"Le vrai sujet du PS aujourd’hui, à force de ne pas avoir crevé ses abcès idéologiques, de ne pas sortir une idée nouvelle depuis dix ans, c’est que maintenant est monté à la gauche de la gauche un type qui s’appelle Olivier Besancenot", a estimé l’inénarrable Jean-François Copé lors du Grand Rendez-vous Europe 1–TV5 Monde–Le Parisien/Aujourd’hui en France. Nous ne lui donnerons pas tort sur le grand écart, au sein du PS, entre un Mélenchon ou un Hamon et un Valls ou un Strauss-Kahn. Non plus que sur le fait que les socialistes, tiraillés entre la tentation centriste et le cap à gauche, voient se détourner d’eux toute une frange de l’électorat progressiste au profit du leader de la LCR, qui incarne sans ambiguité une opposition frontale et résolue à la droite. De là à interpeller Ségolène Royal, auteure d’une attaque* en bonne et due forme de Sarkozy, en estimant que "Mme Royal aurait mieux fait, plutôt que de concentrer ses tirs avec cette violence contre Nicolas Sarkozy, de nous dire ce qu’elle compte faire avec un autre problème beaucoup plus grave pour elle qui est celui d’Olivier Besancenot", il y a là un singulier renversement des priorités. […/…]
Ainsi donc Besancenot serait un "problème beaucoup plus grave" que l’hyperprésident qui entraîne le pays, jour après jour, toujours plus loin dans la voie de la régression sociale et culturelle généralisée et menace un à un tous les piliers sur lesquels est bâtie la République** ? Pour arriver à cette surprenante position, Copé diabolise le facteur, comparé à nul autre que… Jean-Marie Le Pen : Besancenot serait "en train d’utiliser la même stratégie que Jean-Marie Le Pen à l’extrême droite il y a vingt ans, c’est-à-dire un système dans lequel, en réalité, on vient chercher très à gauche et ne reculant jamais devant aucune provocation". À peine le sémillant député-maire de Meaux, président du groupe parlementaire UMP et avocat d’affaires à temps partiel reconnaît-il "évidemment quelques différences notoires de conceptions entre l’extrême droite et l’extrême gauche". Ouf. Il fallait tout de même oser comparer le chef du Front national avec celui de la LCR, venant du représentant du parti qui a consciencieusement siphonné l’électorat d’extrême droite en appliquant à la lettre son programme sécuritaire et anti-immigrés !
Ce n’est pas de cela que nous voulions vous parler. Mais d’une petite partie de l’intervention de Copé reproduite ci-dessus, précisément ce passage : "Le vrai sujet du PS aujourd’hui, à force de (…) ne pas sortir une idée nouvelle depuis dix ans (…)". Emblématique de la grande imposture de la droite, qui se prétend le camp de l’innovation et de la "réforme" et présente la gauche comme immobiliste et réactionnaire. Parce qu’au fond, quelles sont-elles, les idées de Copé ? Il faut en réalité parler au singulier : il a UNE idée, "travailler plus pour gagner plus" – qui n’est pas de lui qui plus est ! On a pu le mesurer à satiété (ad nauseam serait plus juste) durant la campagne électorale présidentielle, où il courut inlassablement les plateaux pour aller partout ressasser l’improbable slogan, censé pouvoir résoudre tous les problèmes de la France. Alors franchement, reprocher aux socialistes de ne pas avoir eu d’idée nouvelle depuis dix ans, c’est le roquefort qui dit au camembert : "tu pues !" Marylise Lebranchu, députée PS du Finistère et ancienne garde des sceaux – d’un autre niveau que Calamity Dati ! -, qui nous fait l’honneur de compter parmi les lecteurs de ce blog, fournit une réponse parfaite à la présomptueuse saillie de Copé, dans sa contribution au congrès de Reims : "Ce que le candidat Sarkozy a accompli mérite d’être souligné. Au terme d’un pilonnage quotidien, il est parvenu, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, à rompre avec l’équation qui faisait de la contestation des thèmes mitterrandiens une régression. Aussitôt, la préservation des limites posées par la gauche est devenu conservatisme : ce sont les rentiers, les fraudeurs du fisc qui ont soudain incarné, aux yeux des Français, le camp du mouvement, de la liberté et du progrès ! Sa nouveauté ne tient donc pas à ses slogans, qui sont pour certains directement importés de la droite des années 1970 (pour une France de propriétaires, contre la chienlit de 1968, pour la France qui se lève tôt…). Elle tient encore moins à ses politiques qui sont un retour vers la France d’avant-guerre, voire de l’Ancien régime : remise en cause de la durée légale du travail (avant 1919), de la retraite par répartition (avant 1945), des remboursements de Sécurité sociale (avant 1945), du repos hebdomadaire (avant 1906)… et réinvention d’un enfermement judiciaire hors peine (avant 1789) ! La nouveauté de la situation vient de la capacité du candidat de droite à faire de ces vieilles lunes réactionnaires le signe même du modernisme, et simultanément, à faire des valeurs de la gauche l’attribut même de la ringardise." Tout est dit, merci Marylise !
* Son texte, « Combattre et proposer », construit selon la formule participative, avec 3 000 contributeurs, dénonce « les dégâts de la droite », le « système prédateur de Nicolas Sarkozy, opposant la France des Falcon à celle des salariés au pouvoir d’achat confisqué. » Elle fustige celui « qui avait promis la rupture, alors que la France connaît aujourd’hui une grave déchirure ». Un des sept chapitres, des sept « piliers », de sa contribution, invite à « combattre la mainmise du clan Sarkozy sur la France », comme le résume Ouest-France.
** Je ne développe pas : lire Sarkozy, la grande manipulation, qui le démontre sur 172 pages.
Ségolène Royal, Besancenot et toute la gauche : même combat !
Excellent article.
Face aux attaques massives de l’UMP contre Ségolène Royal, après ces incitations à l’acharnement médiatique contre elle (Lefèbvre, Sarkozy, Raffarin, Copé) et maintenant même des opérations de déstabilisation (vols d’ordinateurs, saccage de son appartement à la veille de son essentielle contribution pour sa candidature au PS), on est à la croisée des chemins.
Entre le capitalisme financier prêt aux dernières ignominies pour détruire l’opposition modérée
et
la gauche dure en guerre contre ces s…, le choix est désormais limpide: Besancenot et nous, ce sera le même combat ! Avec des moyens différents, nous les militants de Ségolène Royal, menerons côte à côte la contre-offensive pour une société plus juste, qui recherche le meilleur pour tous, qui ne soit pas à la botte du capitalisme financier, de ses manipulations médiatiques et de ses sabotages.
je pense que Ségolène poursuit une voie indépendante et ne fait pas partie de la PYRAMIDE.
ELLE va la forcer à se soumettre ou à se demettre !!!!!!!!!!!!!!
c’est là, un avis strictement personnel .
personnel, mais important à considerer : car il ne faut pas regarder qu’à la surface des eaux….il y a tout ce qui se passe dans les profondeurs !!!!!!!!!!!!!!!!!!
Jean-Marie Le Pen : Besancenot serait « en train d’utiliser la même stratégie que Jean-Marie Le Pen à l’extrême droite il y a vingt ans, c’est-à-dire un système dans lequel, en réalité, on vient chercher très à gauche et ne reculant jamais devant aucune provocation ».
Moi je pense plutôt que la droite actuelle utilise Besancenot comme la gauche utilisait Le Pen.
Le Pen était la machine à faire perdre la droite.
Besancenot risque de devenir la machine à faire perdre le PS.
Besancenot concentre sur lui les mécontents que l’on fabrique à tour de bras actuellement. Lorsqu’il sera assez fort, acceptera t il encore les miettes du PS?
Que le PS se débarrasse de sa frange centriste et redevienne un vrai parti de gauche, que diable !