport à la crise syrienne, le Liban s’est mouillé jusqu’au cou dans son implication. Il continue d’ailleurs de récolter la tempête pour avoir semé le vent : le 22 mai 2012, de retour d’un pèlerinage en Iran, des Libanais sont enlevés par l’ASL, armée syrienne libre, dans la province d‘Alep au nord de la Syrie. Motif : leur appartenance à la confession chiite qui d’emblée fait d’eux des alliés de Bachar el Assad. 

Le lieu de leur rapt comme celui de leur détention provisoire à Aazzaz en Turquie confortent la thèse selon laquelle Ankara avaliserait l‘enlèvement. Après moult négociations, a été obtenu un geste bienveillant en faveur de toutes les femmes du groupe, suivi plus tard de celui graciant deux hommes. Les onze autres demeurent entre les mains de leurs ravisseurs. 

Au cours de ces longs mois d’attente, les spéculations concernant les otages n’ont pas cessé de varier, soufflant alternativement le chaud et le froid : mort des victimes lors d’un raid aérien, imminence de leur libération, etc ; et chaque rumeur se traduisait sur le terrain par des manifestations appropriées à grands renforts de pneus incendiés, de blocage de route, malgré les appels au calme de Hassan Nasrallah. 

La devise des ravisseurs étant « donnant, donnant », les responsables sont parvenus en définitive à un accord, sous la pression grandissante des familles concernées : en échange des pèlerins, 43 Syriennes ont été libérées le 19 juillet au cours du mois de Ramadan propice aux bonnes œuvres. Sauf que Eid el Fitr est passé sans la contrepartie promise. 

Pris de panique à l’idée de voir tomber dans l’oubli ce dossier épineux, comme tant d’autres d‘ailleurs, les familles ont vu leur colère monter d’un cran. Jusque là leur contestation se voulait pacifique mais ferme : de sit-in en sit-in, elle s’est mise peu à peu à se corser ciblant les réfugiés syriens, les intérêts de la Turquie au Liban à travers notamment sa compagnie aérienne, le boycott de ses marques. 

Toutes ces démarches entreprises se sont avérées infructueuses, alors en guise de dernier recours, les revendicateurs se sont rabattus sur la loi du Talion : rapt de deux pilotes turcs survenus hier à Beyrouth, Murat Aktumer et Murat Agca. Ces derniers faisaient partie de l’équipage de la Turkish Airlines qui se trouvait à bord du bus  les conduisant de l’aéroport vers un hôtel du centre ville de Beyrouth. 

Le groupuscule de l’imam Rida qui n’est pas à son coup d’essai revendique l’enlèvement exécuté soit disant pour une bonne cause. Ankara apparemment nostalgique de son âge d’or, redoublant d’ingérence dans les affaires de son voisinage, en a malheureusement eut pour ses frais. Désormais, elle fait des pieds et des mains pour inciter ses ressortissants à quitter le pays dans les plus brefs délais ou à défaut de se plier aux recommandations de prudence. Du coup Washington n’est plus seule à mettre la pression sur certains de ses ressortissants, fermant tous azimuts  ambassades et consulats au motif de menace terroriste potentielle détectée grâce au réseau hautement controversé, PRISM ! 

Comme d’habitude dans des situations de cette nature devenues endémiques, il y a toujours un haut responsable pour s’inquiéter de l’image et de la réputation du Liban qu‘elles renvoient au monde. A croire que le Premier ministre Tammam Salam vient tout juste de naître pour ignorer que l‘image du Liban s‘est écornée et depuis belle lurette. Les touristes ne font que le déserter…

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