On ne prête qu’aux riches, et la liste d’environ 2 000 évadés fiscaux grecs ayant placé leurs fonds (1,5 milliard d’euros) dans une agence genevoise d’HSBC est surnommée « la liste de Lagarde », du nom de la présidente du FMI. Ce n’est pas la seule liste circulant dans les milieux politiques et financiers grecs et celle-ci est supposée connue depuis 2010. Mais en revanche, le gouvernement grec veut faire des exemples, et fait mener des enquêtes sur 26 politiciens et hauts-fonctionnaires. Parmi eux, un ancien secrétaire d’État à l’Intérieur, Leonidas Tzanis, qui a été retrouvé pendu au bout d’une corde hier jeudi. La thèse du suicide a été immédiatement avancée par les autorités.
Un ancien ministre ou secrétaire d’État à l’Intérieur sait toujours beaucoup de choses sur nombre de gens, dont des personnalités en vue. Leonidas Tzanis, élu député de 1996 à 2004, était secrétaire d’État à l’Intérieur en 1999-2001.
Il a été retrouvé par sa femme pendu à leur domicile, à Volos. L’ancien ministre était redevenu avocat.
On ne sait trop les charges qui étaient retenus contre lui mais il figurait sur une liste de 36 personnages grecs hauts placés, politiques ou hauts-fonctionnaires, soupçonnés de corruption, trafics d’influences et évasion fiscale. Le titulaire du « perchoir » du parlement grec, Evangelos Meimarakis, figure aussi sur cette liste. Il a notamment fait état d’une autre liste, d’environ 2 000 noms, surnommée la « liste Lagarde », du nom de la présidente du FMI, qui auraient placé un total d’un milliard et demi d’euros dans l’agence suisse de la banque internationale HSBC. En fait, cette liste était connue depuis deux ans, mais les autorités grecques s’étaient bien gardées de l’exploiter.
Le ministère grec des Finances a aussi fait état de 15 000 Grecs ayant placé des fonds à l’étranger sans en avertir le fisc, pour une somme globale de cinq milliards d’euros. Des explications leur seront poliment demandées.
En fait, tout donne l’impression aux Grecs que les responsables les plus en vue de la crise seront épargnés – un peu comme les Français le ressentent quand il voient l’UMP se refuser à toute tentative de bilan et le gouvernement socialiste peu enclin à mettre en cause d’anciens ministres – tandis que les salariés, les petits artisans et commerçants, les professions libérales éloignées des sphères du pouvoir, sont lourdement sanctionnés.
Les Grecs s’employant hors de la fonction publique ne peuvent plus s’en prendre aux fonctionnaires de base, eux-aussi touchés durement par l’austérité. Le sentiment anti-Allemand s’est atténué alors que Gerhard Schroeder, Helmut Kohl, Helmut Schmidt et Angela Merkel semblent exprimer que le peuple grec doit pouvoir un peu souffler.
La paupérisation n’a frappé jusqu’à présent que les classes populaires ou moyennes. La liste des 36 personnes faisant l’objet d’une enquête a été publiée hier jeudi par le site Zougla (.gr). Elle inclut Nikoaloas Andrianopolous, ancien directeur de cabinet d’un ancien ministre des Finances, divers ministres ou élus du Pasok, mais aussi l’écologiste Filippos Fountis, divers membres de la Nouvelle Démocratie, et divers cités ont protesté de leur totale innocence.
L’ancien ministre (Pasok) Yiannis Ragousis a quitté son parti en dénonçant le laxisme dans la lutte contre la fraude fiscale alors que l’austérité a frappé les salaires et que les ponctions sur les revenus des classes sociales pauvres ou intermédiaires ont été drastiques.
La « liste Lagarde » aurait été communiquée au ministère grec des Finances alors que l’intéressée était encore titulaire de son portefeuille à Bercy. Christine Lagarde, le mois dernier, a fait savoir que l’Union européenne seule devrait poursuivre son aide à la Grèce, les fonds du FMI étant asséchés.
Fort bien. Mais tout va bien pour elle. Si, le 25 octobre prochain, vous souhaitez dîner en sa présence à Toronto, lors du gala du Canadian International Council, la bagatelle de 100 000 dollars canadiens devrait pouvoir vous valoir un siège au Ritz-Carlton auprès d’elle.
Alors que Bernard Tapie envisagerait, dit-on, de se présenter pour obtenir le fauteuil de maire de Marseille, fort des libéralités consenties par Lagarde et Sarkozy, les Français auraient tort de toiser de haut les Grecs.
Éric Woerth s’est estimé soucieux de la fiche de paye des Français, assurant que relever la TVA, qui touche les plus pauvres comme marginalement les plus riches, était plus « juste » qu’un relèvement de la CSG. Il a bien sûr affirmé qu’il avait été en pointe dans la lutte contre l’évasion fiscale. Mais bon, tout va bien, Marion Bougeard, ex-conseillère communication de Liliane Bettencourt, a rejoint l’équipe de Jérôme Cahuzac, ministre du Budget.
Depuis Roger Salengro, très peu de ministres français se sont suicidés, et il a parfois été avancé que certains, tels Robert Boulin, auraient été « aidés » pour ce faire. Comme l’exprime un commentateur de Mediapart, Casanier, existe-t-il en France « un socle politico-administratif imperméable au contrôle démocratique et abrité de toute alternance, en charge de (très) basses besognes commodément couvertes par la raison d’État ? ».
Toute ressemblance avec la Grèce serait évidemment purement fortuite, et non avenue.
armateurs grecs , les petits tours sur la mer…
des Dardanelles aux Bermudes :
« ON VA MORAALIZER LE KAPITALIS’ « !!!