Retrouver autour du célèbre ballon rond et sous le feux des projecteurs Gad Elmaleh, Franck Dubosc, Omar Sy ou encore José Garcia, vous en rêviez ? Olivier Dahan l’a fait. Depuis le 26 septembre dernier, le réalisateur de La Môme met en scène une fable bretonne aux arrières goûts de vestiaires embués. 

 A l’instar(r) (Joey, si tu nous lis) d’un véritable match de football, si la bande-annonce met en lumière un florilège de comédiens confirmés, sur fond de musique qui fait hocher la tête en tapant du pied (ou l’inverse) et de répliques appelant aux rictus, la partie ne se dispute réellement qu’au coeur des salles obscures. 

Les spectateurs alors mués en supporters (ou l’inverse) voient se dérouler devant eux une intrigue cramponnée à l’espoir, dont le "happy end" se fait plus que prévisible.

Au coup de sifflet final, tir au but gagnant ou penalty raté de peu ? 

Décor planté sur une petite île bretonne répondant au doux nom de Molène et dont l’activité principale réside à l’emboîtage des sardines locales, les clichés de l’ouest français répondent présents quand il s’agit d’accueillir sur leurs terres d’anciennes stars du ballon rond international. José Garcia, l’une d’entre elle ayant trouvé refuge dans l’alcool et (fatalement ?) en pleine crise familiale, se voit offrir le poste d’entraîneur au sein de l’équipe locale. Occasion rêvée pour lui, et pour le scénario, de supplier ses anciens camarades de T-shirt sponsorisés de le rejoindre sur la terre des crêpes. 

  Alors qu’un panorama savamment agencé nous propose de découvrir Gad Elmaleh en dépressif chronique, Ramzy Bedia "coccaïné" ou encore Franck Dubosc en pleine reconversion cinématographique, la trame de l’histoire se tisse doucement, peut-être un peu trop comme on l’attendrait. 

N’ayant nulle intention de vous gâcher la surprise de la suite du film, qui comme un match classique s’étend sur quatre-vingt-dix minutes (et quelques poussières chronométrées), Olivier Dahan nous offre tout de même de très beaux plans au coeur du stade, transformant le JoeyStarr qu’on ne présente plus en un personnage réellement drôle et touchant. 

Du côté du rayon "répliques" de ce supermarché marin et marrant, de jolies trouvailles viennent épauler quelques tentatives de dialogues estampillés "Dîner de Con" qui peineront finalement à s’envoler. 

Lorsque les "actjoueurs" regagnent les vestiaires et que l’obscurité s’évanouit dans la salle, les premières réactions sont des plus mitigées. Alors que certains férus de football se trouvent ravis par les images, l’ambiance réaliste des gradins alentours et l’intrigue "sans prise de tête" que revêt ce film, d’autres affichent une mine plus déçue. A l’unisson, beaucoup pensaient se régaler d’un long métrage réunissant tant de pointures du cinéma français, et restent sur leur faim, comme à l’occasion d’une rencontre sportive au sommet avortée par une averse imprévue. 

Et si pluie et Bretagne se tutoient au détour d’un paragraphe, n’allez pas y chercher quelconque coïncidence. Oliver Dahan nous livre finalement ici une jolie fable entre crêpes et crampons, qui fera sans doute sourire la majorité des spectateurs, sans pour autant l’élever au rang de film de l’année. Alors, même si le jeu de mots s’y prête et sonnerait comme une ponctuation divine à ces phrases, "Les Seigneurs", loin du match nul, réunit tous les critères pour passer un agréable moment.

 Messi(e), j’vous assure !