Selon l’agence kabyle d’information Siwel, le suspect mis en examen à Paris dans le cadre de l’enquête sur les exécutions de trois militantes kurdes ne serait pas, pour le moment, l’indice probant de dissensions internes au PKK. Siwel se fonde sur des sources kurdes mais aussi sur des déclarations de l’oncle, Zekai Guney, du mis en examen, à CNN. Omer G. (Guney, selon la presse turque), présenté tel « le chauffeur de l’une des victimes », n’a effectivement rien, à priori, d’un garde du corps. De plus, son colocataire, qui avait été lui aussi placé en garde à vue, a été relâché.

Quels sont les éléments divulgués justifiant la mise en examen d’Omer G. qui nie avoir exécuté les trois militantes du PKK établies à Paris, au Centre d’information kurde ? La vidéo surveillance : il serait sorti de l’immeuble de la rue Lafayette environ trois-quarts d’heure après celle présumée des exécutions. Les analyses qui se poursuivent : de la poudre a été retrouvée sur certains de ses effets.
Ce second élément n’aurait rien de très incriminant si Omer G. était bien un garde du corps, s’entraînant au tir, militant et combattant du PKK, comme il sied à une escorte rapprochée de personnalités de ce parti. Mais, justement, ce ne serait pas le cas. 

Soit le PKK se distance du suspect pour ne pas accréditer la thèse d’un règlement de compte interne ou d’un crime crapuleux, soit cette distance est justifiée.

Selon ActuKurde, Omer G., 31 ans, se serait fait passer pour un Kurde, et sa famille serait en fait très loin de soutenir le PKK, et même, au contraire… Par ailleurs, hier, sur CNN, Zekai Guney, son oncle a décrit un Turc fixé en France depuis l’âge de cinq ans, travaillant avec son père dans un restaurant rapide, puis agent de sécurité aéroportuaire. « Ils veulent lui mettre ces meurtres sur le dos. Ni lui, ni nous, ne pouvons être en aucun cas du PKK. ».

Selon la Feyka (Fédération des associations kurdes de France), Omer G. aurait adhéré à un centre culturel en novembre 2011, à Villiers-le-Bel. « Un simple adhérent [qui] n’était pas chargé de servir de chauffeur à Sakine Cansiz » (la plus en vue des trois victimes). Dans ce cas, effectivement, ce ne pourrait être un combattant. Des sources officielles du PKK ou proches de cette formation dénoncent à présent « une opération commune du Gladio Turc et d’Ergenekon Vert [Ndlr. – « l’État profond » islamiste], avec une coopération de services secrets internationaux. ».

On sait que des officiels français ont pris langue avec des contacts du PKK à Paris après la mise en examen. Sans provoquer de réactions particulières. Ni de mise au point. Deux voitures officielles ont été vues stationnées rue d’Enghien, près du Centre culturel kurde. S’il s’était agi d’un combattant ou d’un militant estimé suspecté à tort, les réactions n’auraient pas manqué ; si c’est bien une personnalité connue pour son opposition aux négociations de cessez-le-feu en cours, cela aurait déjà fini par se savoir. Et la presse turque, en particulier la nationaliste kémaliste, le mettrait lourdement en exergue.

La communauté kurde d’Île-de-France a « logé » Omer G. qui cohabitait, à La Courneuve, avec le second gardé à vue. On veut bien imaginer qu’un militant ou combattant partage un appartement avec une personne n’ayant aucune activité politique pour donner le change, mais cela présente un risque majeur : que le colocataire soit incité (financièrement) à surveiller ses allées et venues, ses contacts, &c.

La Turquie continue à procéder à des arrestations et à bombarder… Pour Druze.info, « la piste syrienne » ne peut déjà être exclue. 

On ne peut déterminer, semble-t-il, pour le moment, si Omer G. est bien le tireur, ni vraiment ses motivations si c’était le cas (acte décidé seul, ou suggéré, et par qui). Selon sa famille, sa personnalité serait fragile. Bref, un suspect idéal pour donner le change.

On relèvera que la plupart des sites turcs francophones restent très circonspects. Ömer Güney, pour la presse turque de Turquie, aurait pu être lié davantage avec Bahoz Erdal, un membre syrien d’une branche du PKK qu’avec la direction du PKK elle-même. Une hypothèse découlant des heurts récents entre islamistes syriens et Kurdes de Syrie, mais très peu étayée.
Le père du suspect résiderait à Garges-les-Gonesse mais n’aurait pu être joint par sa famille restée en Turquie. Il semble qu’il ne soit pas souhaitable de donner trop de détails sur la personnalité ou les fréquentations du seul suspect…

Selahattin Demirtas, du BDP (kurde) a considéré que les informations du parquet français n’étaient pas satisfaisantes et surtout incomplètes. Le doute subsiste donc.