Intégration : une question de valeurs

J

e ne suis pas connu pour mon goût des polémiques. Je ne me considère pas comme « raciste » ni « xénophobe ». Mais j’ai le loisir de constater, partout autour de moi, des faits étranges, des questions actuelles, qui s’observent et qui se posent de plus en plus aujourd’hui. En 2006, 12% des naissances en France étaient le fait de mères étrangères. Alors que M. Copé propose l’enseignement de l’arabe en primaire ou au collège, et que l’on parle de dédier un jour férié pour le ramadan, je vous propose ci-dessous un article d’opinion.

Les tours blanches des quartiers pauvres. « Défavorisés » est un mot qui effraie moins. Parce que la réalité est parfois étrange, souvent étonnante. On y entre par une grande avenue. Sur les côtés de la chaussée, échouées comme des vestiges d’une société qui n’a jamais existé que dans les fantasmes des chantres de la mixité et de l’intégration, credo des politiques droit-de-l’hommiste, les carcasses brûlées, morceaux de rouille noircis éclaté sur le goudron neuf des cités HLM, les voitures calcinées reposent comme des cadavres oubliés. Observateurs silencieux de l’effondrement d’une jeunesse pauvre et ignorée, leur tête de verre brisée par des pierres lancées en pleine journée, sous le soleil (qui quand il tape, échauffe aussi leurs hormones, de ces adolescents désœuvrés), les réverbères alignés comme des gardiens lorgnent sur la rue vide leur œil borgne et triste, comme des spectateurs impuissants de ce que les générations successives n’ont pas enseigné à leur descendance indigne, la culture du respect, déjà envers l’élément inerte, celui qui, dénué de toute action, toute pensée, est le premier témoignage laissé par cette jeunesse destructrice.

On entre d’abord par la porte d’entrée. Sa fenêtre de verre fissurée, entaillée par une pierre lancée un soir d’ennui, nous fait éprouver le sentiment que l’on pénètre comme dans une maison depuis longtemps inoccupée, restée depuis le départ de ses anciens locataire en proie aux dangers des groupes ivres de la nuit ; ils rentrent un soir, trop humides d’alcool, pour lancer des briques sur les verres encore intacts, et tribus barbares d’une époque reculée, comme ressurgie de la nuit des temps pour s’exprimer par les instincts animaux d’un homme soûl, peignent sur les murs leurs lettres en graffitis, signature de leur passage éphémère dans la plus basse nature humaine. Assis sur les premières marches de l’unique escalier, parfois s’y trouve quelques adolescents, usant leur ennui dans l’activité des mots et des sons de leur âge, mettant dans les bras tendus de la bêtise leur petite vie misérable aux incantations délétères et mystérieuses du jeu du foulard, des rêves indiens, de toutes les drogues et de tous les maux qu’une société trop individualiste n’a de temps à leur retirer et les prévenir.

Ses escaliers où règne la moisissure, peint des couleurs criardes qui hurlent la détresse de ceux qui les foulent chaque jours, nous soufflant au visage la tristesse de ces pas sans but, qui ne montent que des marches à défaut d’une échelle sectionnée, qui ne voudra d’eux, ces enfants coupés de tout rêves et de toute fortune, qui n’ont d’espoir que dans les programmes télévisés qui leur exhibent heure après heure ces mêmes émissions médiocres sur une jeunesse st-tropézienne, sur ces publics hilarants, crétinisants, anesthésiants. Derrière chaque porte de chaque paliers, toujours ces mêmes familles, ces mêmes parcours. Ces mêmes vies.

Il y a cette minorité bruyante, majoritaire dans ces quartiers pauvres. Ce sont les profils maghrébins. Profils seulement, car pour beaucoup, leur nationalité est française. Ils vivent ainsi en autarcie, seulement dérangés par les voitures de police qui circulent parfois en bas de leurs tours, libellules blanches et bleues qui semblent tourner à l’infini, sans jamais savoir quand elles s’arrêteront enfin, pour se reposer sur un brin d’herbe. Ils vivent ainsi ensemble, donc. Et quand parfois ils sortent de leur forteresse de béton, c’est pour de leur bande fouler des pieds les rues passantes, un OCB au coin de leurs lèvres juvéniles, une canette Red Bull ou une Kro à la main. Ils sont là comme des paons, flottant dans leurs joggings fluorescents et trop larges, apostrophant les promeneurs, s’amusent sans le savoir de leur jeunesse qu’ils gâchent déjà ; ils zonent simplement, sifflant les filles et insultant les garçons. Quand le soir se lève, ils s’assoient, usés de leur inactivité, sur des marches sales et poussiéreuses, salissent leur derrière sur les mille traces de pas d’une journée, décapsulent leurs dernières canettes, roulent leurs dernières cigarettes, et partent dans la fumée de leurs délires innocents et naïfs, d’adolescents un peu bêtes ; ils ricanent à la vue de leurs chiens qui se battent dans le soleil couchant et les grandes ombres grises des immeubles qui viennent les recouvrir tristement.

Donc, de cette minorité si fortement bruyante, sont-ce les valeurs primaires d’un pays que l’on lui veut sacrifier ? L’intégration (mot si lourd qu’aujourd’hui on ne peut le prononcer sans soulever avec lui les milliers d’idées, de clichés qu’il transporte) passe-t-elle par la modification de nos valeurs ou des leurs ? Nos enfants devront-ils apprendre l’arabe et fêter le ramadan, simplement dans le but que des milliers de maghrébins de type se sentent Français ? Qui doit faire le pas vers l’autre ?

60 réflexions sur « Intégration : une question de valeurs »

  1. Bonsoir à tous,

    ce message pour vous faire part de mon ressenti après avoir lu cette longue conversation :
    – tout d’abord, Dominique je pense que les conditions que vous proposez pour l’instauration de l’apprentissage de la langue arabe ou toute autre langue sont tout à fait cohérentes et ne devraient pas faire l’objet de discussions. Le simple fait d’avoir envie d’apprendre une langue devrait être suffisant pour avoir le droit de le faire. D’ailleurs apprendre une langue qui n’est aucunement la sienne (càd celle de ses ancêtres)est un signe d’ouverture d’esprit
    – à tous, c’est en faisant l’amalgame entre Islam, traditions maghrébines et extrêmisme que l’on arrive à des conflits et des conversations animées mais dénuées de sens
    – pourquoi parler d’intégration pour une jeunesse née en France et qui bien souvent connaît très mal la langue arabe et même les principes de l’Islam ?
    – les bons et les mauvais existent dans tous les peuples et toutes les religions : pourquoi assimiler les jeunes maghrébins des cités à des voyous ? Certes l’ennui est flagrant pour une grande partie des jeunes mais la faute à qui ? Sans faire l’erreur de se déculpabiliser et de ne pas assumer ses erreurs quand on on n’a pas assez travaillé à l’école, il est vrai que bien souvent l’avenir paraît peu attrayant pour ces jeunes Maghrébins de banlieue. J’en fais partie, mais j’ai eu la chance de faire des études et aujourd’hui j’en suis fière mais tous n’ont pas eu cette chance
    – Quand à l’idée que les femmes musulmanes ont l’interdiction de sortir de chez elles, Messieurs je vous prie de discuter avec ces dames et vous verrez que l’idée que vous vous faites de l’Islam est erronée. Il est vrai que certaines femmes sont soumises et n’ont pas le droit de travailler ou même de voir leur famille ! mais elles ne sont pas mariées à des musulmans mais à des ignorants qui pensent que l’Islam permet à l’Homme de tels comportements. Il est important de faire la nuance

    J’aime l’idée que l’on puisse discuter des travers de la société mais je trouve cet article joliment écrit mais tellement pleins de clichés et de préjugés…il a tout de même le mérite de faire réfléchir ses lecteurs

  2. Ah! non! Plumett ! Si vous partez, je vous suis; J’allais justement vous complimenter pour votre approche humaine et réaliste de l’immigration arabe . Il est difficile en effet de résister à la mafia C4N …
    Vous êtes une des rares personnes qui défend contre vents et marées des idées progressistes

    Gosseyn, en revanche, vous me décevez; il me semblait déceler chez vous une certaine force, sous l’article choquant d’Anidom sur l’homosexualité, par exemple.
    Vous prenez la grosse tête à ce que je vois, vous allez gagner plein de sous et aller loin sur ce site, Bon vent!!Rejoignez donc « la bande d’amis « qui parvient à s’émouvoir d’elle-même, c’est tout juste si ma boîte e-mail n’était pas mouillées de larmes d’auto-allégeance…
    C4N pue l’hypocrisie , chasse tous les talents novateurs et parle d’ouverture: vous me dégoutez, restez donc entre vous!
    Veritas, vous me saoulez souvent, mais lorsque vous faites court, vous êtes juste.

  3. Siempre, Ce com date du 15 septembre, je me suis fâchée puis suis revenue finalement, en m’excusant, considérant que je ne pouvais juger une équipe en si peu de temps, que je ne connais pas en plus, qui m’a répondu et a publié mes articles au final… J’espère que vous reviendrez aussi sur votre colère et vers de meilleurs sentiments… Vous pouvez m’envoyer vos articles non parus en MP, je n’ai aucun pouvoir, mais peut-être pourrai-je, avec un œil objectif, vous donner un avis… 🙂

  4. [b]Siempre[/b],

    Je suis profondément désolé de vous avoir déçu avec cet article. Je suis également attristé de savoir que je vous dégoûte.
    Malheureusement, je ne peux pas répondre à vos attentes car votre commentaire manque de précisions, notamment sur la « grosse tête ».

    [b]Dans l’attente de votre réponse précise.[/b]
    Cordialement
    Gosseyn

  5. Plumett, effectivement, je me suis rendu compte de mon erreur mais le com était parti! J’ai l’air fin !Je me révolte parfois un peu vite…mais ne renie rien de ce que j’ai écrit, à part le dégout (là, j’y suis allée un peu fort, je m’en excuse publiquement auprès de tous les reporters.)Le reste, je le pense toujours. Quant à votre proposition, pourquoi pas pour un prochain article, car les 2 anciens ne sont pas sauvegardés (je n’y parviens pas, je suis nulle en informatique)
    Si je suis montée ainsi en véhémence, c’est que j’ai vu disparaître depuis février des reporters de qualité et pas forcément d’accord avec le ton majoritaire et que je trouve cela dommage, même dans l’intérêt du site.

  6. @Gosseyn,
    Comme je viens de l’écrire à Plumett, je croyais que l’article était tout récent, et je me suis emballée.
    Je m’excuse de nouveau pour le « dégoût », j’y suis allé trop fort, là.
    La « grosse tête », c’était par rapport à la modestie dont vous avez toujours fait preuve sur le site et cette phrase que vous aviez adressée à Plumett ( …
    Bonjour Plumett,

    puissiez trouver ailleurs ce que vous cherchiez ici. )

    Je me suis dit que vous vous preniez tout à coup pour Super-reporter qui donne ses conseils.
    (comme y’en a des sur ce site)

    Et je suis déçue, car je ne vous imaginais pas raciste et vous l’êtes, dans cet article!!!Peut-être vous êtes-vous laissé emporter par le lyrisme ???

  7. Bonjour [b]Siempre[/b],

    Merci pour votre réponse. Comme je l’ai dit plus haut, je ne me considère pas comme un « raciste ». Je ne soutiens pas la théorie des races, et je ne me considère pas supérieur à qui que ce soit. De même, je ne suis pas un adepte du chacun chez soi.
    Je n’ai aucun grief contre les « étrangers » et je considère que si la France est mon pays, ils y sont les bienvenus également.

    Mais peut-être mon article est-il raciste, je ne le considère pas comme tel. Je n’y fais pas de généralités, et j’espère avoir évité les amalgames. Je souhaitais simplement partager des observations. Peut-être quelques envolées lyriques ont pu semer le trouble, et je m’en excuse. J’espère que vous le ferez également.

    J’espère avoir répondu à vos questions

    bien à vous,
    Gosseyn

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