Pourquoi écrire sur la haine ? Parce qu'une menace est latente, et comme un virus sournois, personne n'est immunisé ; pour l'instant ? Y a-t-il un vaccin ?

Généralement, devant les nouvelles du soir à la télévision, assis confortablement dans notre sofa à 2000 $, nous nous indignons devant les actes de violence et de haine qui sont commis par des humains de part le monde.  Pourtant, bien des actes de violence et de haine sont commis tout proche, à tous les jours, juste à coté, dans notre ville, notre région.  Nos réactions sont immédiates, nous condamnons les auteurs sur la place publique, nous les réprimandons ouvertement en croyant qu'il nous serait impossible, à nous, de commettre de telles violences.  Attention, ce n'est pas le cas ; personne n'est protégé, pour l'instant.

 

Comme expliqué dans mon blog précédant "Océan de l'Esprit", les émotions négatives ne font pas parties initialement de notre esprit, ils apparaissent en fonction des "conditions" extérieures particulières en fonction du moment, du lieu, des circonstances et du

Or, la haine est un mouvement de l'esprit, comme une vague sur la mer, née du vent ou des marées.  La haine, comme 84 000 autres émotions négatives selon les canons sacrées du bouddhisme, est comme de la saleté déposée au fond d'un verre d'eau.  Si les conditions extérieures font, qu'à un moment le verre d'eau est brassé, la saleté alors se mélangera avec l'eau claire, et puis l'eau sera sale, pour un moment ; le temps que ces saletés se redéposent doucement au fond du verre.   

Ces émotions destructrices ne font pas partis de nous, mais elles sont là, ne vous trompez pas ; elles sont bien réelles et attendent seulement que les conditions soient temporairement réunies pour apparaître d'une certaine manière, de nulle part, pour détruire votre paix intérieure du moment, celle des autres, et ainsi, détruire, sur un coup de tête, ce qui a été si dur de construire : une harmonie fragile.

 Ainsi, il est presque certain que, si on nous plaçait dans le même contexte sociologique, économique, géopolitique, etc, nous commettrions les mêmes actes de haine et de violence à l'endroit de d'autres personnes.  Cela ne vous interpelle-t-il pas ? Cette logique très réaliste, pour le moins qu'elle soit réfléchie et approfondie, est le lance de fer de la philosophie bouddhiste, et des milliers d'écrit et de débats des philosophes contemporains de l'Inde et du Tibet, et représentent une source d'information d'une grande importance. 

Malheureusement, nous occidentaux, avons opté pour une psychologie pour le moins discutable, considérant tout les maux liés à nos émotions mal comprises (suicide, dépression, etc : le fameux débats scientifiques qui présuppose que nos émotions sont le fruit de nos gênes, de notre biologie et chimie du corps.  Je crois que oui, de 10 à 40 ans, nos hormones influencent nos humeurs mais que de 40 à 80 ans, c'est plutôt notre esprit qui contrôlent la chimie du corps amoindrissant les effets des émotions négatives : à moins d'un entrainement de l'esprit pour apprendre à mieux utiliser notre esprit et notre cerveau contre l'influence naturel de nos émotions qui font souffrir).

Or, il semble que, comme humain, nous soyons tous atteint de la même maladie grave et latente ; un virus plus grave encore que la peste bubonique, la peste noire, la grippe espagnole, le VIH ou bien, la grippe aviaire en préparation.  Ne devrions-nous pas être tous solidaire pour combattre ce virus mortel qui nous guette à chaque instant ? 

La haine, ce virus, cette maladie qui semble incurable, nécessite il me semble, un remède, un antidote ou un vaccin.  Pourquoi sommes-nous si à l'aise dans notre confort du moment, nous croyant à l'abri du pire, alors que nous sommes indifférents des souffrances des autres, ayant "toujours" pour cause des actes négatifs commis par les uns à l'égard des autres.  Parce que nous sommes tout simplement dans une logique de l'instant, ou notre recherche de sensations agréables du moment, nous prend tout notre concentration. 

Dans le fond, c'est comme si nous étions déjà atteint du cancer sans que nous le sachions.  Une fois qu'un médecin nous apprend notre maladie, nos perceptions et notre vie changent radicalement, nous commençons à réfléchir !  Mais le cancer se guérit aujourd'hui, il y a donc de l'espoir.

Cet instant du moment, si cher à nos yeux, est évalué en fonction du passé, du présent et du futur. Le passé étant loin derrière et le futur loin devant, comme si nous marchions sur une route très longue et que nous avions tout le temps devant nous.  Je crois que cela aussi participe à nos problèmes face à notre quête de bien-être.  En fait, je vois cela plutôt comme si le passé n'existait pas, ni le futur également, et que nous faisions du "sur place", comme si la même journée se répétait jour après jour.

Comme humain, il faudrait être solidaire de notre contamination originelle globale et reconnaître que nous sommes malades au plus profond de notre être.  Seulement les différentes conditions extérieures nous rendent différents les uns des autres, mais sans ces conditions si différentes soient-elle, nous sommes identiques.  Un jour viendra, ou une situation vous fera exploser, avec toutes les conséquences désagréables pour soi et les autres. 

Nous devrions avoir de la peine et de la tristesse de voir ces actes de violences avoir lieu par nos frères et sœurs dans la confusion de leurs émotions, et être solidaire d'une reconnaissance de la souffrance latente. Il n'y a nul doute que la souffrance existe et nous guette, ce jour viendra.  Elle guette également tous et chacun, ce jour viendra. 

Quand la souffrance survient et nous frappe, nous et les autres sommes soudainement surpris et l'on se demande pourquoi nous ?  Pourtant, aucune surprise possible, la souffrance de nos émotions négatives sont toujours là, endormies, elles attendent de se manifester et de faire du mal. Comment en vouloir maintenant à ceux qui sont sous l'emprise du moment de la haine et la violence ?  Ne devrions-nous pas nous attarder aux solutions qui résoudraient ces problèmes humains qui sommeillent en nous ?

Il existe de nombreux remèdes qui passent par l'étude et la réflexion du problème dans sa globalité, mais néanmoins, la pratique de la compassion et de la sagesse sous toutes ses formes les plus diverses représentent les seules vraies garanties, preuves à l'appui, de pouvoir enrayer ces tendances endormies au fond de nos cœurs durcis par nos illusions de recherche de plaisirs individuels au détriment des autres : comme être humain riche, nos objets nous sont fournis par des humains pauvres, par l'intermédiaire de la mondialisation. 

Il me semble donc, en définitive, que la pratique de la compassion et de la sagesse, de la réflexion et de l'étude, en prévision du désir de se transformer et de saisir une opportunité rare en cette époque pour un avenir riche en bonheur, serait de protéger ceux qui sont les dépositaires d'enseignements réalistes et logiques sur notre nature commune et fondamentale, une esprit de claire lumière. 

C'est pourquoi, je suis si troublé par ces moines, nonnes, laïcs tibétains, cette culture précieuse qui est en péril depuis 49 ans, et qui subit actuellement des évènements terribles au Tibet.  Nous devrions être solidaire et agir avec tous les moyens disponibles : la raison de ce texte que je considère comme une action, si minime soit-elle ?

Merci de m'avoir lu,

Stéphane….