Luminita Solcan, la meurtrière de frère Roger, 37 ans, a bénéficié d'un non lieu psychiatrique, selon l'AFP, informée elle-même par le tribunal de  grande instance de Macon. Elle avait assassiné le frère Roger en 2005, durant la prière du soir, qui réunissait 2500 jeunes. Selon le procureur, elle "n'était pas consciente au moment de ses actes et (qu') elle souffrait d'une altération totale de ses facultés mentales".
C'est à l'âge de 25 ans, en 1940, que le frère Roger a pris la décision de venir en France, de Genève, et c'est en bicyclette qu'il est allé jusqu'à Taizé, où séduit par l'accueil des habitants, il décide de s'installer. Au début de la guerre, avec soeur Geneviève, il accueille des réfugiés juifs, puis rentre en Suisse en 1942 avant de revenir deux années plus tard, en 1944, pour aider à présent les prisonniers de guerre allemands.

Est-ce d'avoir vécu cette époque de la guerre, que le frère Roger était aussi soucieux d''oecuménisme? " Dans ma jeunesse, j'étais étonné de voir des chrétiens qui, tout en se référant à un Dieu d'amour, perdaient tant d'énergie à justifier des oppositions. Et je me disais : pour communiquer le Christ, y a-t-il réalité plus transparente qu'une vie donnée, où jour après jour la réconciliation s'accomplit dans le concret ? Alors j'ai pensé qu'il était essentiel de créer une Communauté avec des hommes décidés à donner toute leur vie et qui cherchent à se réconcilier toujours."
A la communauté de Taizé, fondé par le frère Roger, qui est protestant, se joignent au fil du temps des frères catholiques et de diverses tendances évangéliques, issus de différentes nations (aujourd'hui plus de trente), qui vivent tous par leur travail, et qui léguent leurs héritages personnels aux plus nécessiteux, la communauté n'acceptant aucun don pour elle-même. Les jeunes de nombreux pays et de toutes tendances chrétiennes (des orthodoxes s'y rendent nombreux) ont rapidement été séduits, et si le but n'était pas d'abord de les attirer, il devint rapidement évident qu'il fallait les accueillir au sein de la communauté pour des séjours, ce qui se fait aujourd'hui.
C'est au cours de la prière du soir, qui réunissait 2500 jeunes, priants les yeux fermés, en ce 16 aout 2005, dans une salle que n'éclairaient que les bougies des fidèles, que Luminita Solcan s'est glissé parmi les rangs, pour aller égorger le frère Roger. " La femme qui l'a agressé a réussi à s'introduire au milieu du chœur des Frères, elle s'est avancée vers lui, mais on ne l'a pas vue, car on était de dos, on a entendu le cri, on s'est retourné, c'était déjà fait " a déclaré le frère Emile, porte parole de la communauté, à l'AFP.
Les propos de la meurtrière semblent bien indiquer une défaillance psychologique, "Elle a commencé par dénoncer un prétendu complot franc-maçon puis de parler de pédophilie de la part de certains prêtres avant – et c'est la dernière version – de dire et redire que l'IRA, l'armée républicaine irlandaise, était à l'origine de l'assassinat, reconnaissant avoir tenu le couteau mais n'avoir jamais porté, elle, le coup mortel sur Frère Roger", a détaillé son avocat, rapporte une dépèche AFP.
En conséquence, c'est un centre spécialisé à Dijon qui accueillera cette femme, sous contrainte et en longue durée, son état psychiatrique étant toujours jugé dangereux.
La communauté de Taizé est toujours bien vivante, et continue à accueillir des jeunes du monde entier, pour de courts séjours. Elle sera présente aux rencontres de Genève, en fin d'année.
Le frère Roger, qui avait toujours prôné la réconciliation, avait déclaré en présence de Jean-Paul II, dans la basilique Saint-Pierre de Rome: "J'ai trouvé ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque."