En décembre 1999, Les Nations Unies proclamaient le 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes. Ce geste souhaitait alerter la communauté internationale sur la gravité d’une situation intolérable, et l’extraire de son enfouissement dans le huis clos familial.
La loi du 4 avril 2006 a levé le tabou des violences familiales. Elle reconnaît le principe de l’aggravation de la peine pour les violences commises au sein des couples, par le conjoint, le concubin ou le partenaire lié par un PACS ainsi que par les « ex ». Elle reconnaît le viol et les agressions sexuelles entre époux via une répression aggravée. Elle comporte des mesures préventives de lutte contre les mariages forcés, d’éloignement et de prise en charge de l’auteur de violences déjà prévus par la loi du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive. Le suivi de l’auteur des violences conjugales a été renforcé par la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, permettant le suivi socio-judiciaire des auteurs de violences conjugales, désormais possible dans le cadre du sursis avec mise à l’épreuve depuis la loi du 10 août 2007.
Cet arsenal judiciaire répressif et préventif aurait pu améliorer la situation, mais les statistiques et certains rapports, montrent que ces dispositions restent insuffisantes en l‘état.
2010 a été une année pivot de la prise en compte des violences faites aux femmes, décrétées grande cause nationale 2010, avec des résultats concrets lors de dates essentielles législatives du 25 février, et 9 juillet instaurant l’entrée au pénal de la violence psychologique exercée dans les violences conjugales.
Ces avancées historiques ne sont pourtant que des premiers pas. Il faudra encore beaucoup de travail, d’amendements, de formation des professionnels et d’information du public pour que les effets soient visibles.
Conférence de presse du 18 janvier 2011 dans un salon de l’Assemblée Nationale en présence des parlementaires.
Le docteur Geneviève Pagnard est l’un des moteurs depuis plus de six ans de cette évolution législative. Psychiatre victimologue, diplômée de criminologie et agressologie, consultante-expert en affaires criminelles, auteur de plusieurs ouvrages et plusieurs fois invitée en émissions de télévision, elle a été le seul expert psychiatre auditionné par le Sénat en 2010 et vient de publier une mise à jour d’un excellent outil pour les particuliers autant que pour le professionnels, le livre référence « Crimes impunis », aux éditions Prime-Fluo.
Le docteur Pagnard a accepté de m’accorder plusieurs échanges ces derniers mois et un interview dans la suite de sa conférence de presse du 18 janvier 2011 à l’Assemblée Nationale, à laquelle j’assistais, en présence de monsieur Guy Geoffroy, Député vice-présidente de la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale, de mesdames Marie-Jo Zimmerman, Députée, Présidente de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée Nationale, Danielle Bousquet, députée, membre de la Commission des lois à l’Assemblée Nationale, vice-présidente de la Délégation aux droits des femmes, Muguette Dini, Sénatrice, Présidente de la Commissions des Affaires Sociale du Sénat.
I. V. : Docteur Pagnard, tout d’abord je vous remercie d’avoir trouvé le temps de participer à cet interview. Pouvez-vous rappeler aux lecteurs la genèse de la loi du 9 juillet 2011, et nous expliquer en quoi elle est « révolutionnaire » terme employé à son sujet par de nombreux commentateurs ?
Dr Pagnard : Il est apparu, notamment à la suite des Canadiens et des Espagnols que la France était très en retard en matière législative sur les violences psychologiques dans le couple et la famille. Or, la définition de "violence psychologique" était difficile à établir: à partir de quel moment pouvait-on considérer qu’un couple passait d’un simple conflit, à quelque chose de l’ordre de la violence psychologique?
Or, il existe un processus de violence psychologique qui regroupe toutes les formes de violences décrites jusque là séparément par ces pays. Il s’agit de la manipulation destructrice. C’est la forme la plus fréquente, la plus insidieuse et la plus destructrice de violence psychologique, pouvant comporter le viol et l’inceste, et pouvant aboutir au suicide, voire au meurtre des victimes. Les Sénateurs ont compris que c’était pour ce processus qu’il fallait établir un délit, d’où le délit "ciblé" de "harcèlement psychologique" et non plus vague, de "violence psychologique".
La manipulation destructrice touche, ne serait-ce que dans le huis clos familial (mais elle s’observe dans n’importe quel secteur de la Société…), environ 1/3 de la population, ce qui est une proportion très importante. C’est un véritable fléau, tapi dans l’ombre. En cela, et, par le fait qu’on ait admis enfin que la famille n’était pas ce "petit nid douillet" qu’elle aurait dû être, que cette loi est magnifique, aussi importante à mon sens pour la Société que la loi de Simone Weill sur l’avortement. Elle constitue une avancée extraordinaire dans la prise de conscience collective que les dangers ne sont pas seulement à l’extérieur de la famille et qu’on ne peut plus et ne doit plus considérer aujourd’hui que ce qui se passe dans la famille ne concerne personne.
Si un pays se donne le droit d’ingérence dans un autre pays, notamment en cas de génocide, il est alors du devoir de la Justice de faire ingérence dans une famille lorsqu’il y sévit de telles maltraitances. C’est tout de même "plus simple" qu’à l’échelle de tout un pays. Mais, c’est toujours la même chose: la violence physique, le "meurtre physique" est plus voyant et marque plus les esprits que cette violence psychologique qui aboutit au "meurtre psychologique", voire au meurtre tout court…
Par ce délit de "harcèlement psychologique", la France "rattrape son retard" et se place maintenant devant les autres pays.
I.V. : Votre engagement dure depuis plus de six ans et vous avez été le seul expert psychiatre auditionné au Sénat. Quelle est la raison profonde de cette ténacité et constance dans un combat rendu titanesque par ce que le sujet lui-même induit comme niveau de résistance à la prise de conscience et au changement ? Quelle est la spécificité de ces résistances ?
Dr Pagnard : La raison de mon combat est que je vois chaque jour les résultats de l’action destructrice des manipulateurs destructeurs sur les victimes, et celle des décisions de justice qui veulent voir en ces victimes, des agresseurs, par méconnaissance de la manipulation destructrice. Je vois aussi les résultats sur les enfants.
Autant de familles brisées et où la maltraitance va se reproduire de génération en génération… Alors que par une simple lecture d’un livre comme "Crimes impunis", les professionnels judiciaires pourraient détecter la manipulation destructrice dans leurs dossiers…
Les résistances viennent à mon sens essentiellement de la méconnaissance de ce processus pourtant si fréquent, sous nos yeux… Lorsqu’on ne connaît pas les mécanismes de la manipulation destructrice, on a peine à imaginer que des personnes "si charmantes, charismatiques etc." puissent se comporter comme de tels monstres à l’abri des regards. Lorsque j’ai écrit ce livre, j’étais agacée parce que les personnes qui ne connaissaient pas ce processus, me disaient: "ah oui, mais vous décrivez là, un cas extrême!" J’ai fini par comprendre qu’on confond "extrême" avec "rare". Si ce genre de personnage agit de façon extrême, il n’en est pas moins fréquent, et c’est difficile d’admettre que l’espèce "humaine" puisse se comporter de façon aussi "sauvage", surtout si les aspects extérieurs que donnent les MD, sont à l’opposé de ce comportement!…
Les résistances viennent aussi de ce que certains, pensent que des agresseurs vont se faire passer pour des victimes. C’est le propre des MD. Avec un peu de connaissance et de pratique, il devient beaucoup plus aisé de déjouer ce genre de piège.
I.V. : Les chiffres montrent que les précédents pas législatifs ne semblent pas avoir beaucoup amélioré la conditions des victimes, qui restent à 98 % des femmes.
Comment comptez-vous faire entrer dans les mœurs sociétaux, dans les pratiques professionnelles, l’esprit de cette loi ?
Est-ce l’objet de votre livre « crimes impunis » ? Quels sont les objectifs de ce remarquable ouvrage, que j’ai lu quasiment d’une seule traite ?
Dr Pagnard : Il faut une prise de conscience générale. Ce n’est que par l’information large du grand public et des professionnels judiciaires que le processus de manipulation destructrice sera pris en compte et "incorporé" dans l’inconscient populaire.
Après toutes les campagnes médiatiques faites sur l’inceste et les abus sexuels, je suis heureuse d’entendre maintenant des mères m’expliquer qu’elles mettent leurs enfants en garde, tout comme le faisaient nos mères dans le temps qui nous disaient "il ne faut pas accepter de bonbons de la part de personnes que tu ne connais pas". Cela signifie aussi que, parallèlement à la prise en charge plus efficace des victimes, dès que la manipulation destructrice sera largement médiatisée, une action préventive commencera qui mettra peut-être fin à cette transmission, jusque là inéluctable, de la violence inter-générationnelle.
"Crimes impunis" permet à chacun, grand public comme professionnels judiciaires, de voir se dérouler sous ses yeux ce terrible processus, comme dans un film, et de comprendre tous les pièges tendus par les MD, de comprendre aussi comment les victimes se font piéger, pourquoi elles restent avec leur agresseur alors qu’elles sont loin d’être faibles et stupides, de comprendre enfin à quel point ce processus peut détruire… Après lecture, n’importe qui peut apprendre à repérer un MD et l’apprendre à ses enfants. Cela permet de comprendre aussi qu’on n’est pas seul dans ce cas, et, de prendre aussitôt la distance nécessaire pour se préserver, parce que ce n’est pas soi-même qui est responsable de ce gâchis familial, c’est l’agresseur qu’on identifie enfin comme tel…
I.V. : La loi de 2010 introduit au pénal la violence psychologique.
Mais policiers et gendarmes, soumis à la nouvelle politique du chiffre qui implique une obligation de résultat, dont les effectifs diminuent alors même que le processus de judiciarisation quasi exponentiel renvoie aux plaintes nombre de conflits qui étaient résolus auparavant par d’autres voies, redoutant souvent d’être instrumentalisés, ne risquent-ils pas de se trouver démunis devant une plainte pour violences psychologique ? Sachant que souvent les manipulateurs se font passer aussi pour des victimes, et que les victimes présentent souvent des tableaux psychologiques réactionnels largement en leur défaveur ? Comment une formation suffirait-elle, dans ces conditions, là où même des psychiatres, au calme, ne repèrent ni les personnes traumatisées, ni les auteurs de violences ? Avez recueilli les impressions de ces professionnels de première ligne ?
Dr Pagnard : Normalement, les gendarmes et policiers sont tenus d’enregistrer une plainte. S’ils refusent de le faire, il faut alors saisir directement le Procureur de la République. Ils peuvent refuser par souci de minimiser les chiffres, mais aussi, par méconnaissance des enjeux de ce processus destructeur qu’est la manipulation destructrice. Pour ceux qui ont été sensibilisés, les choses se passent déjà différemment. D’où l’importance de leur donner l’information nécessaire. J’ai eu l’occasion de voir à chaque colloque où je décrivais le processus de manipulation destructrice, le désarroi des professionnels présents (magistrats, officiers de gendarmerie etc.) Ils se sentent démunis et ont l’impression justifiée qu’on leur demande un repérage dont on ne leur a pas donné les outils… Il n’est souvent pas nécessaire d’être victimologue, pour repérer dans le discours d’une personne qu’elle est effectivement victime. J’ai appris sur le terrain à repérer en quoi l’attitude, le discours et les écrits que j’observe, montrent bien qu’on est en présence d’un MD. Même si une personne semble "paranoïaque" à force d’avoir été "fliquée" par son agresseur, même si tous les aspects semblent en défaveur de cette personne, je cherche toujours plus en profondeur pour en avoir le fin mot. Les apparences peuvent être trompeuses pour la victime, comme pour le MD. La pratique apprend à repérer qui est qui.
Si des psychiatres, et même des "experts" psychiatres passent à côté d’un MD, c’est parce qu’ils n’ont pas la formation de victimologue, et celle plus spécifiquement de la MD qui est si insidieuse…
I.V. : Outre votre ouvrage qui mériterait d’être largement diffusé auprès des policiers gendarmes, assistantes sociales, éducateurs, juges au affaires familiales, juges pour enfants, professionnels médicaux et médico-sociaux, existe-t-il des outils pratiques comme des grilles d’évaluation, des scores, des questions spécifiques, pour les personnels recueillant les plaintes ? Pensez-vous utile d’en élaborer en collaboration avec les policiers et gendarmes ?
Dr Pagnard : Le canevas clinique de la MD étant spécifique et méconnu, je l’ai rassemblé dans "Crimes impunis" et, dans un questionnaire que je fais circuler à l’usage des victimes. Mais, tant que les professionnels judiciaires n’auront pas intégré ce canevas, toute précision, notamment dans les expertises pour les Juges aux Affaires Familiales, reste sans effet… Malheureusement…
Encore une fois, la simple lecture de "Crimes impunis", permettrait d’avancer extrêmement vite en ce domaine… Ce livre existe déjà, et ne nécessite pas de mise en place de formations onéreuses et lourdes, prenant beaucoup de temps pour la mise en place. Pourquoi faut-il toujours tellement de temps pour tout, alors que tout pourrait avancer en un temps éclair???
Dans le même ordre d’idée, j’avais également proposé aux Députés, puis aux Sénateurs, une procédure "à guichet unique". Elle permettrait en un temps record, de désengorger les tribunaux et d’aider enfin efficacement les victimes, surtout les enfants. Les parlementaires l’ont enfin entendu lors de la conférence de presse. Ils restent très motivés pour continuer à améliorer cette loi dont ils sont fiers, avec raison, et pour faire en sorte qu’elle soit enfin appliquée.
La formation, ou plutôt l’information des professionnels judiciaires, en reste la condition pour que ce magnifique trois mâts ne fonctionne plus sans voile…. L’image en est d’autant plus fidèle que cette loi comporte trois volets sur la violence conjugale: celle faite aux femmes, celle dans le couple (prenant en compte aussi les hommes victimes de conjointes MD) et celle faite aux enfants.
I.V. : Pour terminer, quel message souhaiteriez-vous adresser aux hommes et femmes victimes de ces violences psychologiques ? Comment les aider à éviter de passer de la victimation (reconnaissance médico-légale) à une dangereuse victimisation ?
Dr Pagnard : La reconnaissance des victimes en tant que victimes par la Justice est fondamentale, notamment dans les cas d’agressions, surtout en ce qui concerne la MD où l’agresseur s’arrange de façon incessante pour faire croire à la victime que c’est elle qui est en tort. Une telle reconnaissance par la Justice permet de remettre les choses à leur place et à la victime de commencer à se reconstruire, en retrouvant des repères justes. Ce n’est qu’à ce prix qu’on peut éviter qu’elles ne s’enlisent dans une position de victimes qui survient quand elles ne sont pas reconnues comme telles.
D’autre part, j’observe à chaque fois que dès qu’une victime comprend dans quelle nasse elle s’est enferrée, elle prend immédiatement la distance nécessaire et prend les choses en main, sortant de son enfermement. C’est le début de la reconstruction. De plus, ayant les clés de la MD, elle décrypte les comportements de son agresseur et n’est plus atteinte de plein fouet par ses agressions, puis devient même indifférente, sachant très bien le sens réel de celle-ci.
La connaissance du processus de MD a ainsi une portée thérapeutique.
Le seul conseil que je pourrais donner à une personne victime, c’est de s’informer sur le mécanisme de la MD. Le reste suit en chaîne…
I.V. : Merci d’avoir bien voulu m’accorder cet interview, Docteur Geneviève Pagnard.
Le travail conjoint de tous apportera l’évolution nécessaire à l’amélioration des relations interpersonnelles, et en particulier des conditions de vie intra familiales et conjugales.
A ce sujet, je souligne à quel point le gouvernement dans son ensemble s’est mobilisé autour de ce thème sociétal de première importance au vu de ses coût et conséquences pour la société.
Je rappelle les références de votre ouvrage :
« Crimes impunis ou Néonta histoire d’un amour manipulé » Prime Fluo éditions,
http://primefluo-editions.com/
Isabelle Voidey
– [i]Comment se fait-il que les policiers et gendarmes,[/i] [u]mais à maints égard aussi[/u] : des magistrats instructeurs[i], ne sont pas formés pour combattre ces violences psychologiques,morales, physiques ?[/i]
– [i]Comment se fait-il que, dans notre Pays, il faille apporter la preuve qu’on est victime ?[/i]
– [i]Comment se fait-il que des victimes se trouvent démunies face à des évidents manques d’écoutes et de considération ?… [/i]
A la lecture de cette intéressante interview, je pense qu’il faudrait que nos autorités se donnent les moyens d’agir plus sévèrement…
La première mesure serait, ne serait-ce que pour protéger les victimes, que leurs plaintes ne soient divulguées que dans le plus grand secret, sachant que les victimes peuvent être placées dans un endroit connu uniquement par des gendarmes et policiers, et magistrats…
[u]Par ailleurs, devant les tribunaux, les victimes ne devraient plus être obligées de témoigner contre leurs agresseurs « à visage découvert », au su et au vu de tout le monde, et, obligés de donner leurs prénom, nom, âge, adresse, profession, ce, devant les accusés et devant le public[/u] : c[i]es victimes, présentes dans une autre salle en compagnie de gendarmes et d’un magistrat, ne pourraient-elles pas être entendues,[/i] « anonymement » bien entendu[i], via une caméra vidéo et un magnétophone, le visage flouté et la voix déformée ?[/i]
[quote]Comment se fait-il que les policiers et gendarmes, mais à maints égard aussi : des magistrats instructeurs, ne sont pas formés pour combattre ces violences psychologiques,morales, physiques ?
– Comment se fait-il que, dans notre Pays, il faille apporter la preuve qu’on est victime ?
– Comment se fait-il que des victimes se trouvent démunies face à des évidents manques d’écoutes et de considération ?… [/quote]
Cela fait partie du problème des « résistances ». Nous sommes dans une société qui vit depuis des siècles selon un fonctionnement qui favorise les processus de violences psychologiques, c’est difficile à faire évoluer. D’autant que tout ce qui touche au psychisme dérange, renvoie à des zones d’ombres en soi-même, c’est inconfortable.
Comme pou les handicap, la maladie, on préfère cacher ce qui dérange.
C’est d’autant plus dommage que cette nouvelle loi reconnait aussi la souffrance des hommes.
Il y a peu de formation, et beaucoup d’idées reçues et de vieux réflexes ataviques…
[b]Alors, Isabelle, il faudrait que les comportements changent, que la loi soit plus sévère à l’encontre des agresseurs et plus protectrice pour les victimes !
Votre article y contribue ![/b]
» Comment se fait-il que, dans notre Pays, il faille apporter la preuve qu’on est victime ? »
Je suis heureuse de vous l’entendre dire. Je l’ai exprimé aux parlementaires, mais le système est ainsi construit dans ce domaine. A la réflexion, lorsqu’il s’agit d’un « meurtre physique », c’est la police qui se charge d’apporter les preuves de la culpabilité de l’agresseur (ADN etc). Tout dans la société est construit sur l’immédiateté de « ce qui se voit ». Elle n’est pas encore préparée à prendre en compte ce qui ne se voit pas, d’où l’avancée tellement importante qu’apporte cette nouvelle loi du 9 juillet 2010 sur les violences conjugales. De la même manière pourquoi dans une affaire de « meurtre physique », trouve-t-on normal d’éplucher la vie du meurtrier présumé « de A à Z », et pourquoi refuse-t-on de prendre en compte, dans les dossiers de divorce, les couples antérieurs ,alors que bien souvent on y retrouverait déjà la manipulation destructrice, ce qui constituerait un indice précieux?!
Merci, docteur Pagnard, de votre passage sous cet article.
Je remarque également qu’en ce qui concerne la problématique du divorce, le lieu commun est de dire « c’est 50-50 », le public confond la mésentente et le conflit avec la véritable destruction psychologique provoquée par un manipulateur destructeur. Lequel souvent épouse une proie ayant des antécédents traumatiques, qu’il semble comprendre au début, il se présente comme l’épaule, puis s’en sert en réactivant la mémoire traumatique, provoquant la réapparition des terreurs, flash backs, cauchemars, angoisses, etc, l’apparition de troubles cognitifs, comportementaux, dépressions réactionnelles, culpabilisation,et même troubles physiques, dont il se sert aussi pour justifier ses attaques au quotidien,faire passer la personne pour folle ou « fragile psychologiquement », lui retirer les enfants, etc. La victime n’a pas conscience des effets post traumatiques, finit par se croire « différente », perd pied dans les expertises… qui ne repèrent pas ces réactivations intentionnelles de traumatismes antérieurs. La victime s’enfonce dans une douleur et une détresse intolérables, cumuls des douleurs physiques et psychiques réactivés et celles qui s’ajoutent, dans l’isolement, l’incompréhension, et ne trouve son soulagement parfois que dans la perspective de la mort. La ts servira ensuite d’argument massue à l’agresseur.
C’est désolant de voir le peu d’intérêt que suscite cet article sur C4N.
Heureusement qu’il a plus de succès ailleurs.
[u]Pourtant, ce sujet nous concerne toutes et tous… Les violences psychologiques, morales et physiques sont multiples[/u] : [i]à la maison, à l’école, au travail, dans la rue…[/i]
C’est à croire que beaucoup préfèrent se voiler la face comme si l’expression [i][b] »cela n’arrive qu’aux autres »[/b][/i] prenait tout un sens pour bâtir un monde d’égoïsme, d’individualisme, de je-m’en-foutisme face à la détresse des autres…
En ce qui concerne les drames liés aux diverses, que faudrait-il faire, à votre avis, pour les éviter ?
[u]En ce qui concerne les violences dans le monde du travail, il faudrait nécessairement changer de comportement face aux victimes[/u] : [i]pourquoi, dans ce cas précis, ne pas donner plus de moyens, plus de pouvoirs à l’Inspection du travail, qui, en relation avec des gendarmes et des policiers, pourrait intervenir immédiatement sans qu’il soit nécessaires, aux victimes, de soumettre les preuves des violences dont elles sont victimes ? Bien entendu, je considère que les syndicats ne prennent pas assez en compte la mesure face à ces violences dans le monde professionnel ![/i]
[u]En ce qui concerne les violences à la maison[/u] : [i]si ces violences peuvent se perpétrer en toute impunité, les services sociaux, ne portent-ils pas, quelque part, une part de responsabilité face à celles-ci ? Que faire dans ce cas précis ?[/i]
[u]N’oublions pas non plus l’aspect [i] »religieux »[/i] de ces violences, qui peuvent être « visibles » ou « invisibles » et qui peuvent être commises par des parents voulant que leurs filles obéissent aux lois religieuses, s’habillent selon celles-ci…[/u] : [i]je me demande si des mesures sont prises pour les supprimer et pour protéger les victimes ?[/i]
[u]Alors, dans tout ceci, il faudrait, non seulement protéger les victimes, mais aussi protéger leurs témoins[/u] : [i]c’est à cette condition que les victimes de violences pourront faire entendre leurs voix et demander tout simplement justice ![/i]
[u]Les policiers et les gendarmes doivent être aidés, et ne doivent plus continuer à penser qu’ils travaillent dans le vide[/u] : [i]en effet, bon nombre de magistrats, pas tous, heureusement, ne font que de simples rappels à la loi, gaspillant le travail d’enquête et de protection entrepris avec succès par les policiers et par les gendarmes ![/i]
Est-il normal, en effet, de voir des auteurs de violences ressortir libres d’une garde à vue ou d’une mise en détention provisoire à cause de la « bienveillance » d’un magistrat ? Non ! Il faut plus qu’un rappel à la loi ! Il faut, pour les auteurs de ces violences, de longues peines de prison incompressibles avec un suivi médical et psychologique obligatoire, assortis d’un versement de dommages et intérêts pour leurs victimes…
[b]/… 1[/b]
[u][b]Suite et fin de mon commentaire[/b][/u]
Pour terminer, [u][i]et je ne tiens aucunement à excuser de tels actes, que je considère comme révoltants[/i][/u], il faudrait s’interroger sur l’état dégradant de notre Pays, qui est incapable d’offrir à nos concitoyens un travail décent, un logement décent, un salaire décent… [i]La violence,[/i] c’est bien connu[i], peut mieux se combattre dans un pays en plein essor économique et financier et en période de plein emploi ![/i]
[b][u]Suite et fin de mon commentaire[/u][/b]
Pour terminer, [u][i]et je ne tiens aucunement à excuser de tels actes, que je considère comme révoltants[/i][/u], il faudrait s’interroger sur l’état dégradant de notre Pays, qui est incapable d’offrir à nos concitoyens un travail décent, un logement décent, un salaire décent… [i]La violence,[/i] c’est bien connu[i], peut mieux se combattre dans un pays en plein essor économique et financier et en période de plein emploi ![/i]
[b]/… 2[/b]
[b]Docteur Pagnard [/b], bonjour…
[quote][i][b]… A la réflexion, lorsqu’il s’agit d’un « meurtre physique », c’est la police qui se charge d’apporter les preuves de la culpabilité de l’agresseur (ADN etc)… Tout dans la société est construit sur l’immédiateté de « ce qui se voit ». Elle n’est pas encore préparée à prendre en compte ce qui ne se voit pas, d’où l’avancée tellement importante qu’apporte cette nouvelle loi du 9 juillet 2010 sur les violences conjugales.[/b][/i][/quote]
[b]Docteur[/b], selon vous, ne serait-il pas possible que, face à une victime de violences, les policiers ou les gendarmes puissent, comme dans toute enquête sur les meurtres… , apporter les preuves de la culpabilité de l’agresseur (ADN, etc… ) ? [i]Je pense que cette possibilité, si elle était adoptée sous la forme d’un projet de loi ou d’une proposition de loi, promulgué(e), cela faciliterait grandement une meilleure prise en compte des plaintes déposées par les victimes, une meilleure prise en compte dans leur protection et dans leur réinsertion, et, plus de sévérités pour leur agresseurs ![/i]
De plus, je pense qu’il ne faut pas gérer ces problèmes dans l’immédiateté… Je considère que les auteurs de violences conjugales doivent être traités, au niveau d’une enquête judiciaire, de la même manière que l’auteur d’un meurtre, qu’un violeur, qu’un pédophile…
[quote][i][b]De la même manière pourquoi dans une affaire de « meurtre physique », trouve-t-on normal d’éplucher la vie du meurtrier présumé « de A à Z », et pourquoi refuse-t-on de prendre en compte, dans les dossiers de divorce, les couples antérieurs ,alors que bien souvent on y retrouverait déjà la manipulation destructrice, ce qui constituerait un indice précieux?![/b][/i] [/quote]
Je suis parfaitement d’accord avec vous, Docteur, les policiers et les gendarmes devraient avoir parfaitement le droit d’éplucher la vie de l’auteur de violences, ce, même s’il s’agit de violences conjugales… Je pense qu’il faudrait que nos parlementaires puissent déposer une proposition de loi… A moins que le Gouvernement légifère sur ce point…
Cordialement,
[b]Dominique Dutilloy[/b]
[b]Délégation de l’Assemblée nationale
aux droits des femmes
et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes
[url]http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/delegation-femmes.asp[/url]
[/b]
[quote]C’est désolant de voir le peu d’intérêt que suscite cet article sur C4N.
Heureusement qu’il a plus de succès ailleurs.[/quote]
Bonjour Isabelle Voidey ToB Com
Il en est ainsi actuellement… dès qu’un article met en jeu l’intellect humain… les lecteurs étant plus enclins à aller vers le people, le buzz à deux francs six sous et à tout ce qui ne donne pas à se creuser les méninges…
Mais dès qu’un sujet donne à réfléchir, à penser ou qu’il est un peu trop culturel, un peu trop scientifique, un peu trop juridique, etc… etc… c’est un peu le désert… et grandement désolant pour l’auteur car dans ce non-intérêt l’homme-lecteur potentiel, dénigrant l’article, y perd sa personnalité…
Du moins c’est ma pensée profonde…
Je reviendrai lire votre article avant tout autre commentaire
Catalan,
Ne croyez pas que les billets d’IsabelleVoidey n’intéressent personne. Je les lis et approfondis les sujets qu’elle écrit seule dans mon coin. Je ne saurais mettre exactement mes pensées sur l’écran n’ayant pas fait de hautes études comme cette personne, avec un entourage de sa famille qui lui permette de développer ses matières ses textes, etc…. Je la suis, et la connais par son parcours. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour cette personne.
[quote]Catalan, Ne croyez pas que les billets d’Isabelle Voidey n’intéressent personne. Je les lis et approfondis les sujets qu’elle écrit seule dans mon coin.[/quote]Mais eleina piter, je ne dis pas que c’est tout le monde qui évite les articles ardus mais une majorité d’entre les lecteurs qui zappe de tels articles… parce que, entre autre, il faut trop réfléchir et il faut trop penser…
Et je pense que c’est dommage que les lecteurs ne s’y penchent pas plus… et ne se prennent pas en main…
Dans la vie actuelle bon nombre de personnes ne se prenne pas en main. Il y aurait beaucoup à dire, pendant 20/30 ans on avait la facilité « d’avoir » sans se creuser la tête. Alors cela continue dans la violence . Dans 50 ans ou peut-être moins , (je ne serais plus de ce monde) il faudra bien que les gens de toute corporation se mette à réfléchir et se prenne en mains.
[quote]Dans 50 ans ou peut-être moins , (je ne serais plus de ce monde) il faudra bien que les gens de toute corporation se mette à réfléchir et se prenne en mains.[/quote]Pourquoi dans 50 ans, eleina piter… les Hommes auraient-ils démissionné… et vous de même ? car se se mettre à réfléchir et se prenne en mains, jamais l’Homme n’aurait dû abdiquer même[quote]la facilité « d’avoir » sans se creuser la tête.[/quote]car c’est ainsi qu’une civilisation périclite et tombe dans l’oubli…