Des femmes aux seins nus mais encore ?
Devise, «Sors déshabille-toi et gagne». Le logo représente la lettre Φ, initiale de Femen avec les couleurs du drapeau ukrainien, symbolisant des seins nus. Référence Wikipédia.
C’est arrivé chez nous comme un cheveu tombé dans la soupe qui vous provoque, qui vous heurte, des jolies femmes pour la plupart et seins nus avec des inscriptions sur le ventre et les seins qui revendiquent une cause que l’on ne comprend pas de suite. Ce que l’on peut avoir comme première réaction c’est de dire les seins ne sont fait pour cela, mais vu l’évolution des extravagances on s’habitue à tout, et après près tout pourquoi pas, si ce tendre organe, si féminin, et si beau de la femme peut porter un message ? Mais quel risque lors des interpellations un coup vite reçu peut affecter les facultés du sein entrainant à moyen terme un cancer, une folie. Il y a quand même d’autres moyens pour exprimer une revendication aussi légitime soit-elle ! En italien on dit «una sfegatata, c’est à dire une personne fanatique, enragée, que rien n’arrête !
Des critiques, des réactions il y en eues. Elles portèrent sur le fait qu’elles incitèrent d’elles mêmes des envies sexuelles voire pornographiques. Pour l’ONG internationale la Strada spécialiste de la lutte contre la prostitution, les Femens nuiraient à l’image des femmes et conforteraient les clichés sexistes. À cela les Femens répondirent que montrer leur nudité c’est s’approprier leur corps pour elles mêmes. La nudité choque, ébranle les opinons dans les pays ou elle est ouvertement prohibée, tel en Tunisie ou trois militantes Femens furent condamnées pour avoir manifesté torse nu devant le palais de justice de Tunis.
Après l’action le 23 février dans la nef de Notre-Dame de Paris, Monseigneur Patrick Jacquin recteur de la cathédrale estima cependant qu’elles n’oseraient pas s’attaquer à une mosquée, la réaction des autorités serait plus sévère. Après leur arrestation elles furent relâchées sans garde à vue alors que les faits étaient punissables. Le groupe était composé de huit activistes ukrainienne et de sept françaises selon Le Figaro.fr.
Les Femens manifestants devant la cathédrale Notre-Dame de Paris publié le 15/02/13 par le Figaro,fr.
En avril 2013, le mouvement Muslim Women Against Femen, «Femmes musulmanes contre les Femens», Facebook Group Takes On Activists In Wake Of Amina Tyler Topless Jihad (PICTURES), «Facebook groupe d’activistes s’introduit dans le sillage de Amina Tyler Jihad topless, images», groupe qui prétend se revendiquer Femen est islamophobe et impérialiste. Il s’est ouvert une page Facebook montrant des images de femmes soutenant des slogans comme «la Nudité ne me libère pas et je n’ai pas besoin d’être sauvée», «humiliation sur vous Femen», le hijab est mon droit.
An image from the Muslim Women Against Femen Facebook page. The Huffington Post United Kingdown.
Le groupe qui fut créé par des étudiantes de Birmingham, lança une campagne sur Internet, avec comme slogan «Muslimah Pride», «Fière d’être musulmane», contre les féministes qui manifestent seins nus.
An image posted on the Femen Facebook page, captioned: ‘We pray for a topless jihad’.
C’est un groupe international organisant des manifestations seins nus dans une action pour le droit des femmes pour la démocratie, contre la corruption, la prostitution, et l’influence des religions dans la société. Elles nomment leur mouvement radical «sextémisme». Il s’inscrit dans une ligne post-féministe représentative de l’asservissement et de la propriété publique du corps des femmes, et ce, jusque dans leurs luttes. On ne peut que saluer ce combat mais sous une autre forme, surtout dans les pays ou la femme est un objet sexuel mais aussi d’esclavage sans autre droit que celui d’être servile à l’homme. On comprend qu’en Ukraine, si les femmes sont soumises à ces conditions, ce que je ne peux affirmer, qu’elles se révoltent et qu’elles agissent là ou il y a de tels abus.
L’histoire nous apprend que trois ukrainiennes adolescentes originaires de Khmelnytskyï, Anna Hutsol, Oksana Chatchko et Alexandra, qui s’indignèrent de la place réservée aux femmes dans la société ukrainienne, créèrent «Femen» lors de leurs études à Kiev. Anna Hutsol expliqua avoir lancé Femen en 2008 pour défendre la démocratie quatre années après la Révolution orange, car elle pensait que l’Ukraine manquait de militantes pour défendre les droits des femmes. «L’Ukraine est un pays dominé par des hommes, où les femmes sont passives».
Pour Anima Sboui tunisienne l’histoire est en marche. Elle osa montrer aux conservateurs et aux plus libéraux les confuses contradictions de leur révolution. Une jeune fille qui eut le courage de braver les interdits d’une religion musulmane, brisant le devoir d’obéissance et d’asservissement à l’ordre moral religieux. Comme d’autres jeunes filles qui veulent rompre les droits de soumission, son crime fut, dans un simple tag, avoir tracé le mot «Femen» sur un muret d’un cimetière de Kairouan à 150 km au sud de Tunis. Quelques lettres tracées pour défier la rage obscurantiste de 40.000 salafistes qui prétendirent se rassembler en toute illégalité à Kairouan, le 19 mai dernier. Ces manifestants-là, qui ont fait plusieurs blessés parmi les policiers antiémeutes, furent relâchés.
Quatre militantes Femen manifestèrent par solidarité devant le palais de justice de Tunis. Elles se nomment Amina 18 ans, Pauline 27 ans, Joséphine 19 ans et Marguerite 22 ans. Une Tunisienne, une Allemande et deux Françaises. Ce ne pouvait être qu’un acte passible de prison, et quatre femmes avec Amina croupissent en prison. Elles furent condamnées pour trois d’entre-elles à quatre mois de prison ferme pour atteinte à l’ordre public.
Détenues depuis un mois, elles furent libérées dans la nuit du 26 juin après que leur peine fut commuée, en appel en sursis. Elles quittèrent la prison pour femmes de la Manouba pour l’aéroport de Tunis Carthage pour rejoindre le continent européen. Cette libération n’était pas sans rapport avec la visite de François Hollande prévue début juillet. Quant à Amina elle risque de six à douze ans de prison.
On peut comprendre cette femme qui porta tant d’espoirs à la révolution, n’est-elle pas allée trop loin, trop vite dans un pays qui n’est pas encore stabilisé ou les dogmes religieux sont encore aussi forts ? Devrait-on la condamner à six ou douze ans de prison ? Il est certain qu’une compassion se mêle devant l’acte qu’elle fit, un tag, une banalité sur un mur !
Même les jeunes de gauche antireligieuses rappelèrent à Amina les convenances auxquelles elles ne doivent pas transgresser. Le chemin est encore long pour cette gauche qui fut choquée par cette nudité qui leur fait peur.
Amina au tribunal de Kairouan le 5 juin document Le monde.fr. SALAH HABIBI/AFP.
Elles ne sont pas les seules à endurer cette forme de répression depuis la révolution. Ghazi Beji et Jabeur Mejri, deux blogueurs, furent condamnés à sept ans et demi de prison pour blasphème. L’un par contumace. Il a dû se réfugier en France. L’autre purge sa terrible peine dans l’indifférence générale. La journaliste franco-tunisienne, Hind Meddeb, fut poursuivie pour avoir dénoncé la lourdeur de la condamnation du rappeur Weld el à deux ans de prison ferme pour une chanson irrévérencieuse envers la police, tiré de l’article de Caroline Fourest, écrivaine et journaliste, et de Nadia El Fani cinéaste, Aliaa El Mahdy cyberdissidente égyptienne), Taslima Nasreen écrivaine, et Inna Shevchenko porte-parole de Femens, du Monde.fr.
François Hollande qui se rendit, en visite officielle dans ce pays qui se cherche après avoir vaincu la dictature, ne put vaincre le sectarisme d’une religion. Le problème de ces européennes étant résolu, on ne sait s’il pu agir pour cette jeune Amina. Nul ne doute qu’il essaya, mais ce que l’on sait c’est qu’ Amina est encore en prison. On pense que ce voyage fut pour lui un test de son engagement socialiste à dire ce qui ne va pas dans cette nouvelle gouvernance ou les libertés les plus fondamentales sont lourdement sanctionnées, mais rien ne filtra de ce voyage.
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