Mais où sont les Tours de France d’antan ? Décidément, cette année, il est très difficile de se passionner pour la Grande Boucle. Les étapes se suivent et se ressemblent, le scénario semble écrit à l’avance par un peloton résigné à se laisser dominer par l’équipe Sky qui n’a pas à forcer son talent pour amener son leader en jaune à Paris. Le seul qui puisse le menacer n’est autre que Chris Froome, son propre équipier. A moins d’un accident, le vainqueur ne fait aucun doute, ce sera Stanley Wiggins. La montagne est d’habitude l’endroit où les costauds s’expliquent mais cette année les leaders se neutralisent et les attaques sont bien timides. Le public y attend les plus beaux exploits et s’extasie de voir les surhommes gravir les cols comme des mobylettes. Mais Contador hors jeu et Andy Schleck blessé ne sont pas là pour assurer le spectacle.

On pourra bientôt déplorer que la montagne ait accouché d’une souris. 

Le public attend l’exploit, le baroud d’honneur d’un champion qui part dans une échappée au long cours comme on a connu par le passé avec Ocana ou Thévenet. Le dernier qui s’y est risqué s’appelait Floyd Landis, mais il était dopé.

La glorieuse incertitude du sport n’est plus à l’ordre du jour. On se passionnait jadis pour les « mano à mano » entre Poulidor et Anquetil, Merckx et Ocana, Fignon et Lemond. Les leaders de l’époque avaient à cœur d’être devant et de s’imposer avec panache. Un Merckx battu un jour prenait sa revanche le lendemain.

Certes, on sait que le dopage est passé par là et qu’il y a un nivellement des valeurs, mais on aimerait un peu moins de prudence. Le cyclisme est devenu une affaire d’économie où chaque équipe essaie de tirer son épingle du jeu en gagnant un maillot par ci ou une étape par là et à chaque jour suffit sa peine. Les champions d’aujourd’hui sont devenus frileux.

Il faut dire que depuis Bernard Hinault, dernier vainqueur français en 1985, les supporters sont à la diète. Quand on regarde les cheveux blancs de Poupou, on se dit que l’âge d’or du Tour de France est passé depuis longtemps.