Les pêcheurs sont dans la rue, pourquoi ? parce qu'ils sont désespérés, face à la hausse du fuel mais aussi parce que l'Europe les abandonne face à l'épuisement des ressources naturelles mais aussi face à la spéculation qui a changé de terrain de jeu (les actions et les obligations ne rapportant plus assez) et s'en prend aux matières premières et pire à nos besoins vitaux, à notre nourriture de base : Riz, blé, maïs, et maintenant poisson.

Arsenal, le grand club de football britannique vient d'acheter sur les marchés spéculatifs des marchandises des tonnes de CABILLAUD, denrée de plus en plus rare et de plus en plus chère, afin de réaliser une bonne plus-value, en misant sur une forte hausse des cours… scandaleux au moment où des millions de personnes crèvent de faim et la famine gagne de nombreux pays du tiers-monde. 

Il y a un mois j'ai assisté à une discussion entre un pêcheur retraité, un pêcheur proche de la retraite et de jeunes pêcheurs insouciants qui fêtaient leur retour d'une campagne de pêche de plusieurs semaines entre l'Irlande et l'Islande. La discussion faillit "tourner au vinaigre". D'un côté de jeunes pêcheurs salariés  fraîchement émoulus et légèrement éméchés qui fêtaient joyeusement leur retour au port, et de vieux briscards de la pêche réalistes face à l'avenir de leur mêtier.

D'un côté des jeunes inconscients des difficultés de la pêche, ou n'ayant pas de points de comparaison avec le passé, de l'autre des pêcheurs expérimentés qui ont vu la filière se tarir, et les conditions du métier se dégrader. Pour les anciens, "la pêche c'est terminée" si on se réfère aux difficultés actuelles de leur activité :

– Triplement du prix du gas-oil en six ans.

– Raréfaction des ressources : les jeunes pêcheurs qui naviguaient sur un bateau de pêche de Concarneau reconnaissaient (suite aux chiffres que donnaient les anciens) qu'ils pêchaient par matelot deux fois moins qu'il y a seulement une dizaine d'années. La faute aux bateaux-usines norvégiens, japonais ou autres qui ratissent le fond des mers, en détruisant faune et flore, et qui épuisent les ressources en poissons et crustacées, en livrant une concurrence déloyale (à la limite du respect des zones de pêche) aux petits ou moyens bateaux de pêche.

– Eloignement des zones de pêche : Face à la concurrence de la pêche industrielle et à l'épuisement des ressources, les artisans de la pêche doivent aller de plus en plus loin pour des recettes moindres. Les jeunes matelots de Concarneau avouaient qu'il leur fallait sept jours pour se rendre sur leur zone de pêche… à chaque fois plus éloignée.

– Une durée du temps de travail qui ne fait que croître : les bateaux sortent de souvent au détriment des temps de repos, et de la récupération. Un métier est de plus en plus dur.

– Un métier de plus en plus dangereux : les bateaux sortent par tous les temps (ce qui d'autant plus risqué pour des petits bateaux de pêche) alors qu'avant on ne prenait pas le risque de sortir si la mer était mauvaise. D'où des accidents graves et mortel récurrents ces derniers mois.

Qui accepterait de voir son salaire divisé par 2, son temps de travail multiplié par 2 ou 3, en mettant sa vie en jeu un jour sur 2….

PERSONNE ! à l'exception des pêcheurs, et c'est la raison pour laquelle les anciens pêcheurs du Conquet qui participaient à cette discussion dans une crêperie de Ploumoguer considéraient que la pêche c'est fini, si on nagit pas vite et efficacement sur tous ces points…