Total : deux PDG pour le prix d’un !

La disparition du PDG de Total est du plus grand intérêt d’un point de vue économique de par le fait que c’était un événement imprévisible. La mort non anticipée d’un homme soi-disant indispensable nous permet d’en mesurer assez facilement les conséquences directes.
A ma connaissance, le dernier -grand- PDG mort en exercice est Steeve Jobs. Tout le monde savait depuis au moins deux ans que Steevy n’allait pas pour le mieux, cancer incurable, les marchés savaient bien que sa mort allait survenir d’un jour à l’autre et avaient pu l’anticiper. Leur réaction a donc été mêlée à la réaction à d’autres événements, il est donc difficile de savoir ce qui a vraiment été du à la mort de Steevy.
Dans le cas présent, la mort de moustache est soudaine et à priori imprévisible : à part peut-être ce vieux Vladimir qui a peut-être un peu organisé ce regrettable accident, personne ne savait que C. de Marjorie allait s’écraser sur l’aéroport de Moscou.

Ce cher Cricri

Un grand capitaine d’industrie nous a donc quitté, le groupe Total, ses salariés, et même la France entière s’en trouve orpheline. Je vous fais grâce du flot d’âneries qui ont pu être dîtes à ce sujet.
Puisqu’il paraît que c’est important, revenons sur la réaction des marchés à l’annonce de cette terrible perte.

Marjorie lâche la rampe, Total décolle !
Le jour suivant l’annonce, la bourse a monté. Vous me direz à juste titre que la mort du PDG de Total ne peut guère avoir d’influence sur les autres valeurs. La bourse était dans un mouvement dit de rebond technique, elle a remonté après une baisse, bon…
Mais regardons le cours de Total : +3% là où le CAC a fait +2%. On ne peut pas dire que Total n’ait fait que suivre le mouvement puisqu’elle a très largement surperformé. C’est tout de même assez étrange qu’à la mort imprévue d’un type sur les épaules duquel reposait tout l’empire, le titre en bourse poursuive sa route comme si de rien n’était. Encore, on aurait vu un modeste +1%, on aurait pu dire que Total suivait le mouvement, mais que la mort du PDG l’avait plombé. Plombé avec un +3%, l’une des plus fortes hausses de l’année…
Pourquoi donc cette absence de réaction négative à cette disparition ?
Tout simplement parce que le marché sait bien, lui, que derrière chaque indispensable se trouvent une centaine de requins aux dents qui rayent le parquet et qui sont tout aussi compétents.

J’aurais naïvement pensé qu’on allait faire le deuil d’une si terrible perte, que les membres du conseil d’administration allaient défiler un par un, les larmes aux yeux, pour nous dire combien ils étaient abattus.
Je pensais aussi que Total allait passer une annonce et chercher pendant des mois un successeur : il est tellement difficile et tellement ingrat de diriger un grand groupe dans ce pays ! Il faut se contenter d’un salaire de misère pour diriger à la sueur de son front une barque dont les passagers ne sont même pas reconnaissants. Quand on a l’incroyable talent d’un grand capitaine d’industrie, on va en Angleterre ! Là bas au moins, on est reconnu.

Pourtant, j’ai regardé dans le journal ce matin : pas d’annonce ! Je pensais faire don de ma personne pour reprendre en main cette grande entreprise orpheline, mais il semblerait que, malgré la difficulté et le manque de reconnaissance, il ne soit pas bien difficile de trouver du personnel qualifié en France.
La preuve nous a d’ailleurs été donnée aujourd’hui même : deux PDG pour le prix d’un ! Le cadavre de père moustache n’avait même pas encore eu le temps de refroidir que deux autres requins se sont pointés pour prendre sa place.

Une seule conclusion s’impose : pas besoin de donner à ces types là des salaires à 6 chiffres, quand bien même un millier d’entre eux franchirait la manche, il en resterait toujours cinquante mille au bas mot qui sont tout aussi compétents et qui sont prêts à faire le travail.

2 réflexions sur « Total : deux PDG pour le prix d’un ! »

  1. Moi, aussi , j’ai candidaté avec mon MBA et mon experience des puits sans fonds, en evitant la touche écolo et durable qui tache.

    Nul n’est effectivement indispensable et le concert de flagornerie franchouillard des chaines télé etait assez ridicule.

    Un requin de moins, disait la chouette!!! ;D 🙁 😉

  2. Je ne sais pas ce que dit la chouette, mais je ne serais absolument pas surpris que les deux successeurs aient dansé la samba en apprenant la nouvelle de l’accident. Ces deux là + ceux qui les ont remplacé au poste qu’ils occupaient bien sûr.
    Avec un MBA, vous avez sûrement mis les pieds dans une direction générale… Vous savez donc que tout le monde est content en apprenant le départ de quelqu’un parce qu’une place se libère et que plusieurs personnes vont être promues par le jeu des chaises musicale. Que ce soit départ à la retraite, départ pour une autre boîte, ou même décès, c’est toujours la même chose : grands discours hypocrites et hourras discrets dans les couloirs, dans les afterworks, les alliances qui jouent pour tirer le meilleur parti de la nouvelle situation.

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