Kadhafi, Sarkozy, Mediapart… la France piteuse

Ce n’est pas encore (déjà) le cas : « ’den Sarko’ya 50 milyon euro », pas besoin de traduire, c’est explicite, et je vous en passe d’autres qui ne vont heureusement pas jusqu’à tourner en dérision la dite France des Droits de l’Homme donneuse de leçons. Cela viendra, sans doute très vite, en cas de réélection de Sarkozy. Le scandale majeur ne réside d’ailleurs pas dans les informations de Mediapart mettant en cause les tractations entre le clan Sarkozy et le régime des Kadhafi. C’est bien davantage cette intervention armée, fomentée, laissant derrière elle le chaos avec un Sarkozy s’en lavant les mains qui ternit la renommée mondiale du pays…

 

En général, qui casse paye. Mediapart a une fois de plus cassé l’image de Sarkozy, mais, sauf tripatouillage judiciaire, Mediapart ne paiera pas. La Sarkozye du Sarkoland a dénoncé telle une infamie la publication par Mediapart d’un document libyen montrant que Sarkozy faisant tendre la sébile – à hauteur de 50 millions – chez les Kadhafi pour, à coups coûteux meetings et gadgets, faire financer sa campagne de 2007.

D’une part, Edwy Plenel, de Mediapart, confirme la fiabilité de ses informations, mais en rajoute une lourde couche. Ce que la Sarkozye ne supporte pas, « ce ne sont pas seulement nos informations, mais le fait de n’avoir aucune prise pour les entraver ou les étouffer, aucun relais complice, aucun moyen de pression. ».
On en vient à se demander si la politique de Sarkozy, à l’endroit de la Libye des Kadhafi ou des Assad de Syrie n’était pas d’abord motivée par l’âpreté au gain.

Mais admettons que ces relations intéressées, et la « lune de miel » entre le candidat, puis le président français, et ces familles, n’aient eu pour but que de se faire élire et non élargir encore un très confortable patrimoine personnel (qui a crû d’au moins trois millions en cinq ans).  

D’autre part, le scandale n’est pas tant que Bachir Saleh, le comptable du clan Kadhafi, soit choyé, semble-t-il, par Claude Guéant, sur ordre, bien évidemment. Le Libyen Bachin Saleh n’est pas un immigré comme un autre : les autres, dehors, lui, dedans. Bah, puisque Bernard Henri Lévy se tait, c’est que ce n’était pas un tortionnaire comme d’autres, même s’il est supposément recherché par Interpol. Ce qui est proprement scandaleux, c’est d’avoir plongé tout un pays dans le chaos et de s’en laver les mains.

Laissés à leur sort

Qui casse, paye, mais les Libyennes et les Libyens restent livrés à leur sort et le scénario qui les guette, c’est, en plus rampant, celui de l’Irak. On ne sait trop si le gouvernement libyen a été limogé ou non, rétabli véritablement ou non. On ne sait trop si les services français ou britanniques ou d’autres ont favorisé le départ de la Libye d’un cargo chargé d’armements, arraisonné avant de les acheminer vers la Syrie, via le Liban. On ne sait trop rien.

La France, qui a fomenté un coup d’État, s’est retrouvée, avec les Britanniques, les Canadiens, et quelques autres pays, à soutenir une révolution dont elle n’avait pas du tout prévu les suites et conséquences. Le résultat est pour le moins douteux. 

L’Arabian Gulf Oil va peut-être devoir interrompre ses activités parce que des milices locales demandant (traduisez : extorquant) l’argent de leur racket de « protection » se refuserait (oh, elle finira par le faire) à graisser plus longtemps les pattes. Sarkozy tape sur la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie qui ne parviennent pas à endiguer la venue d’immigrés clandestins, mais pas du tout, mais alors aucunement, sur les mafias libyennes qui rançonnent des candidats au voyage (ou au naufrage) vers l’Europe. Sarkozy, qui a flatté les communautarismes musulmans et israélites, ne voit pas ce que pourrait impliquer l’implantation des salafistes et des Frères musulmans en Libye.

Les Frères musulmans libyens se targuent à présent d’avoir, deux jours avant les prémisses du soulèvement général en Libye, d’avoir appelé leurs partisans à revenir combattre en Libye. Les Frères ont depuis formé le parti de la Justice et de la Construction. Un parti « indépendant ».
Cela, ils l’ont déjà fait ailleurs. Ligne de conduite publique : tant que les principes des Droits de l’Homme ne contreviennent pas à notre foi, nous les tolérons (dans le texte : nous les supportons, confortons).

L’aéroport de Benghazi est désormais, depuis quelques heures, sous le contrôle de milices et bandes armées qui, on peut les comprendre, veulent le prix du sang (ou plutôt, pour beaucoup, du ralliement de dernière minute).L’aéroport Benina est donc pris en otage. CNT, passez à la caisse, ou nous refoulerons qui nous voulons. 

Les Amazigh (Berbères) de l’ouest, qui constituent plus ou moins 8 % de la population libyenne, ont très peur de l’influence islamiste, notamment en matière de scolarité des filles et de statut des femmes. La Sarkozye s’en contrefiche. BHL de même.

Des équipages maltais restent détenus à Tripoli. Malte est membre de l’Union européenne, la Sarkozye a d’autres chats « hollandais » à fouetter et la MV Azzura (sous pavillon moldave mais à équipage maltais sous commandement turc) manque d’eau potable, mais ce n’est plus son problème. 

Prends le fric et tire-toi (Take the money and run), telle est la devise de la France devenue Sarkoland. Là réside le principal scandale.

Des bombes à fragmentation ont été utilisées en Libye : que les enfants libyens, les Libyennes et les Libyens s’en débrouillent ! La France à un type à gaver encore cinq ans à l’Élysée.

Hypocrisie totale

En France, on nous gave de considérations oiseuses sur l’entrée de la Turquie dans l’UE et le vote des estrangers aux élections locales. La plupart des citoyens européens électeurs en France ne votent pas, sauf dans les villages où ils sont majoritaires, et encore… Il en serait sans doute de même des autres étrangers, mais, bon peuple, émotionne-toi. En revanche, es-tu très fier des décombres que tu laisses en Libye ? 

Fransa’da bir internet haber sitesi, Kaddafi rejiminin Sarkozy’nin 2007 yılındaki seçim kampanyasına 50 milyon Euro yardım yapmayı kabul ettiğini gösteren bir belge yayınladı. Mais, franchement, vous, toi, moi, on a l’air de quoi ? Fransa Cumhurbaşkanı Nicolas Sarkozy’nin 2007 yılında Eylsee Sarayı’na çıktığı seçimin masraflarını Libya’nın öldürülen eski lideri Muammer Kaddafi’nin karşıladığını iddia eden Fransız haber sitesi Mediapart.

Attendez, là, je ne vous donne que des extraits en turc. Mais il y les dépêches Reuters en de multiples autres langues. Pour l’AFP, ils se retiennent, de peur de la réélection de Sarkozy et des sanctions (l’État contribue encore beaucoup au budget de l’Agence France-Presse).

Fransa Cumhurbaşkanı Nicolas Sarkozy, Libya’nın devrik lideri Muammer Kaddafi’nin, 2007 yılındaki seçim kampanyasına destek verdiği yolundaki iddialara bugün sert tepki gösterdi. Eh, Sarkozy, « on » l’a élu, c’est la France.

Avec ce malfaisant ludion, désolé, mais on passe pour ce qu’on est : une nation de boutiquiers prêts à tout. Français israélites inclus, d’ailleurs, depuis que Pasquier, du Crif, appelle discrètement à voter Sarkozy. La hiérarchie musulmane aussi, mais, bon, on peut la comprendre : il y a davantage de légions de « honneur » et de prébendes à prendre. Je sais, c’est petit et mesquin.

Là, on commence à éliminer les témoins. Choukri Ghanem, ancien ministre libyen du pétrole, a été retrouvé noyé, à Vienne, dans le Danube. Franchement, vous, toi, moi, on a l’air de quoi ? 

Plus de mille migrants par jour en Libye. Et on tape sur la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie ? Attendez, là, on passe pour quoi ? Bachir Saleh protégé par la Sarkozye, venu en France sous passeport nigérien, congratulé par Guéant, et puis des discours et des discours pour donner le change ? Discours pour les dupes. 

La Sarkozye donne sa bénédiction à l’islamisme « modéré » partout, y compris en Algérie : «l’éteignoir des quelques libertés subsistantes, » estime AtlasInfo

Sarkozy demande « plus de pudeur » au sujet de DSK. Comme si le cas de Dominique Strauss-Kahn était primordial. Pour ses propres turpitudes, meurtrières, liberticides, il demande l’amnistie ou l’amnésie. Eh bien, non ! Quand on fout le bouze, en général, on se préoccupe des suites, mais le capo Sarko s’en fout, et cela rejaillit sur nous toutes et tous.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

6 réflexions sur « Kadhafi, Sarkozy, Mediapart… la France piteuse »

  1. Évidemment, si c’était lié à des ventes de missiles et d’une centrale nucléaire, ce qui semble être le cas, on comprend mieux pourquoi, par la suite, on a poussé les feux contre les Kadhafi.
    Il y a dû y avoir d’énormes pressions internationales pour que les missiles ne soient jamais livrés, que la centrale ne soit jamais construite.
    Je ne sais si cela sera dans un an, ou dans six ans (si Sarkozy est réélu, car, Vieilleforge, rien n’est sûr), mais tout cela finira par se savoir.

  2. Kadhafi devait être blackboulé, Kadhafi c’est 4 décennies d’exaction , de tortures, de terrorisme ….

    Fosses communes, corps calcinés, putréfiés, torturés, voilà pour les victimes du soulèvement populaire. Amnesty International a publié des témoignages sur des tortures et mauvais traitements, commis par des rebelles et des forces loyales au dirigeant, ainsi que sur l’exécution de détenus par des pro-Kadhafi alors que les insurgés étaient dans Tripoli.

    Dernières victimes d’une longue pratique héritée de l’ère Kadhafi. En libérant les villes une à une, les rebelles ont permis de poser des images sur une réalité loin des regards. Sur quatre décennies d’exactions…..

  3. Avec cette affaire, le pompon du quinquennat est sorti. Du Fouquet’s, pour une entrée en fanfare, au pipeau tenté pour une sortie calamiteuse avec soupçon de financement nauséabond, le tour de piste s’assombrit. N’oublions pas qu’ayant au moins fréquenté de près les arcanes douteuses de la campagne de Balladur, il ne pouvait que faire montre d’une voracité tous azimuts pour atteindre le pouvoir suprême. Décidément, ce 1er Mai sera bien son dernier, comme Président. Cf. http://pamphletaire.blogspot.fr/2012/04/le-1er-mai-sera-son-dernier.html.

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