Ces guerriers de l’Asir longtemps cachés au cœur d’une région escarpée, ces tribus préislamiques de chevriers deviennent peu à peu objets de curiosité. On les appelle des hommes fleurs!!

 

Ces nomades, les Qahtâni, élèvent des chèvres et- pratiquent la transhumance. Leurs costumes et coiffures fleuries illustrent des conditions de vie qui échappent à la norme. Ils ne se coulent pas dans l’uniformité du royaume wahhabite. Ils sont plutôt indomptables et ont des ardeurs rebelles et bien qu’ils soient saoudiens ils se proclament avant tout « qahtâni ». Le « Qahtan » est traditionnellement l’ancêtre mythique des arabes du sud. Ils se revendiquent être les représentants du prophète « Hoûd » et arabes de pure souche. Hoûd était le premier prophète après le déluge, petit-fils de Sam, lui-même fils de Noé.

C’est au marché d’un village que je les ai rencontrés. Ils y viennent pour se ravitailler avant de repartir dans leurs campements.

Leur apparence de doux rêveurs fleuris s’accorde mal avec les attributs guerriers dont ils s’affublent : poignard glissé dans une grosse ceinture (ou jambiyad ou khanjar), cartouchière, pistolet, fusil et même kalachnikov.

Je les ai trouvés époustouflants de beauté avec leurs beaux yeux sombres soulignés de khôl, les cheveux enduits de beurre peignés patiemment en boucles tirebouchonnées avec de véritables bouquets de fleurs en couronne les ceignant. Ce sont les femmes qui les réalisent.

Ils ne portent pas la fleur au fusil mais sur leurs têtes… Ces hommes gardent souvent les cheveux longs, signe de leur virilité.

Une bande d’étoffe souvent couleur indigo ou à grosses rayures très colorées et brillantes passe sur leur épaule gauche, les drape et dénude leur torse. Mais, marque de modernité, la chemise occidentale se voit de plus en plus et est plutôt mal assortie avec les pagnes !

Le contact, tout superficiel que j’ai eu avec ces fiers hommes-fleurs, (mais mon mari a échangé un peu avec eux), m’a laissé entrevoir que ces guerriers de l’Asir tentent de sauver ce qui reste de leurs coutumes face à l’uniformisation en noir et blanc du royaume wahhabite.