J’ai rencontré Francis Picavet, Président de la Fédération du Puy de dôme du syndicat des buralistes, dans son établissement face à la gare SNCF où j’ai mes habitudes.
Inévitablement la discussion est partie sur l’interdiction de fumer dans tous les établissements recevant du public à partir du 1er Janvier prochain … dans quelques jours donc …
Francis Picavet est un homme amer et désabusé et pourtant, à la tête de sa fédération, il n'a pas ménagé sa peine pour défendre sa corporation et tenter d’obtenir des aménagements dans l’application de la loi anti-tabac.
Il ne remet pas en cause la nocivité du tabac, mais plutôt le fonctionnement de l’état, à la fois juge et partie, et son refus d’envisager de prendre en compte le désarroi de ces TPE qui seront frappées de plein fouet par la mesure d’interdiction.
Il faut savoir que 94% du CA afférent au tabac repartent au fournisseur dont la plus grande partie à l’état. Si, en mesure d’accompagnement, 0,125% d’augmentation de la marge par an, ont été accordés aux débitants sur les 6% restant, l’état prélève encore 23% de redevance. J’espère ne m’être pas trop trompé dans les chiffres mais, dans les grandes lignes, ils sont bons.
L’état se gave et crie au loup, un peu comme un trafiquant de coke qui, la main sur le cœur, en reporterait la faute sur ses dealers.
Les hausses du tabac sensées faire diminuer la consommation n’ont servi qu’à développer des réseaux d’approvisionnement illégaux qui couvrent actuellement environ 25% de la consommation.
Les buralistes qui avaient payé fort cher leur fond de commerce en s’endettant se retrouvent à la fin de leur vie en possession d’une entreprise qui est mise au ban de la société et ne vaudra donc plus grand-chose à la revente.
Le discours des buralistes est beaucoup plus clair que celui des autorités : le tabac est une drogue, c’est un danger pour la santé publique, soit ! Alors interdisons vraiment sa consommation, sa vente et sa fabrication sur le territoire français. .. et indemnisons les chefs d'entreprise et salariés qui vivaient de ce commerce!
Mais voilà, ce serait se priver de cette manne financière inavouable, certes, mais oh combien substantielle !
Et puis, il faut aussi l’admettre la situation, des services de l’état n’est pas des plus confortable :
Pas facile de scier la branche sur laquelle on est assis ; pas facile de lutter contre le lobby anti-tabac , lobby qui ne sert peut être pas que l’intérêt du citoyen de base mais un autre beaucoup plus puissant, celui des fabricants de médicaments anti-tabac dont le développement économique exponentiel s’accommoderait mal d’une éradication de la tabagie.
Beaucoup de tartufferie donc dans tout ça et beaucoup de fric aussi…
L’immobilisme des autorités qui semble vouloir laisser se pourrir la situation des buralistes misant sur le fait que dans quelques mois tout serait oublié et que le combat cesserait … faute de combattants.