enfin libre après deux mois dans le désert du Nigéria.
Amaigris mais en bonne santé ainsi que leurs quatre enfants. Ils furent enlevés au Cameroun le 19 février, et sont sur cette image à l’ambassade de France à Yaoundé le 19 avril. Leur libération fut d’abord annoncée par le président camerounais Paul Biya pour être ensuite confirmée par l’Élysée. Le ministre des affaires étrangères s’est immédiatement rendu auprès de la famille Tanguy Moulin-Fournier.
Que l’on se rappelle, ils furent enlevés avec leurs quatre enfants Eloi, Andéol, Maël et Clarence âgés de 12, 10, 8, et 5 ans, avec l’oncle Cyril Moulin-Fournier dans le parc national de Wasa dans l’extrême-nord du Cameroun lorsque leur véhicule fut intercepté par des hommes à moto. Le véhicule fut abandonné et la famille emmenée au Nigeria voisin. Cette famille réside depuis deux années au Cameroun à Yaoudé ou le père est directeur de développement chez GDF Suez.
En fait, on connait peu d’éléments sur cet enlèvement sinon que le groupe Boko Haram avait capturé cette famille comme monnaie d’échange des prisonniers au Cameroun et au Nigéria. Le 21 mars Boko Haram précisa ses intentions dans une vidéo diffusée sur Youtube le 25 mars 2013.
Cette vidéo montre trois adultes dont une femme et quatre enfants entourés par trois ravisseurs au visage masqué par des chèches se réclamant de Boko Haram, la capture d’écran fit l’image qui fut reprise par tous les médias, voir l’article «Otages François Hollande ne veut plus payer». Une source proche de la famille, selon la formule habituelle avait authentifié le document. La réclamation des ravisseurs fut la libération de frères islamistes emprisonnés au Cameroun et de femmes emprisonnées au Nigéria. Ces revendications furent donc impossibles à satisfaire pour la France puisqu’elles dépendaient de gouvernements souverains. Ce fut donc une action commune qui permit leur libération. Elle fut donc liée à la décision de ces gouvernements, cela montra la grande difficulté des négociations qu’il fut nécessaire d’engager.
Le 18 mars, un second enregistrement sonore fut diffusé et l’homme qui parla s’est dit être détenu par Jamaatu Ahlisunnah Lidda’awatiwal Jihad, nom arabe par lequel le groupe islamiste nigérian Boko Haram se fait appeler. Il parla en français et anglais et se présenta Tanguy Moulin-Fournier pour demander à l’ambassadeur de France au Nigéria, puis au président camerounais Paul Biya de tout mettre en œuvre pour leur libération en décrivant les conditions difficiles de leur captivité. Là aussi, la voix fut reconnue par un proche de la famille. Cette voix de détresse fut un appel au secours, nous sommes détenus depuis 25 jours, dans un endroit désertique. «Nos conditions de vie sont très dures notamment pour les enfants. Nous perdons nos forces chaque jour et commençons à être malades. Nous ne tiendrons pas longtemps, s’exprimait ainsi Tanguy Moulin-Fournier, eau, chaleur, nourriture, sommeil, d’autant plus pour nous qui sommes des Blancs, non habitués aux chaleurs africaines, et pour les enfants». Il rappela ensuite les exigences de Boko Haram pour leur libération et demanda de tout mettre en œuvre pour qu’une solution soit trouvée.
Cet appel, si tant est qu’il émeut, il y a des enfants, d’autant que c’est la première fois que des enfants sont otages, constituait forcement une gène pour les ravisseurs auprès de la population africaine. Pour autant, François Hollande renouvela son opposition à tout versement de rançon. «La politique de la France, c’est qu’il n’y a pas de versements de rançons». Des déclarations qui auraient pu inquiéter les familles des otages. Pour autant, pendant ces deux mois de captivité, celles-ci communiquent sur leur confiance renouvelée aux autorités françaises. «Nous pensons que tout est réellement fait pour les revoir très vite», affirmèrent les frères respectifs des parents sur RTL à la veille de l’annonce de leur libération.
Leur libération reste un mystère si tant est que les négociations furent secrètes. Ce que l’on sait c’est que François Hollande annonça lorsqu’il vint les accueillir à Orly le 20 avril, à la descente de l’avion diplomatique du ministre des affaires étrangères, qu’aucune rançon ne fut donnée en échange de leur libération. En revanche, les ravisseurs obtinrent la libération d’une dizaine de personnes des prisons camerounaises et nigériennes selon le renseignement français. Au début, ils avaient demandé avec la remise des personnes emprisonnées, de l’argent, mais au cours des contacts leur demande s’est focalisée sur la remise des prisonniers. Dans ce succès, il faut noter le rôle de Laurent Fabius qui n’a pas ménagé sa peine auprès des chefs d’État du Cameroun, Paul Biya, et du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui, sans eux, aucune issue positive n’eut été possible. Mais, il faut souligner que sans la fermeté du président de ne payer aucune rançon les otages n’auraient probablement pas été libérés si rapidement. C’est certainement cela qui fit que les ravisseurs abandonnèrent cette exigence.
L’employeur GDF Suez de Tanguy Moulin-Fournier tenta un temps de résoudre cette prise d’otages en utilisant ses propres contacts pour payer la rançon. Cette idée fit psitt après l’intervention du Quai d’Orsay informé par les services de renseignements. GDF Suez n’a pas souhaité commenter cet épisode.
Ce fut une collaboration internationale à coté du Cameroun et du Nigeria, la Grande-Bretagne apporta son aide. Il faut comprendre que la présence d’enfants fut un facteur d’urgence aux yeux de l’opinion, mais aussi dans l’esprit des responsables politiques qui donna lieu à une mobilisation sans précédent de l’État français, mais aussi de plusieurs pays. Le Nigéria qui accepta la demande française alors qu’il est dans une ligne très dure contre Boko Haram, que la France soit seule décisionnaire en cas d’une opération armée. Les services secrets français furent autorisés d’opérer auprès des forces nigérianes.
Quand au Cameroun, le président intervint pour que des personnes détenues dans les prisons fussent libérées conformément aux exigences des ravisseurs. Ces prisonniers comme au Nigéria furent condamnés à des peines qui n’avaient pas de rapport avec le terrorisme, mais seulement pour des problèmes financier et commerciaux. Le président Biya fit de la résistance, mais la pression française était plus forte.
La Grande-Bretagne apporta son aide sur sa connaissance de la zone située au nord du Nigéria ou se trouvaient les otages. Selon une source diplomatique, «l’expertise britannique sur les réseaux de pouvoirs locaux et la sociologie clanique et tribale permit d’approcher au plus près d’une réalité locale très complexe».
Quand aux États-Unis, ils mirent à notre disposition des moyens électroniques de surveillance qui offrirent la possibilité de couvrir une zone assez large sur laquelle le contrôle fut permanent.
Pour ce qui nous concerne, furent mobilisés des forces du service action de la DGSE et des groupes du commandement des opérations spéciales qui travaillèrent en synergie auprès d’un militaire interrogé à Paris. Des éléments se trouvaient en périphérie de la zone où était retenue la famille de M. Moulin-Fournier. Leur présence avec les forces nigérianes finit par devenir une gêne pour les populations qui vivent des nombreux petits trafics dans cette région. Il semble que cette gêne permit d’obtenir beaucoup d’informations. Le fait qu’il fut pris des enfants et une femme a affaiblit les ravisseurs, «les villageois n’étaient pas d’accord avec l’enlèvement d’enfants».
Ce fut une pression de toutes les parties sur les ravisseurs, finalement, elle porta son fruit.
Il reste encore au moins huit de nos otages dans cette région du Sahel, Philippe Verdon aurait été exécuté. La question qui se pose est-ce-que l’opération Serval permettra de les libérer. Le silence sur la suite de cette opération maintenant que nos forces ont commencé leur retour, pose cette question ?
Je ne pense pas que ce soit parce que Hollande a déclaré que la France paiera pas de rançon que les choses se soient accélérées ! Au demeurant cela a inquièté beaucoup les familles et le gouvernement Camerounais. !
C’est le gouvernement camerounais seul qui a fait tout le nécessaire ( sans exclusion ) pour obtenir cette libération de la part des ravisseurs ! Le gouvernement français n’a fait que récolter des lauriers !
Il n’est pas difficile d’imaginer des arrangements possibles entre GDF-Suez et le président du Cameroun sur le projet de gaz au Cameroun ( le prix évoqué ne représente même pas celui d’une turbine ou d’un réservoir !)
On ne peut que se féliciter de la sagesse de Paul Biya et de Monsieur Mestrallet qui ont débloqué à eux seuls la situation !
[b]Denis[/b] bonjour,
Ne pas penser ne veut pas signifier que cela n’existe pas. Vous oubliez une chose essentielle, si vous acceptez de payer comme le fit Sarkozy, d’une part cela fait monter l’enchère et d’autre part conforte le maintien des otages.
Si vous déclarez que vous ne payez pas, se pose le dilemme, « je vais donc devoir garder les otages », ce qui à un moment donné devient une charge trop lourde pour ces terroristes.
Maintenant, les réactions des familles sont naturelles pour elles, elles préfèrent que l’on paye, mais pour un président, il s’agit d’un problème national, ce n’est pas le même contexte.
Quant à dire que c’est le Cameroun qui a été le plus actif cela me paraît juste, c’est sur son territoire qu’ils furent capturés et les prisonniers libérés l’ont été par le président du Cameroun.
Mais delà à dire que la France n’a fait que récolter les lauriers cela par d’une mauvaise intention, ce qui serait selon vous, que nous nous serions dégagé de leur libération, c’est une accusation grave et irresponsable.
Vous avez un raisonnement que je ne peux accepter.
Bien à vous,
Anido