Harbin, située en Mandchourie dans le nord de la Chine, est une des villes les plus froides du pays. Durant l’hiver, la température descend régulièrement à -20 degrés celsius. Refusant de se terrer bien au chaud, Liu Ruigiang eut l’idée de créer le « Harbin Ice and Snow Big World », festival annuel de sculptures de glace.
Pendant un mois, les visiteurs pourront découvrir d’immenses palais chinois, des églises russes ou encore de magnifiques cathédrales françaises s’illuminant la nuit et entièrement bâties de glace. Certaines œuvres plus « commerciales » sont également exposées telles des voitures Porsche ou des bouteilles de Coca Cola. Une exposition des plus originales, composée de milliers d’œuvres, qui attire sans cesse un nombre croissant de touristes chinois. "Nous avons des Coréens du Sud, des Japonais, des Thaïlandais, des Singapouriens. Les Asiatiques du sud-est en particulier sont fascinés par la neige et la glace", dit M. Liu.
"Mais notre cible reste le marcher chinois. L'économie est en pleine croissance, et le tourisme aussi", poursuit-il.
Pour une telle réussite, le festival d’Harbin nécessite une organisation rigoureuse et étudiée. Ainsi, ce sont près de 15 000 ouvriers qui commencent à découper les blocs de glace deux semaines avant l’ouverture pour un total de 120 000 mètres cubes. La matière première de toutes ces œuvres provient de la Songhua, la rivière qui coule le long de la ville.
L’entrée du festival reste relativement élevée (150 yuans soit 14€) pour les normes chinoises mais le succès populaire est là.
Zhang Wei, vendeuse au stand café, s’en réjouit : « Pour Harbin, le festival c’est une manière de saluer le monde ». L’affluence déjà nombreuse pousse à voir plus loin et à envisager une campagne de communication plus importante notamment via l’Internet. Financièrement, le festival ne génère encore que très peu de bénéfices mais M. Liu n’a aucun doute de la réussite de son projet : « Nous sommes juste à l’équilibre. Certaines années, nous sommes même dans le rouge. Mais ce n’est pas grave, nous sommes en train de construire une marque ». Le festival, créé dés les années 1960, ne connaît un tel succès que depuis très récemment grâce aux nouvelles réformes économiques et à la volonté de la ville de se moderniser. L’ancien bastion industriel de l’économie collectiviste chinoise a su modifier son image pour devenir un lieu culturel et artistique. Actuellement, ce sont près de 80 000 visiteurs qui viennent, chaque année, s’émerveiller devant les nombreuses et variées sculptures blanches. Un festival magnifique alliant à merveille progrès économique et créations artistiques. Pour le plus grand bonheur des nombreux spectateurs.
Antoine Ginekis