La retraite, ça veut dire quoi ?
A l’heure où une promesse électorale est mise en place dans un but de justice au sein du monde du travail, il est peut-être utile de regarder ce que contient cette notion, éminemment moderne.
Oublions un instant les aspects financiers qui, pour légitimes qu’ils soient, masquent le contenu de cette notion. Pourra-t-on la payer longtemps ? Répartition ou capitalisation ? Le problème va demeurer encore dans les débats politiques.
D’abord, il s’agit d’une notion symbolique qui a une force prégnante en chacun de nous, jeunes éventuellement mais plus vieux sûrement.
C’est la marque de la fin d’une période, d’une tranche de vie. Elle est née avec la croyance, puis le constat de l’allongement de la vie.
Elle est la marque, plus ou moins bien vécue lors d’une cérémonie ad hoc, de l’acquiescement de la société à la part que l’on a prise pour son développement. Ce que nous lui avons coûté est équilibré par le travail accompli en échange. Nous sommes dès lors quittes et comme nous avons cotisé pour ceux qui en bénéficient, à notre tour d’être pensionné grâce aux cotisations des actifs.
Ensuite et peut-être plus important, c’est la prise de conscience que la retraite est de la vie. Tous ceux qui veulent nous en dissuader auront peine à l’avenir à proposer de revenir sur cet acquis.
Auparavant, chacun fixera une date, la retraite signifiait la mort proche. On évitait de s’arrêter de travailler pour se prouver que l’on était en vie. Et, avec ou sans gloire, on disparaissait un jour de labeur ou rejoignait le monde de la maladie fatale.
Il en va tout autrement depuis que la retraite signifie le début d’une autre vie. Certains y sont encore plus actifs, entre petits boulots et bénévolat, que du temps de leur emploi à horaires fixés.
Chacun d’entre nous a désormais conscience de ce changement définitif. Il n’est pas certain que notre société en ait tiré toutes les conséquences, sur le plan financier comme sur le plan social. Cette évidence n’est prise en compte comme telle. L’état d’esprit a changé sans que la résolution des problèmes qui en naissent ne soit modifiée.
De cet oubli plus ou moins inconscient, dépend le chômage des seniors que l’on essaye de résoudre par départ anticipé, préretraite et autres formules coûteuses qui apaisent dans un cadre statistique.
Que la signification d’une notion comme la retraite s’inverse en passant d’un contenu de mort à un plein de vie doit nourrir notre manière d’aborder son évolution.