Hollande sur un plateau (1ère partie)

Passons au deuxième candidat, celui du parti socialiste, celui qui peut incarner une réelle alternance à la droite qui dirige le pays depuis 2002. Des grands espoirs se fondent sur sa personne, que ce soient les socialistes convaincus ou les déçus du sarkozisme.  A l’heure actuelle, il domine les sondages, ses intentions de vote sont bonnes, malgré un rétrécissement de l’écart si l’on en croit certaine enquêtes d’opinions.

Fils d’un ORL proche de l’extrême droite, militant de la l’Algérie française et d’une assistante sociale aux idées trempées à gauche, François nait à Rouen en Aout 1954. Dès sa plus tendre enfance, il est éduqué dans des idéologies complétement opposées. Le père se porte de nombreuse fois candidat aux élections municipales, sans succès. Le jeune François passe ses années d’enseignement entre le pensionnat Jean Baptiste de la Salle et le foyer familial. Les relations douteuses du chef de famille l’obligent à quitter Rouen en vendant tous ses biens pour s’exiler à Neuilly où il se recréer un patrimoine immobilier conséquent.

 

François fréquente alors le Lycée Pasteur et se dirige vers une faculté de droit où il obtient une licence. Il continue ses études supérieures en passant par HEC et l’Institut des Etudes Politiques. Il sent alors vibrer en lui un militantisme socialiste, il se rapproche d’un groupe partageant des idées d’extrême gauche pour qui il organise les actions et distribue des tracts. Afin de lester d’avantage son CV déjà bien rempli, il intègre l’école des élites, futurs dirigeants du pays, l’ENA, au sein de la promotion Voltaire. Une classe d’où sortent également De Villepin ou Ségolène Royale.

 

A 21 ans, comme tous les garçons de son époque, il doit faire son service militaire. Cependant sa myopie ne lui permet pas de revêtir l’uniforme kaki. En 1974, il est jeune et souhaite le changement après deux présidents un brin conservateurs, De Gaulle et Pompidou, pour lui ce sera Mitterrand, il se débine pour faire la publicité de son candidat. Il est, d’autant plus, proche de l’autre François, en étant fiancé à la fille d’un de ses amis proches député du Calvados.

 

Les histoires d’amour ne se font pas sur Meetic dans les années 1970 mais généralement là où on fait ses études. Lors d’un stage pour l’ENA dans une zone d’HLM, il doit faire équipe avec Ségolène Royale, les deux jeunes gens ne se quitteront plus jusqu’en 2007 où leur rupture est annoncée juste avant les législatives. Ensemble, ils auront 4 enfants.

 

En 1979, il adhère officiellement au Parti Socialiste et sort dans le haut du classement de l’ENA. Son parcours exemplaire lui permet de rentrer comme auditeur à la Cour des Comptes tout en donnant des conférences d’économie à l’université. Avec la victoire de Mitterrand en 1981 et grâce à ses relations avec Jacques Delors, il obtient un poste d’observateur et de conseiller économique à l’Elysée quand survient la vague des nationalisations d’entreprises qui donne des cauchemars aux plus libéraux.

 

Les élections pour désigner les membres de l’Assemblée Nationale se dessinent et dans les cabinets feutrés des instances politiques, on se casse la tête pour savoir où placer ses pions en espérant la victoire. François reçoit la lourde tâche de déloger Jacques Chirac de son fief de Corrèze. L’opération échoue à cause d’une bisbille avec le candidat communiste qui refuse de s’allier au socialiste pour mettre en ballotage Chirac.

 

En 1983, François participe à une affaire assez sombre et malhonnête. Dans un contexte d’élections anticipées et dans le but de compromettre la droite, un pamphlet, de la Reconquête, sort en librairie pour critiquer sur le fond et la forme le fonctionnement du RPR. François accepte d’endosser la responsabilité des propos couchés par écrit dans le livre. Toutefois, les mots ne sont pas de lui mais d’un écrivain peu connu, André Bercoff, signant sous le pseudonyme de Caton. Il y endosse la fausse identité d’un dirigeant du parti voulant faire la lumière sur des affaires peu reluisantes.

 

En 1988, le deuxième mandat de Mitterrand débute et Hollande parvient enfin à s’installer en terres corréziennes. Trop préoccupé par les affaires nationales, il passe plus de temps à Paris que dans son fief local. Les électeurs lui en tiennent rigueur, se sentent abandonnés et en 1993, il est déchu par le candidat du RPR. En dehors de sa carrière politique, il obtient une dérogation pour que, de son statut de magistrat à la Cour des Comptes, il puisse obtenir une licence d’avocat.

 

La Constitution fait qu’un président, au terme de deux mandats, ne peut se représenter, la maladie et l’âge sont également deux autres barrières à prendre en charge, de ce fait, Mitterrand partant affaibli par un cancer, c’est Lionel Jospin qui s’engage à défendre les convictions socialistes en 1995. François Hollande est choisi pour porter sa parole. Malgré la défaite et les pommes de Chirac, il garde ce poste. Sa bonhommie et ses bons mots ont été les éléments retenus pour apaiser les tensions entre les différents éléphants se tirant dans les pattes depuis que Tonton s’est éteint.

 

L’Histoire est jalonnée d’erreurs grossières, des prises de positions ne pouvant engendrer que des regrets. Le président Chirac dissout l’Assemblée Nationale en 1997, provoquant des Législatives avancées et une nette victoire de la Gauche. Jospin devient Premier Ministre et François le Premier Secrétaire du parti, un poste qu’il occupera jusqu’en 2008 avec des réélections en série. La mairie de Tulle lui ouvre, au même moment, ses porte.