Je propose dans cet article de découvrir le travail encore méconnu d'Alice Miller , ancienne psychanalyste qui parle de l'enfance et des conséquences des maltraitances à l'âge adultes, comme la reproduction de ce que l'on a soit même subis contre nos propres enfants ou encore nous explique que les criminels ont été effroyablement maltraités et qu'ils n'ont jamais recontrés de témoins secourables qui leur montre autrechose que la violence et la cruauté donnée par leurs propres parents, quelqu'un qui leur donne un peu d'amour et de compassion, ce qui leur évite de devenir des criminels.

Elle a déjà ecrit plus d'une dizaine de livres sur ce sujet depuis le début des années 1980, sans pour autant que les médias nous parlent de ces découvertes qui restent cachées, exactement comme lorsque l'on a découvert que ce n'était pas le soleil qui tournait autour de la terre mais le contraire, cette opinion prétenduement juste était erronée, mais elle était tellement défendue que l'on ne pouvait la contredire.


Il existe une psy encore relativement méconnue du grand public et "boudée" par les médias, contrairement à certains de ces "confrères" bien connus dont chaque livre fait l'objet d'un matraquage médiatique et d'une invitation de l'auteur dans toutes les émissions possibles et imaginables: il s'agit d'Alice Miller qui écrit depuis le début des années 1980 sur l'enfance et les conséquences des maltraitances infantiles. Son dernier livre s'intitule « Ta vie sauvée enfin  », Flammarion, 2008.

Lorsque l'on parle de maltraitances, on pense souvent aux enfants battus, ayant des marques de coups visibles sur le corps: la violence visible. Mais Alice Miller s'intéresse justement à beaucoup d'autres formes de maltraitances invisibles et même encouragées par l'éducation, et ce depuis des millénaires, par la religion, la morale, les institutions éducatives, etc.

Malheureusement, l'angle de recherche adopté par Alice Miller lui interdit le "succès médiatique", car elle ose accuser les parents. La peur d'accuser les parents et l'ignorance nous empêche de découvrir cette vérité qui était interdite à l'enfant. L'enfant apprend en effet à prendre le point de vue de ses parents et à ne pas le remettre en question. Elle nous apprend qu'il n'existe pas de criminel ayant des gènes qui les poussent a faire du mal, car lorsque l'on s'intéresse à l'enfant de tels "personnages", on découvre qu'ils ont été effroyablement maltraités, même les plus atroces des dictateurs sont nés des enfants innocents. On se doute bien que de telles affirmations, en contradiction avec notre morale répandue risquent de choquer beaucoup de monde, et que les médias grand publics, comme les politiques, préfèrent flatter leur public dans le sens du poil plutot que de leur livrer des vérités dérangeantes, choquantes mais libératrices.

On a accusé pendant des millénaires l'enfant pourtant innocent pour ne pas accuser les parents et l'on inventa pour ça des théories comme quoi il existe des enfants porteurs de gènes maléfiques ou des "enfants du diable" comme on le croyait au moyen âge parce que l'on ne connaisssait pas les causes et l'origine de ces souffrances. Exactement comme l'on accusait des "fautes" ou des "péchés" d'être responsables des maladies soit disant envoyées par Dieu pour nous punir, mais depuis nous avons découverts les véritables causes de ces maladies, les microbes et autres virus ce qui nous a libéré de nos croyances dangereuses à ce sujet. Alice Miller nous invite à faire la même chose au sujet de l'origine du mal et des souffrances "psychologiques". Ces explications était fausses mais permettaient d'éviter d'accuser les parents par peur, la même peur que l'enfant avait de ses parents dans l'enfance avec laquelle beaucoup d'entre nous sont restés même adultes.

Voici un extrait du Portait d'Alice Miller qui résume son parcours professionnel :

« Alice Miller a fait ses études à Bâle où elle a obtenu en 1953 son doctorat de philosophie. Elle a exercé sa profession de psychanalyste à Zürich, mais l'a abandonnée pour se consacrer entièrement à ses recherches sur l'enfance. En 1986, elle a reçu à New York le prix Janusz Korczak.

Parmi les 192 pays membres de l'ONU, 17 uniquement ont interdit de battre les enfants. Aux Etats-Unis, il y a encore 20 Etats où les châtiments corporels sont autorisés à l'école et même sur les adolescents. Les personnes qui peuvent s'indigner de ces faits et qui en mesurent les graves conséquences, comprendront sans problème tous les livres d'Alice Miller. Elles comprendront aussi pourquoi cet auteur s'engage, même à son âge avancé, pour libérer la société de son ignorance. A l'aide de ses livres, articles, tracts, interviews et réponses aux courriers des lecteurs sur son site, elle montre que la maltraitance des enfants produit non seulement des enfants malheureux et perturbés, des adolescents destructeurs et des parents mal traitants, mais aussi une société perturbée qui fonctionne si souvent d'une façon extrêmement irrationnelle.

Grâce à ses recherches sur l'enfance, Alice Miller a compris que la violence exercée sur les enfants conduit à la violence globale qui règne sur le monde entier, d'autant plus que l'on commence à frapper les enfants dans les premières années de leur vie, justement au moment où leur cerveau se construit. Même si les conséquences scandaleuses sont évidentes, elles ne sont pas perçues et encore moins prises en compte par la société. Or, la situation est facile à comprendre: les enfants ne sont pas autorisés à se défendre de la violence des parents et sont alors obligés de supprimer et refouler les réactions naturelles à l'agression parentale comme les émotions de la colère et d'angoisse. Ce n'est qu'à l'âge adulte qu'ils peuvent décharger ces émotions très fortes, sur leurs propres enfants ou, dans certains cas, sur des nations toutes entières. »

Le point de départ du travail d'Alice Miller est la découverte du « 4ème commandement » et surtout de ces effets nocifs. Ce 4ème commandement nous exhorte à respecter et à honorer nos parents, et donc de ne pas les accuser, de les considérer comme innocents et d'accuser l'enfant, mais l'aspect nocif et dévastateur de cette injonction morale que l'on retrouve partout dans la société, même chez les psys ou dans la religion catholique qui prône le pardon envers ceux qui nous ont offensés est passé inaperçu car cela aurait conduit à accuser les parents de ce qu'ils ont fait subir à l'enfant. Il est donc nécessaire pour l'enfant pour survivre de "s'aveugler" pour montrer aux parents son "respect" envers eu et ne pas les "trahir", mais l'enfant doit donc pour cela se trahir lui même, ce qui n'est pas sans conséquences.

Car Alice Miller nous dit que le pardon et ces injonctions morales ne servent qu'a masquer la réalité, car notre corps ne se laisse pas leurrer, il connait nos véritables sentiments et les sentiments ne s'éprouvent pas sur commande, une injonction morale ne peut faire naitre un sentiment que l'on éprouve pas. Ce commandement nous pousse donc à nous trahir nous mêmes, ce qui conduit inévitablement à des souffrances.

Ce 4ème commandement nous demande de pardonner à nos parents et nous interdit de voir ce qu'ils font subir à l'enfant « pour son bien », mais cette aveuglement à un prix qui se paye par des souffrances à l'âge adulte. Cette morale traditionnelle est dangereuse car elle nous force à réprimer nos sentiments qui permettent l'accès à qui nous sommes vraiment. L'ordre derrière ce commandement est « Tu ne t'apercevra de rien », car pour ne pas accuser nos parents, nous devons nous interdire de nous apercevoir de ce qu'ils font subir à l'enfant.

Dans une interview sur son site officiel, « La cruauté s'apprend dans l'enfance  » , elle nous dit au sujet du 4ème commandement:

« Vous avez établi que le respect du quatrième commandement ("tu honoreras ton père et ta mère") par l'enfant nuit à une vie émotionnelle saine. Voilà qui doit choquer bien des gens. Comment avez-vous découvert que cette "injonction solennelle" n'a en fait pas d'autre fonction que la manipulation et l'asservissement de l'enfant ?

Ce n'est pas à l'enfant que le quatrième commandement nuit, mais plus tard à l'adulte. Tous les enfants aiment leurs parents et n'ont nul besoin d'un commandement pour leur dire de le faire. Mais quand nous devenons adultes et que nous réalisons que notre amour a été exploité et qu'on a abusé de nous, nous devrions être capables de percevoir nos sentiments véritables, y compris la rage, et rien ne devrait nous obliger à continuer à aimer des parents qui ont été cruels envers nous. La plupart des gens ont peur de ces sentiments "négatifs" à l'égard de leurs parents, c'est pourquoi ils se défoulent sur leurs enfants et perpétuent de cette façon le cycle de la violence. C'est là que je situe les effets destructeurs du quatrième commandement. Et comme il n'existe toujours pas de commandement ni de loi qui interdirait aux parents de décharger leur colère sur leur progéniture, rien ne s'oppose à ce que le comportement parental le plus brutal continue de porter le nom d'"éducation".

Vous allez jusqu'à affirmer que le quatrième commandement est la cause de maladies physiques. Comment en arrivez-vous là ? En a-t-il été ainsi pour vous personnellement ?

C'est la répression des sentiments authentiques qui nous rend malades. Nous les réprimons par peur. La peur inconsciente que ressent l'enfant confronté à des parents violents peut nous accompagner toute notre vie si nous en restons au stade du déni pour refuser de nous confronter à elle.

Nous considérons comme une évidence que les parents "aiment" leurs enfants. Malheureusement, ce n'est bien souvent rien de plus qu'un mythe. Peut-on parler d'amour parental si les parents ne "corrigent" leurs enfants qu'occasionnellement ?

Comme parents nous devrions savoir que toute forme de violence éducative, aussi bien intentionnée soit-elle, tue l'amour. »

 

Cette morale traditionnelle et répandue nous empêche d'avoir accès à nos véritables sentiments que le corps connait, le corps ne peut accepter ces mensonges qui nous rendent malades et tente de nous montrer notre propre vérité.

Elle explique que notre corps connait la vérité et que les injonctions morales ne servent à rien si l'on ne connait pas la vérité sur notre enfance, si l'on a pas l'expérience de tels sentiments dans notre propre enfance. En d'autres termes, prêcher l'amour de notre prochain ne sert à rien si nous n'avons pas été aimés, les sentiments ne peuvent naitre sur commande. Elle nous explique aussi que ces injonctions morales ne servent à rien, car tout enfant aimé, respecté, respectera ses parents, elle nous l'explique dans cette même interview.

« A votre avis, comment naissent la morale et l'éthique ? Pourquoi quelqu'un devient-il (im)moral ?

Un individu n'accède jamais à la morale grâce aux sermons qu'on peut lui faire, il acquiert des valeurs éthiques uniquement par le biais de l'expérience. Personne ne vient au monde méchant. Il est ridicule de penser, comme on le pensait au Moyen Age, que le diable enverrait un enfant méchant dans une famille, qui aurait à le corriger en le frappant, pour qu'il puisse devenir une personne comme il faut. Un enfant maltraité deviendra plus tard à son tour un tourmenteur et très certainement aussi un parent cruel, à moins qu'il n'ait trouvé dans son enfance un témoin secourable, une personne auprès de laquelle il pouvait se sentir en sécurité, aimé, protégé, respecté, une expérience qui lui aurait donné une idée de ce que peut être l'amour. Un enfant qui a vécu cela ne deviendra pas un tyran, il (ou elle) sera capable de respecter les autres et d'être en empathie avec eux. Il est très significatif que dans l'enfance de tous les dictateurs que j'ai étudié, je n'aie pas trouvé ne serait-ce qu'un seul témoin secourable. Il ne resta plus alors à l'enfant qu'à magnifier la violence qu'il avait eu à subir.

L'éducation religieuse nous apprend à pardonner à nos tourmenteurs. Devrions-nous vraiment leur pardonner ? Est-ce réellement possible ?

On peut comprendre que nous voulions pardonner et oublier pour ne pas avoir à ressentir la douleur, mais c'est une voie sans issue. Il apparaît tôt ou tard que ça n'est absolument pas une solution. Prenons le cas des nombreux auteurs d'abus sexuels recensés parmi les ecclésiastiques. Ils ont pardonné à leurs parents les abus dont ceux-ci se sont rendus coupables à leur égard, que ce soit sur le plan sexuel ou qu'il s'agisse d'autres types d'abus de pouvoir. Mais que font alors beaucoup d'entre eux ? Ils répètent les "péchés "de leurs parents, justement PARCE QU'ils leur ont pardonné. Si ils étaient capables de condamner en toute conscience les actes de leurs parents, ils ne seraient pas contraints de les reproduire, de harceler et de troubler profondément des enfants en les forçant à garder le silence, comme si ce qui s'était produit était la chose la plus naturelle qui soit, et non pas un crime. C'est tout simplement eux-mêmes qu'ils trompent. Les religions peuvent exercer un pouvoir énorme sur nos esprits et nous pousser de bien des façons à nous tromper nous-mêmes. Mais elles n'ont pas la moindre influence sur notre corps, qui connaît parfaitement nos émotions vraies, et qui insiste pour que nous les respections. »

Alice Miller dénonce donc aussi la morale traditionnelle du Pardon encouragée par la tradition religieuse qui ne tient pas compte du corps qui ne se laisse pas leurrer par une telle morale, en contradiction avec ce qui s'est réellement passé, les injonctions morales n'ont pas de poids face aux faits, et à leur conséquences. Ces "moralités" nous empêchent de reconnaitre la cruauté de nos parents pour ce qu'elle est, pardonner revient à minimiser ce que nous avons subis.

Avoir accès à ces véritables sentiments est le seul moyen de connaitre notre vérité et de guérir de nos souffrances, ce qu'empêche la morale traditionelle et les injonctions comme le Pardon, qui veulent se substituer à nos véritables sentiments. C'est comme de faire passer du poison pour de l'eau et d'expliquer qu'il suffit de croire que ce n'est pas du poison pour éviter les effets nocifs du poison…

Extrait de l'article d'Alice Miller "Le corps et la morale" :

"Les personnes qui ont été aimée sans condition dans leur enfance n'ont pas à se forcer, une fois devenues adultes, pour donner à leurs parents cette même affection qu'ils ont jadis reçue. Par contre, les personnes qui ont été maltraitées et trahies en tant qu'enfant développent une haine latente, s'en prennent à leurs enfants et propagent l'opinion selon laquelle les fessées sont nécessaires et sans danger. Ils répandent ces opinions sans hésiter, bien que le contraire ait été démontré depuis longtemps. Ils font cela parce que le Quatrième Commandement leur impose de dénier les dommages qui leur ont été fait, les dommages causés à leur cerveau et à leur capacité innée à ressentir de la compassion. Malheureusement, sans cette compassion, ils sont capables de fesser leurs enfants sans pour autant ressentir leurs souffrances, et ils acceptent leur propre mutilation sans se plaindre, de sorte qu'ils puissent " honorer leurs parents ". Ils obéissent aux commandements de leurs parents du fait d'un sentiment de respect qui découle surtout de leur attente que leurs mères et pères deviennent enfin ces parents que l'enfant attendait. En conséquence, la loyauté infantile de l'adulte associée à un discours moraliste (" J'ai mérité ces châtiments ", " Tous les parents font parfois des erreurs ") conduit souvent à l'hypocrisie et à la violence envers des personnes innocentes. Qu'obtenons-nous en obéissant au Quatrième Commandement ? Un commandement est-il susceptible d'engendrer une compassion véritable ? Pouvons-nous dicter un sentiment d'amour à un être humain dont le corps a enregistré la violence au lieu de l'amour au cours des premières années, cruciales, de sa vie ? Nous savons qu'une telle personne réprime ses sentiments véritables au profit de la morale, ce qui souvent engendre des affections comme le cancer ou les maladies cardio-vasculaires. En effet, nous ne pouvons nous débarrasser, une fois pour toutes, de cette haine réprimée que nous retournons souvent contre nous-mêmes, bien que nous tentions de le faire en faisant usage de la morale. C'est pourquoi il est rare que quelqu'un ait le courage de dire clairement et honnêtement : " Je n'ai jamais reçu d'amour de ma mère et donc je ne ressens pas d'amour pour elle. En vérité, elle est une étrangère pour moi. Elle est seule et aurait peut-être besoin d'un fils aimant, mais je ne veux pas mentir pour lui donner cette illusion. Je lui dois, ainsi qu'à moi-même, la vérité que je ne peux ressentir un sentiment d'amour véritable pour elle en tant qu'adulte, parce que j'ai tellement souffert de son aveuglement en tant qu'enfant. " Une personne osant dire cela ne mettra plus ses enfants en danger et n'aura vraisemblablement plus à craindre de maladies graves, parce qu'elle est en mesure de comprendre les messages de son corps avant qu'il ne soit trop tard."

 

Le Pardon dans le domaine des thérapies est aussi dénoncé par Alice Miller, car l'on croit que c'est de ne pas pardonner aux parents, de ne pas leur obéir qui rend malade alors que c'est précisément le contraire, comme elle nous l'explique dans l'article "A Propos du Pardon " :

 

"Chez les survivants de pareilles tortures, qui ont abouti à un refoulement total, l'enfant martyrisé continue cependant à vivre: dans les ténèbres de l'angoisse, de la répression, de la menace. Lorsque toutes les tentatives pour amener l'adulte à écouter son histoire ont échoué, il essaie de se faire entendre par le langage des symptômes, à travers la toxicomanie, la psychose, la délinquance. Cet enfant, devenu à son tour adulte, se prend à soupçonner l'origine de ses souffrances, et demande à des spécialistes si elles ne pourraient pas être en relation avec l'enfance; on lui assure dans la plupart des cas qu'il n'en est rien. Ou, si l'on confirme son intuition, on lui explique qu'il doit apprendre à pardonner, que c'est son attitude rancunière qui le rend malade. Dans ces groupes fort connus où l'on propose une thérapie aux personnes en état de dépendance et à leurs proches, le mot d'ordre est toujours : Tu ne pourras guérir que quand tu auras pardonné à tes parents tout ce qu'ils t'ont fait. Même s'ils étaient tous les deux alcooliques, s'ils ont abusé de toi, t'ont battu, plongé dans un total désarroi, soumis à des exigences au-dessus de tes forces, exploité – tu dois tout leur pardonner, sinon tu ne pourras pas guérir. De nombreux programmes, baptisés thérapeutiques, ont pour principe d'apprendre dans un premier temps à exprimer ses sentiments et, simultanément, à tenter de voir ce que l'on a vécu dans son enfance. Mais, ensuite, il faut s'astreindre au " travail du pardon ", prétendument nécessaire à la guérison."

"La " thérapie " qui prêche le pardon dévoile par là sa position éducatrice. Et cela révèle également l'impuissance des prêcheurs de pardon, qui se baptisent étrangement thérapeutes mais devraient, ce serait plus exact, se désigner du nom de prêtres. Le résultat est, au bout du compte, la perpétuation de l'aveuglement acquis dans l'enfance, qu'une véritable thérapie aurait pu dissiper. Le patient ne cesse de s'entendre dire, jusqu'à ce qu'il le croie – et le thérapeute est alors tranquillisé: " Ta haine te rend malade ; pour guérir, tu dois pardonner et oublier. " Or ce n'est pas la haine, mais justement cette morale si instamment conseillée qui a, dans son enfance, plongé le patient dans ce désespoir muet et l'a finalement rendu malade, en le coupant de ses sentiments et de ses besoins. L'exhortation au pardon n'a rien à voir avec une thérapie efficace ni avec la vie. Et elle a barré à nombre de personnes cherchant de l'aide le chemin de la délivrance. Les thérapeutes sont sous l'emprise de leur propre peur, la peur de l'enfant maltraité qui redoute la vengeance de ses parents, et se laissent guider par l'espoir que, malgré tout, une bonne conduite vous permettra un jour ou l'autre d'acheter l'amour de vos parents. Cet espoir illusoire des thérapeutes, les patients le paient d'un prix élevé: recevant, en guise de " thérapie ", des informations fausses, ils ne peuvent trouver le chemin de la délivrance. En me refusant à pardonner, je renonce à toutes les illusions. Certes, un enfant maltraité ne peut pas survivre sans ses illusions – mais un thérapeute adulte doit s'en montrer capable. Dès lors, son patient pourra se dire: " Pourquoi devrais je pardonner, si personne ne me le demande ? Mes parents se refusent bien à savoir, à comprendre ce qu'ils m'ont infligé. Pourquoi donc devrais-je continuer à m'efforcer, par exemple à l'aide de la psychanalyse ou de l'analyse transactionnelle, de comprendre mes parents et leur enfance, et de leur pardonner ? A quoi cela peut-il servir ? Qui en sera aidé ? Cela n'aide pas mes parents à voir la vérité, et moi, cela m'empêche de vivre les sentiments qui m'ouvriraient l'accès à la vérité. Sous la cloche de verre du pardon, les sentiments n'ont ni le droit ni la possibilité de s'exprimer librement. " Semblables réflexions ne sont hélas pas d'usage dans les milieux thérapeutiques, où le pardon a force de loi. La seule concession que l'on fait est d'établir une distinction entre vrai et faux pardon. Mais le prétendu vrai " pardon ", reste en tout cas considéré comme l'objectif thérapeutique, et n'est jamais remis en question. J'ai demandé à beaucoup de thérapeutes pourquoi ils estiment le pardon nécessaire à la guérison, mais n'ai jamais reçu de réponse. Selon toutes apparences, ils n'avaient jamais encore remis en question cet impératif qu'ils jugeaient comme allant de soi, au même titre que les mauvais traitements connus dans leur enfance. Je ne puis m'imaginer qu'une société qui ne maltraite pas ses enfants, mais au contraire les respecte et les protège avec amour, développerait l'idéologie du pardon d'inconcevables cruautés. Cette idéologie est indissolublement liée au commandement: " Tu ne te rendras compte de rien " , ainsi qu'à la répétition de la maltraitance à la génération suivante, qui paie le prix fort pour le pardon auquel ont été astreints ses parents. La peur de la vengeance des parents imprègne notre " morale "."

Nombre de thérapeutes et de thérapies sont donc encore prisonniers de telles conceptions moralisatrices et dangereuses. Alice Miller propose même sur son site une « FAQ » (Comment trouver le/la thérapeute qui me conviendra ? ) pour aider à trouver un thérapeute qui soit vraiment une aide, libéré des préceptes moraux traditionnels de l'éducation, ce qui tranche avec l'opinion répandue que la plupart des psys sont compétents, elle nous dit le contraire, que seulement une minorités sont compétants et peuvent vraiment aider leurs patients, car peu d'entre eux ont osés remettre en question leurs propre éducation, leurs propres parents ;:

« Adresses de thérapeutes

Si je connaissais des thérapeutes assez respectueux pour répondre à vos questions; assez libres pour montrer leur indignation sur les comportements de vos parents envers vous; assez courageux pour vous accompagner avec empathie quand vous exprimez votre rage bloquée dans votre corps depuis des décennies; assez bien informés pour ne pas faire des sermons sur "vous devez oublier", le pardon, la méditation et les "pensées positives"; assez honnêtes pour ne pas vouloir vous endormir avec des mots vides comme "spiritualité" quand ils ont peur de votre histoire tragique – je serais heureuse de vous donner leurs noms, adresse et téléphone. Mais je ne les connais pas.

Quand j'ouvre Internet, je trouve une avalanche d'offres ésotériques, religieuses, sectaires, commerciales ou des pratiques manipulatrices dangereuses sur le corps, en tout cas pas ce que je cherche.
Dans l'espoir qu'il existe aussi des thérapeutes qui proposent une confrontation sérieuse et systématique avec la réalité de la propre enfance et une assistance sans vous leurrer, je vous propose avec ma liste FAQ les outils pour votre recherche.
Si les thérapeutes refusent de répondre à vos questions, vous gagnez, au moins, du temps et de l'argent.
Si vous avez gardé la crainte de l'enfant sous terreur que vous étiez, quand vous posez des questions aujourd'hui aux thérapeutes, votre peur est compréhensible mais cela ne veut pas dire que vos questions ne sont pas importantes et essentielles, elles le sont sans aucun doute. »   

On entend souvent parler des sentiments dit négatifs comme la haine, mais ils ne sont pas dangereux en eux mêmes nous dit Alice Miller, car les sentiments ne font pas de mal, c'est au contraire de vouloir suprimer de tels sentiments en les rendant inconscients que ça devient dangereux.C'est même d'être conscient de tels sentiments qui nous évitent la souffrance inutile et nous libère de notre passé et de nos souffrances intériorisées.

La haine est un « bouc émissaire », un sujet interdit auquel Alice Miller « s'attaque » pour nous expliquer que la haine est une réaction normale, mais que l'interdiction de s'en apercevoir ("le 4ème commandement") nous fait confondre la haine en elle même et les conséquences de la négation de cette haine. On s'interdit d'éprouver de tels sentiments pour se protéger des parents qui interdisent ces sentiments dits négatifs qui déclenchent la violence parentale, la haine est encore trop souvent confondu avec la violence, car la haine apparaît en situation de violence.

Extrait de l'Article d'A.Miller "Qu'est-ce que la haine ?":

"On associe habituellement le mot haine à l'idée d'une dangereuse malédiction qu'il faudrait éloigner aussi vite que possible. On entend aussi souvent dire que la haine serait pour l'individu un poison qui rendrait quasiment impossible la guérison des blessures reçues dans l'enfance. Comme je me démarque nettement de cette opinion courante, il m'arrive souvent d'être mal comprise. De ce fait, mes efforts pour faire la lumière sur ce phénomène et pour approfondir cette notion n'ont pas eu beaucoup de succès jusqu'alors. Voilà donc pourquoi je recommande la lecture préalable du chapitre de mon livre " Chemins de vie " intitulé " Comment naît la haine ? " à qui souhaiterait me suivre dans ce développement-ci. Il faut quand même dire, que dans ce chapitre, écrit en 1996, il y a une réflexion dans laquelle je vois aujourd'hui la tendance universelle de protéger les parents à tout prix dont je me suis libérée entre-temps (cf. "Notre corps ne ment jamais", Flammarion, Paris). Je pense moi aussi que la haine peut empoisonner un organisme, mais seulement tant qu'elle reste inconsciente et dirigée contre des substituts, c'est-à-dire des boucs émissaires. Alors, elle ne peut pas se dissoudre et disparaître. Supposons que je haïsse les travailleurs immigrés, mais que je sois dans l'incapacité de voir comment mes parents m'ont traitée lorsque j'étais enfant, comment par exemple ils laissaient le nourrisson que j'étais hurler pendant des heures, ou ne me regardaient jamais avec amour, alors je souffre d'une haine latente qui peut m'accompagner ma vie durant et déclencher dans mon corps divers types de symptômes. Mais si je sais le mal que mes parents m'ont fait du fait de leur aveuglement et que j'ai pu ressentir consciemment ma révolte contre leur comportement, je n'ai pas besoin de reporter ma haine sur des personnes qui n'y sont pour rien. Avec le temps, la haine que j'éprouve à l'égard de mes parents pourra s'atténuer et même disparaître pendant des périodes plus ou moins longues, mais des événements de la vie présente ou la remontée de souvenirs sous un angle neuf pourront aussi la ranimer brusquement. Mais maintenant, je sais de quoi il retourne. Maintenant, je me connais suffisamment bien, grâce justement aux sentiments que j'ai revécus, ET LA HAINE NE ME POUSSERA PAS A TUER QUI QUE CE SOIT, NI A PORTER PREJUDICE A QUICONQUE."

L'une des notions importantes d'Alice Miller est le "témoin secourable " qui ont manqués dans l'enfance des dictateurs et des criminels, qui permettent à l'enfant d'avoir un peu d'amour et de compassion, ce que n'ont pas eu les dictateurs et les meurtriers, ils sont incapables d'éprouver de la compassion et de l'empathie pour eux mêmes et donc pour les autres, ce qui les rend insensibles à leurs propres souffrances et à celles de leurs victimes.

Elle dit que nous avons tous en majorité rencontré de telles personnes qui « aimaient bien » l'enfant. Ces enfants devenus meurtriers se comportent comme de véritables robots capables d'éxécuter les ordres les plus cruels sans aucun remords, sans aucun accès à leur émotions et à leur sensibilité, et seul l'accès à leur véritables émotions ainsi qu'a leurs causes (les violentes parentales) permettrait à ces criminels d'arrêter de reproduire ce qu'ils ont subis et de reconnaitre leur propre souffrance et celles des autres.

Extrait de l'article "Le rôle décisif des témoins lucides dans notre société" au sujet de ces témoins que l'enfant rencontre dans l'enfance :

"Quand j'ai commencé à illustrer ma thèse en utilisant les exemples d 'Hitler et de Staline, quand j'ai essaye de montrer quelles conséquences a eues la maltraitance des enfants pour la société, j'ai rencontré les résistances les plus profondes. Beaucoup de gens m'ont dit : "Mais moi aussi j'ai été un enfant battu et je ne suis pas devenu un criminel". Quand j'ai demandé des détails sur leur enfance à ces gens-là, ils m'ont toujours parlé d'une personne qui les aimait bien, même si elle n'était pas capable de les protéger. Quand même, cette personne leur a donné, au moins par sa seule présence, une notion de confiance et d'amour. J'appelle ces personnes les témoins secourables. Par exemple, chez Dostoïevski dont le père était très brutal, on trouve une mère aimante. Elle n'était pas assez forte pour le défendre contre son père mais elle a transmis à son fils la notion de l'amour sans laquelle les romans de Dostoïevski auraient été impensables. Il y a aussi des gens qui ont rencontré en plus des témoins lucides et courageux, des personnes qui pouvaient les aider a reconnaître l'injustice subie et à articuler leurs sentiments de colère, d'indignation ou de douleur à propos de ce qui leur était arrivé. Ces gens-là ne sont jamais devenus criminels."


La Psychanalyse est aussi dénoncée par Alice Miller, elle même anciennement psychanalyste, elle s'est libérée depuis des idées faussées des théories Freudiennes comme quoi l'enfant chercherait à séduire son parent de sexe opposé et que la résolution de ce conflit déterminerait la névrose de l'individu. Alice Miller dénonce le fait que la psychanalyse rend l'enfant coupable de ses "désirs pulsionnels" qui n'est en fait qu'une mystification de la réalité qui vise à protéger les parents et à rendre l'enfant responsable de ce que lui ont fait ses parents, c'est le point de vue des parents, ce qui explique le succès de cette théorie, Freud était du coté des parents et non de la vérité. Même dans le mythe d'OEdipe, Feud semble avoir oublié la responsabilité des parents qui ont provoqués la suite de l'histoire en abandonnant sur les conseils d'un devin l'enfant. Malheureusement, on oublie que les criminels et les parents maltraitants se livrent à de tels actes de violences pour ne pas accuser leurs parents et « oublier », comme le montre cette interview :

« Qu'est-ce qui ne va pas dans la façon dont la psychanalyse est pratiquée actuellement ? Pourquoi avez-vous été exclue de l'Association psychanalytique ?

On ne m'a pas exclue de l'Association psychanalytique; c'est moi qui me suis écartée d'une école après l'autre à mesure que m'apparaissaient clairement le traditionalisme de leur point de vue et leur refus de prendre en compte la souffrance de l'enfant ; En fin de compte j'ai dû reconnaître que de ce point de vue, la psychanalyse ne constitue pas une exception. La manière dont Freud a utilisé le mythe d'Œdipe est très significative.
Là apparaît clairement la tendance générale, qui est de mettre l'enfant en accusation et de protéger les parents. De toute évidence, Freud semble avoir oublié que Œdipe a d'abord été la victime de ses parents et qu'il a été poussé par eux dans le rôle du "pêcheur". Ses parents l'ont abandonné alors qu'il était un tout petit enfant. Il est très éclairant de lire la véritable histoire d'Œdipe. Vous pourrez aussi la trouver sur mon site dans un article en allemand de Thomas Gruner.
En ce qui concerne la façon dont la psychanalyse est pratiquée actuellement, je pense que la protection des parents est assurée par un certain nombre de règles, comme par exemple la neutralité exigée du thérapeute (au lieu du parti pris en faveur de l'enfant victime), tout comme l'importance accordée aux phantasmes (au lieu de la confrontation avec la réalité de l'éducation cruelle que le client a reçue). Vous trouverez également sur mon site mes articles les plus récents sur ces questions. »

L'aspect principal du travail d'Alice Miller est donc l'écoute du corps qui permet de connaitre la vérité sur ce qui s'est passé, les souffrances et les addictions comme la toxicomanie, la dépression, l'anorexie, etc… ne sont que des expressions codées d'expériences vécues dans l'enfance, mais restée inconscientes par peur des parents, car être conscient de la responsabilité des parents conduit à les accuser, ce qui est interdit pour l'enfant qui serait en danger de mort sinon. Alice Miller décrit plus en détail ce processus dans son livre "Notre Corps ne Ment Jamais", dont on
peut lire une réflexion à son sujet dans cet article: "Notre corps ne ment jamais – un défi"

"Après la parution de "Notre corps ne ment jamais" en mars 2004, de nombreux lecteurs m'ont écrit pour me dire combien ils étaient heureux de ne plus avoir à s'imposer des sentiments qu'ils ne ressentaient pas en vérité, et aussi leur bonheur d'enfin ne plus avoir à s'interdire d'éprouver les sentiments qui sans cesse renaissent en eux, inchangés. Mais certaines réactions, surtout dans la presse, témoignent assez souvent d'une incompréhension fondamentale, à laquelle je peux avoir moi-même contribué par l'utilisation du mot "maltraitance" dans un sens beaucoup plus large que son usage courant.

L'évocation de ce mot est habituellement associée à l'image d'un enfant au corps meurtri – en partie ou entièrement – dont les blessures renvoient explicitement aux lésions subies. Mais ce que je décris dans ce livre et auquel je donne le nom de maltraitance, ce sont plus encore les lésions de l'intégrité psychique de l'enfant qui au départ restent INVISIBLES. Leurs séquelles ne se manifesteront souvent que des dizaines d'années plus tard, et même alors le lien avec les blessures subies dans l'enfance ne sera que rarement établi et pris au sérieux. Les personnes concernées elles-mêmes, tout comme la société (les médecins, les avocats, les enseignants et malheureusement aussi de nombreux thérapeutes), ne veulent rien savoir des origines de ces "troubles" ultérieurs ni de certains "comportements bizarres" qui nécessitent de remonter à l'enfance.

Quand j'appelle maltraitance ces blessures invisibles, je trouve le plus souvent en face de moi résistance et indignation ouverte. Je peux parfaitement comprendre ces sentiments, parce que je les ai longtemps partagés. Autrefois, j'aurais protesté violemment si quelqu'un m'avait dit que j'ai été une enfant maltraitée. C'est seulement maintenant, grâce à mes rêves, grâce à ma peinture et bien évidemment grâce aux messages de mon corps, que je sais avec certitude qu'enfant, il m'a fallu endurer pendant des années des lésions psychiques dont adulte je n'ai pendant très longtemps pas voulu prendre conscience (voir p.26). Comme tant d'autres, je me disais: "Moi ? mais je n'ai jamais été battue. Les quelques tapes que j'ai reçues, ça n'a pratiquement aucune importance. Et puis ma mère s'est donnée tant de mal pour moi" (le lecteur trouvera des affirmations du même type à la page 80).

Mais justement, il ne faut pas oublier que les graves séquelles laissées par les blessures précoces invisibles résultent de la minimisation des souffrances de l'enfant et du déni de leur signification. Tout adulte peut facilement s'imaginer la frayeur et l'humiliation qu'il ressentirait s'il se trouvait soudain agressé par un géant furieux huit fois plus grand que lui. Mais quand il s'agit d'un petit enfant, nous considérons qu'il ne ressent pas la même chose, bien que nous soyons à même de constater à quel point il est éveillé, et la justesse de ses réponses aux sollicitations de son environnement (cf. Martin Dornes, "Der kompetente Säugling", Jesper Juul, "Das kompetente Kind"). Les parents pensent que les tapes ne font aucun mal, qu'elles sont juste un moyen de transmettre des valeurs bien précises aux enfants, et l'enfant reprend cela à son compte. Certains enfants apprennent même à en rire et à utiliser leur connaissance intime de l'humiliation et de l'avilissement pour railler leur douleur. Une fois adultes, ils s'accrochent à cette raillerie, ils sont fiers de leur cynisme, ils en font même de la littérature, comme nous pouvons le voir chez James Joyce, Frank McCourt, etc.… Si ils viennent à connaître angoisse ou dépression, ce que la répression des sentiments vrais refoulés rend inévitable, ils trouvent facilement des médecins pour les soulager un temps à l'aide de médicaments. C'est ainsi qu'ils peuvent tranquillement préserver leur auto-ironie, cette arme éprouvée et appréciée contre tous les sentiments qui remontent du passé. Par là même ils se conforment également aux exigences de la société, qui tient la protection des parents pour un précepte majeur."

Les tapes et autres fessées dites éducatives sont aussi dénoncées par Alice Miller. Ce sont des blessures invisibles, et elle y voit seulement la reproduction de ce qu'on vécu les parents dans leur propre enfance, qui justifient souvent leur comportement violent envers l'enfant justement par la "violence" ou le comportement inadapté de l'enfant à certaines situations, l'un de ses tracts nous explique quels sont les véritables origines d'un tel comportement, origines qui restent bien souvent masquées derrière des idéologie éducatrices, pour éviter d'accuser les parents et accuser l'enfant, ce qui permet de décharger ses angoisses et ses peurs sur l'enfant, mais seulement temporairement.

En frappant l'enfant les parents répètent uniquement ce qu'ils ont appris de leurs propres parents, que les tapes et autres fessées sont nécéssaires à l'enfant, mais elles ne font en réalité que masquer la véritable origine du comportement des parents qui vient de leur propre enfance et non de leur enfants car découvrir la vérité représentait un danger pour l'enfant mais n'en est plus un à l'âge adulte:

"Chaque fessée est une humiliation

De nombreuses recherches ont démontré que si les châtiments corporels permettent de faire obéir un enfant dans l'immédiat, ils entraînent ultérieurement de graves troubles du caractère et du comportement si cet enfant ne trouve pas, dans son entourage, une personne informée et compatissante pour lui venir en aide. Hitler, Staline, Mao et d'autres tyrans n'ont pas rencontré, quand ils étaient petits, de tels témoins lucides. De ce fait, ils ont appris très tôt à glorifier la cruauté devenus adultes, à justifier les massacres qu'ils organisaient. Des millions de gens, eux aussi élevés dans la violence, leur ont prêté la main.

Il faut cesser de se servir des enfants comme d'un exutoire, permettant de se défouler légalement des affects accumulés. On croit encore souvent que de "légères" humiliations, du type claques ou fessées seraient inoffensives. Car, tout comme pour nos parents, cette idée nous a été inculquée très tôt dans notre enfance. Elle aidait l'enfant battu à minimiser sa souffrance, et par là, à la supporter. Mais sa nocivité se révèle précisément par cette large acceptation : puisque cela était supposé "ne pas faire de mal", à chaque génération des enfants ont subi ces humiliants traitements, et, de plus, ont jugé juste et normal de recevoir des coups. Paradoxalement, dans leur effort d'empêcher leurs enfants de devenir délinquants, les parents leur ont enseigné la délinquance en leur livrant des modèles violentes.

Quand en 1977, la loi sur l'interdiction des châtiments corporels a été promulguée en Suède, 70% des citoyens interrogés lors d'un sondage y étaient opposés. En 1997, ils n'étaient plus que 10%. Ces chiffres montrent qu'en vingt ans les mentalités se sont transformées. Grâce à la nouvelle législation, une coutume destructrice a pu être abandonnée.

Il est prévu d'étendre à toute l'Europe la législation interdisant les châtiments corporels. Ils ne s'agit nullement de traîner les parents sur le banc des accusés. Cette loi dit au contraire avoir pour eux une fonction protectrice et informative. Les parents qui l'enfreignent devraient être astreints par le tribunal à dissiper leur ignorance sur les conséquences des châtiments corporels, à apprendre quels dégâts ils provoquent. Les informations sur l'effet nocif de "l'inoffensive fessée" devrait être diffusée de manière à être connus de tous, car l'éducation inconsciente à la violence commence très tôt, et beaucoup d'êtres humains en resteront marqués pour la vie. Ce qui est en jeu, c'est l'avenir de la société tout entière."

Alice Miller ne cache pas que son but est de permettre à chacun de prendre conscience de sa propre enfance, pas seulement les aspect superficiels, mais d'un point de vue "sentimental", c'est à dire comprendre et de ne plus nier les souffrance et la douleur engendrée par les violences parentales et éducatives, même celles de la fessée et autres tapes tellement répandues.

Elle insiste aussi sur le fait que contrairement à certaines thérapies actuelles focalisées sur les émotions qui évitent d'accuser les parents, il faut aussi comprendre le sens de ces émotions, c'est à dire leur origine et leur raison, ce qui a provoqué ces émotions, ces réactions de défenses, qui sont bien souvent le comportement violent des parents envers l'enfant.

Arrêtons de croire que ce que nous avons subis était pour notre bien, en écoutant notre corps qui ne se laisse pas leurer, nous dit Alice Miller.

Cette négation conduit à croire que les coups et les fessées, même modérés nous ont fait du bien parce que ça provoque une "déconnexion" des sentiments de haine, de colère et des souffrances, pour protéger l'enfant qui ne pourrait pas les supporter lui même, comme dans une opération chirurgicale ou le patient est endormi et mis sous anti-douleur, pour supporter l'intervention. Si l'on ne ressent plus les souffrances provoquées par ces maltraitances, alors nous pouvons toujours croire que ça nous a fait du bien.

Ce refoulement est nécessaire pour l'enfant, ça lui permet de survivre car il ne pourrait pas supporter cette vérité tout seul, mais ça devient dangereux à l'âge adulte, car ce n'est plus nécessaire et cette technique de survie devient une entrave à la vie car inadaptée à la situation présente ou l'enfant n'est plus en danger.

Sans ressentir la douleur et la souffrance associée à ces mauvais traitements, nous croyons encore que  ça fait du bien, voilà ou réside l'idée répandue d'une "fessée salvatrice" qui nous aurait "remis dans le droit chemin" dans notre enfance.

On croit que ça nous a permis de survivre, que ça nous a fait du bien parce que ça a provoqué un insensibilisation à la douleur et à la souffrance et donc on ne sentait plus que l'on souffrait et l'on a cru ne pas souffrir. Si nous connaissons nos véritables sentiments, nous percevons la cruauté et la souffrance qui se cache derrière ces pratiques éducatives encouragées par tout la société et même des professionnels. On oublie que ces souffrances restent stockées dans notre corps mais déconnectées de notre conscience, elles chercheront à se manisfester sous la forme de maladies corporelles  et de symptomes dont peu de gens verront la véritable origine.

La peur d'accuser les parents vient aussi de l'enfance ou l'enfant devait s'interdire d'accuser ses propres parents et s'accuser lui même pour survivre, comme dans une dictature ou tout opinion différente du dictateur est interdite et punie de mort.

Alice Miller tente donc de nous montrer l'importance décisive mais niée de l'enfance à l'âge adulte. La méconnaissance de notre propre enfance, de notre histoire qui commence dès l'enfance, conduit à répéter les mensonges que nos parents ont eux mêmes crus, et qu'écouter son corps et indispensable pour connaitre la vérité et donc se libérer des idées mensongères comme quoi la violence permet à l'enfant de se préparer au monde dans le quel il vivra parce que c'est justement la violence apprise dans l'enfance qui rend notre société si violente, ou encore qu'il existe de bonnes fessées car seul l'accès à nos véritables sentiments permettent de contredire l'opinion des parents comme quoi ça ne fait pas de mal si ça ne se voit pas.

Car c'est seulement en apparence qu'il n'y a pas de dégats, les dégats sont invisibles et les connexions avec ce qui s'est passé dans l'enfance lorsque les violences apparaissent plus tard restent cachées et niées.

Malheureusement, ces travaux sont méconnus car nombre de professionnels et de journalistes sont encore prisonniers de cette morale qui nous interdit d'accuser nos parents et de voir ce que nous avons subis. Pourtant, le courrier sur son site internet   nous montre que son travail a permis à des milliers de gens de découvrir leur propre histoire, de cesser de se mentir et de croire les mensonges de leurs propres parents et de la société sur l'education « pour le bien » de l'enfant qui n'est en définitive que l'abus de l'enfant et de cesser cette « production du mal » comme dit Alice Miller.

Elle parle aussi des institutions qui ne veulent pas dénoncer ces abus et protéger les enfant, comme le Pape et l'église et qui pourraient par leur action concrêtes protéger les enfants et la société de la violence : Soigner et prévenir les blessures de l'enfance 


«Vous vous étonnez du peu d'actions concrètes que pourraient engager des instances "morales" comme les églises en faveur de la condamnation explicite de ces violences. Mais globalement, le rejet de la maltraitance n'a-t-il pas progressé ?

Oui, le rejet de la maltraitance a progressé. Mais la violence éducative n'est pas encore regardée comme une maltraitance. Parce que presque tout le monde en est atteint et la grande majorité nie la souffrance de l'enfant battu "pour son bien". On nie alors les conséquences graves. On parle d'une correction qui nous a fait du bien, nous a rendu forts, etc. 90% de la population mondiale partagent ce point de vue, cette mentalité fatale. Aujourd'hui, je ne connais personne qui dirait qu'il faut maltraiter les enfants. Mais pourtant on me dit presque partout que la fessée est nécessaire et efficace. C'est pourquoi j'insiste sur ce sujet. Je pense que la société ne pourra se libérer de cette tradition destructrice qu'avec une loi qui interdirait les coups et la fessée. A part la loi, un mot de l'Eglise, une seule phrase du Pape qui affirmerait clairement le danger de la violence éducative pourrait changer la mentalité des chrétiens. Malheureusement, toutes mes démarches pour faire passer au Saint Père les informations les plus récentes sur ce sujet ont échoué. J'ai envoyé les résultats de recherches en neurobiologie qui ont constaté des lésions dans les cerveaux des enfants battus. J'ai essayé d'expliquer que personne ne peut apprendre de bons messages dans un état de peur et qu'un enfant battu n'apprend qu'à battre à son tour. J'ai envoyé plusieurs lettres. Mais l'entourage a tout fait pour ne pas laisser passer ces lettres au Pape. Pour moi, l'Eglise continue consciemment à refuser sa miséricorde aux plus petits et aux plus impuissants, les enfants. »

 

Je concluerais cet article par une citation d'un autre Interview d'A.Miller qui explique pourquoi cette connaissane fondamentale est encore reconnue seulement par une minorité de gens:

Interview par Olivier Maurel :

«N'est-ce pas faire preuve d'un excès d'optimisme et même d'utopie que d'écrire : "Lorsque sera levée l'ignorance résultant des refoulements de l'enfance et que l'humanité sera réveillée, cette production du mal pourra s'interrompre." ? (La Connaissance interdite, p. 175.)

Je ne pense pas que ce soit une utopie de dire que les adultes qui ont eu la chance d'apprendre le respect pour l'enfant changeront les schémas culturels dans l'avenir. Ce n'est pas la société qui forme la personnalité, ce sont les personnes qui forment la société, et l'enfance de ces personnes joue un rôle primordial dans la façon dont elles se conduisent une fois adultes.
Vous avez parlé au nom des gens qui me critiquent, qui m'accusent de rousseauisme ou d'obscénité parce que je veux et peux comprendre ce qu'ils ne veulent pas comprendre. Ils me reprochent mon ³réductionnisme" parce qu'ils n'essaient pas de comprendre la complexité de mes explications. Je sais que, plusieurs fois, vous vous êtes fait l'avocat du diable pour provoquer ma réaction. Permettez-moi, pour conclure, de poser cette question très simple : comment pouvons-nous comprendre notre vie si nous ne voulons pas comprendre l'histoire de nos trois premières années, l'histoire du temps où notre cerveau s'est structuré ?
Quoique je déplore la résistance et les oppositions contre mes efforts pour approfondir notre connaissance de l'enfance, je peux quand même très bien comprendre les motifs qui suscitent cette résistance. Pour la plupart des gens (pas pour une minorité), il est absolument insupportable d'éprouver de l'empathie pour l'enfant qu'ils étaient auparavant, de se souvenir de la souffrance causée par leurs parents et leurs éducateurs. Une fois sortis de cette situation de souffrance, ils ont tout fait pour l'oublier, et ils ne veulent à aucun prix se rappeler leur impuissance. Quant à moi, je choisis précisément ce que la plupart des gens refusent : je choisis de ressentir cette impuissance d'un enfant sage et bien éduqué, afin de pouvoir comprendre ce qui s'est passé pour moi et pour les autres. Si je me suis trompée, l'avenir ne manquera pas de nous le montrer. » 

Site Internet d'Alice Miller: http://alice-miller.com

Bibliographie d'Alice Miller: http://alice-miller.com/livres_fr.php