Si les services publics détruisent aussi massivement l’emploi, certains de ces derniers répondent néanmoins à un besoin d’intérêt général, pour lequel la main d’œuvre reste absolument nécessaire. Et pourtant, la Santé en France reste sur une voie dangereuse, à moins ,bien sûr que l’on ne se réveille à temps. 

 

 Une santé publique efficace et au service de tous

Ne pas tout voir en noir, ou tout du moins sous un angle pessimiste. Une fois n’est pas coutume, commençons cette rédaction par louer l’extraordinaire système de santé français. Envié par de nombreux pays dans le monde, l’Hôpital public français répond à nos besoins médicaux. Les Urgences soignent sans distinction de race, de sexe, ou de classe sociale. Bien évidemment, nous nous plaindrons tous des attentes interminables, mais avouons que même si le personnel peut nous apparaître parfois antipathique, ce même personnel fait un travail extraordinaire et que le dévouement compense une rémunération qui est loin d’être à la hauteur du travail fourni. Gardons en mémoire ces infirmières et ces médecins, qui se consacrent à la bobologie mais aussi aux drames sociaux.

 

Ceci étant dit, peut-on espérer en une amélioration de ce système (bien que vertueux il n’en est pas moins perfectible) ? Là le constat optimiste se dégrade et nous ne pouvons que déplorer un état des lieux bien triste à réaliser.

 

 

La recherche de rentabilité, une hérésie pour la santé ?
 

 

Notre système de santé coûte cher. Quel que soit le service concerné, la santé nécessite des moyens techniques et technologiques très onéreux, des médicaments de plus en plus efficaces mais de plus en plus chers aussi, du personnel en nombre, des locaux de plus en plus vastes….et tout ceci a un coût, que la solidarité n’est plus à même de supporter. Le constat n’est pas nouveau mais les conditions se dégradent, alors l’Hôpital s’est engagé, depuis plusieurs décennies, sur la voie dangereuse de la rentabilisation des actes…

 

Qu’on se comprenne bien, un directeur d’un service de santé (Hôpital, Maison de retraite, Centre de soins palliatifs,…) ne sera jamais (pour le moment du moins) jugé sur le « chiffre d’affaires » de son établissement, mais il devra rendre des comptes sur les ratios déterminés, sur les seuils à atteindre et sur de multiples critères qui n’ont plus rien à voir avec la santé.

 

On peut le comprendre sans le légitimer et on peut s’effrayer des catastrophes qui s’annoncent. Car qu’on tourne le problème dans un sens ou dans un autre, cette recherche de performance économique reste incompatible avec une politique ambitieuse de santé publique.

 

 

Un personnel de plus en plus exploité
 

 

Tout le monde se souvient du mouvement des grognes des médecins urgentistes français il y a quelques mois. Leurs revendications étaient pourtant simples et concernaient non seulement le personnel médical mais plus généralement tous les employés du service des urgences. Ils ne demandaient ni une hausse de salaire, ni même une amélioration des conditions de travail (ces deux exigences étant tellement criantes qu’il était alors inutile de les mettre en avant). Non une simple et stricte application de la loi avec la possibilité de pouvoir prendre leurs congés, leur R.T.T., leur repos hebdomadaire,…

 

Pour faire simple (et je vous assure que je suis encore en deçà de la réalité), médecins, infirmières et aide soignantes, travaillent en multipliant les heures supplémentaires, en revenant dans leur service à la demande de leur hiérarchie pendant leur jours de repos,….C’est le cas dans bon nombre de sociétés publiques et privées.

 

Lorsque l’heure des comptes arrive, l’hôpital doit alors accorder à son personnel une juste rémunérations des heures complémentaires effectuées ou un repos compensateur afin que le personnel puisse se reposer et profiter des fruits de son travail. Mais à l’Hopital, on s’est rendu compte (on est capable de prédire ce qui se passe sur telle ou telle planète aux confins de notre galaxie, mais on est incapable de faire un simple calcul.. ???)  que l’hôpital ne pouvait pas payer ce surcoût (des dizaines de millions d’euros). Et comme l’hôpital ne pouvait pas non plus accorder des repos supplémentaires, on en est arrivé à cette situation de grogne.

 

 

Pour décider, repoussons à demain…
 

 

Donc le personnel des urgences mais plus généralement de bon nombre de service des hôpitaux français  avait effectué des heures supplémentaires en pagaille, et l’employeur (l’Etat) se trouvait dans l’incapacité de récompenser ces efforts.

 

De nombreuses réunions, des discussions sans fin ont été nécessaires pour arriver à une solution miraculeuse. En effet, il a été décidé de déroger à la loi et de créer de nouveaux comptes Temps pour chacun des employés. Sur ce compte, on place toutes les heures non payées et non récupérées, à charge pour l’hôpital de provisionner les sommes nécessaires à cette rémunération.

 

Un an après le conflit larvé est un conflit bien plus grave. Ces comptes ne sont en rien soldés ni même diminués, puisque les hôpitaux sont toujours dans l’incapacité de payer. Pire, puisque le personnel est insuffisant en nombre (par faute de moyens mais aussi de candidats), les heures supplémentaires continuent de progresser sans fin dans tous les services d’urgence. Je vous prédis donc une explosion d’ici quelques mois à quelques années si rien n’est fait.

 

Mais le plus incroyable dans l’histoire reste aussi que pour se donner bonne conscience, les services centraux de la santé édictent des règlements, qui interdisent formellement le dépassement de certains quotas d’heures supplémentaires. Ces règlements en tout genre sont envoyés à l’ensemble du personnel, dont certains ont déjà explosé les compteurs. Vont-ils être sanctionnés pour avoir violé le règlement de l’hôpital ? Comme quoi l’E.N.A. ne rend pas forcément plus attaché aux réalités du terrain, et que les rédacteurs des notes en question, des hauts fonctionnaires bardés de diplôme, n’ont jamais dû faire un stage dans un service hospitalier.

 

 

C’est donc un problème pour l’hôpital mais il en existe bien d’autres, à commencer par les conditions de travail en elles-mêmes. Volontairement nous n’évoquerons pas ce sujet passionnel, puisqu’il faudrait alors évoquer toutes les situations et faire preuve d’objectivité. Mission impossible donc même si j’invite tout le personnel soignant à témoigner de leurs conditions de travail si difficiles.