Icône du cyclisme, il régnait dans le domaine sans partage. Sans jamais fléchir et à une rapidité légendaire, il escaladait à tous les temps monts et montagnes. Même devant la maladie, il savait se montrer inébranlable. Il raflait des prix puis forçait le respect. Une fois suspecté de dopage, avec force flegme, il niait en bloc toutes ces accusations mensongères venues de piètres charognards qui voulaient sa peau. On le croyait indéboulonnable mais ce n‘était que mirage. 

Nombreux à ses trousses, ils sont parvenus en mettant le gros paquet, à le démasquer. Alors sans rougir, il a endossé la responsabilité de son comportement pas très correct et a fait son mea culpa. La faute à la potion magique à base de testostérone, de transfusions sanguines, d’EPO, de cortisone, d’hormones de croissance, laquelle doublée de son envie incommensurable d’en découdre, le propulsait allègrement, sans jamais faillir, au septième ciel. 

C’était comme s’il s’était indéniablement coincé dans les rouages d’une machine infernale, sans parvenir à s’en extraire. Une sorte de vertige où le travers s’incruste insidieusement  par des fissures, puis se normalise, s’enracine, et se banalise : « se doper avant une course, c’était comme gonfler ses pneus ou bien mettre de l’eau dans son bidon ». 

Bien qu’une collaboration plus étroite avec les autorités antidopage s’avère être gage d’indulgence par rapport à sa suspension à vie avec un plancher minimum de 8 ans, Lance Armstrong a émis de fortes réserves sur cette proposition, dans la seconde partie de ses confessions avec Opray Winfrey. Quand à l’accusation selon laquelle il aurait tenté de corrompre l’Agence américaine antidopage (USADA), à l’origine de ses déboires, il oppose de fermes dénégations. 

Laissant transparaître bien plus d’émotions qu‘en première partie, il a confessé sa souffrance pour le mal qu’il a pu faire autour de lui mettant "une mère en ruines" . Presque au bord des larmes, il a avoué avoir exhorté son fils « de ne plus défendre désormais son père». Et la véritable victime dans cette scabreuse histoire est bien le principal intéressé qui confesse souffrir de ce dur ostracisme : « j’adore m’entrainer, courir, être sur une ligne de départ ». 

Malheureusement pour lui, il risque de rester longtemps sur sa faim en raison de la décision cinglante de sa radiation à vie du sport de compétition par l’Union cycliste internationale, qu’il vit tout comme « une peine de mort ». D’ailleurs dans cette période de rédemption qu’il traverse, il a fini lui-même par détester son ancienne arrogance affirmant « ne plus aimer ce gars à qui l’on avait dit qu’il était invincible et qui le croyait profondément ». « Je n’aime pas ce gars ».

Il a dit aussi « sa honte » face à son cinquième enfant, Livestrong, sa propre fondation de lutte contre le cancer, pour tout le préjudice qu‘il leur a porté. Quant aux enjeux financiers, ils sont de taille, entre la Fédération française du cyclisme, assureurs, parraineurs, partenaires, tous ceux bernés à qui il faudra restituer des sommes faramineuses. Jeter un tel discrédit sur lui et lui tout seul, relève d’une forme d’acharnement alors qu’une bonne dose d’inconscience sous tend son hallucinant dérapage à commencer par l’auto-administration de tous ces produits toxiques prescrits par des médecins. 

Avec l’aide de psychologues, il essaye de remonter tant bien que mal la pente. En tout cas, il restera toujours aux yeux de nombreux qui passent l’éponge sur ses fautes, un très grand battant prêt à toujours repousser encore plus loin les limites. 

Bientôt au cinéma l’adaptation de sa biographie à paraître au mois de juin de la plume de Juliet Macur, « le cycle des mensonges : la chute de Lance Armstrong » qui je l’espère permettra de réconcilier d’ex fans avec le personnage. De revoir à la baisse cette punition accablante en lui laissant la chance de concrétiser le rêve de « faire le marathon de Chicago à 50 ans ». De le laisser vivre !