Le gouvernement australien étudie une nouvelle loi contre le terrorisme qui permettrait aux directeurs d'entreprises, qualifiées de stratégiques, d'avoir accès au contenu des courriers électroniques de leurs employés.
Les législateurs australiens se justifient en expliquant qu'une attaque contre les systèmes opératifs de la Bourse, par exemple, causerait des dégâts économiques bien supérieurs à ceux que provoquerait un attentat terroriste matériel. Cet accès à la boîte aux lettres électronique de leurs employés devrait permettre au patron de prévenir un tel genre d'attaque. Pour prendre un exemple plus près de chez nous, les manipulations du trader Jérôme Kerviel n'auraient peut-être pas été possibles si la Société Générale avait surveillé sa correspondance électronique.
Cette nouvelle législation devrait apporter un amendement à la loi actuelle qui donne uniquement accès aux courriers électroniques aux services de police ou de sécurité.
Évidemment, ce genre de mesure fait bondir, avec raison, les défenseurs des libertés civiles parce qu'il est toujours dangereux de laisser le contrôle des personnes à des gens qui ne sont pas préparés pour cette tâche. Comme il est pratiquement impossible de surveiller tout le monde, les directeurs devraient opérer au cas par cas, sur quels critères surveilleront-ils le courrier électronique de tel employé plutôt qu'un autre ?
Rien non plus ne garantit l'utilisation qui sera faite des informations glanées dans la correspondance privée ou de travail des employés. Personne, non plus, ne pourra affirmer que de fausses informations n'auront pas été rajoutées dans les boîtes de ceux que l'on veut évincer… Ainsi, il semble que la solution proposée par les législateurs australiens pour se prémunir d'une attaque cybernétique soit pire que les dégâts que provoqueraient un tel attentat.
Trop d'informations tuent l'information, laissons les détectives spécialisés chercher les renseignements cruciaux et dignes d'une enquête approfondie plutôt que de jeter sur la place publique les courriers de tout le monde.