Free Mobile : pas très clair après dix jours

Orange, dans le Journal du dimanche, tape sur l’offre Free. Avec des arguments convenus. Et une petite phrase assassine : pour lancer une offre de téléphonie, il faut des compétences et «  nos amis de Free ne vont pas tarder à s’en rendre compte…». Xavier Niel aurait fait du spectacle, mais, plus le rideau se lève, moins la pièce serait jugée bonne. Car le pire ennemi de Free ne serait pas Orange, ou Bouygues, ou SFR-Vodaphone, mais peut-être Free lui-même…

Donc, Orange ne va pas modifier ses tarifs. On y croit très fort. La jungle tarifaire, chez chaque opérateur, voit croître de nouvelles lianes tous les jours ou presque. Que se passera-t-il si SFR ou Bouygues lançaient des tarifs vraiment plus alléchants que précédemment.
Orange suivrait, évidemment, et l’offensive de Free, à côté d’une vraie concurrence entre réseaux majeurs, ce serait largement autre chose…

Mais Free menace-t-il tant ses trois concurrents ?

Sur la 4G, il serait prématuré d’en discuter. Sur l’existant, les nouveaux clients Free commencent à montrer les dents.
D’abord, le réseau. Celui de Free doit atteindre 27 % de couverture. Pas si aisé. Il faut envoyer des missi dominici dans des bleds pas possibles. C’est un peu comme pour les signatures de Marine Le Pen, fastidieux, mais en plus coûteux (les chargés de clientèle de Free ne sont pas des militants). L’association Robin des toits met aussi les bâtons dans les roues. Elle diffuse des affichettes sur le thème de la dangerosité du Wifi. Elle rapporte que les techniciens de Free, qui font du repérage, sont pistés. Robin des toits et d’autres dénichent des antennes dans de fausses cheminées et les syndicats des boîtes concurrentes s’adressent aux préfets. L’hôtel de police de Nancy devait accueillir une antenne Free. C’est raté. Priartem (pour une réglementation des implantations d’antennes-relais de téléphonie mobile) s’est aussi manifestée, notamment à Champigny, hier samedi, rapporte Le Parisien.

Or donc, Free louerait tout ou partie du réseau Orange. Free dément. Pas vraiment Orange. Sur Paris, le réseau Free fonctionnerait assez convenablement. Ailleurs, hmm… Il faut attendre les remontées. Toutes les antennes sont-elles bien fonctionnelles ?

Free communique agressivement, mais beaucoup moins quand des questions directes lui sont posées. D’accord, le lancement a été un succès, près de 10 000 abonnés quotidiens, soit sans doute déjà 70 000 ou davantage sur ses abonnés Freebox. Mais ceux qui quittent Orange, Bouygues ou SFR seraient vraiment moins nombreux à présent. Et Free, qui aurait déjà engrangé près de 1,5 millions de souscripteurs, aurait quelques difficultés à les gérer. Le support, assuré au Maroc, patinerait. Les temps d’attente s’allongent.

 

Le prix des appareils pose aussi problème. Selon Catherine Maussion, de Libération, « les conditions générales de vente sont particulièrement taiseuses. ». Certains modèles, proposés à crédit, reviendraient au final plus de cent euros de plus que chez la concurrence. Autant chercher au meilleur prix. Que Choisir ? aurait décelé « des zones d’ombre » dans les contrats.

On peut comprendre que les abonnés Internet de Free aient voulu profiter d’offres attractives. Pour les autres, la prudence et l’attentisme s’imposent peut-être. Orange dit ne pas vouloir modifier vraiment ses tarifs ? Attendre un trimestre est peut-être la solution. Une autre peut consister à réduire son forfait, et tester Free en parallèle. Coûteux, certes. Mais si cela vous conduisait à téléphoner via un portable très parcimonieusement ?

Je veux croire que 78 % des Françaises et Français seraient prêts à tenter Free. Hmm… Le magazine 60 millions de consommateurs relève que la concurrence de Free aurait parfois eu tendance à engager pour une nouvelle période ses abonnés, sans trop bien leur expliquer ce à quoi ils s’engageaient. Une chose est sûre, si ce n’est à la baisse, ce n’est pas encore le moment de changer de forfait. Par ailleurs, bien lire l’article de l’UFC-Que Choisir. Il est en accès libre sur le site de la revue. Perso, pour mon compte, prudence, patience et longueur de temps…

 

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

4 réflexions sur « Free Mobile : pas très clair après dix jours »

  1. Effectivement il m’a été impossible de me connecter sur le site internet de free le jour du lancement de l’offre.
    Oui mon inscription le lendemain fût longue et fastidieuse, mon RIB -pourtant prérempli par Free vu qu’ils prélèvent mon offre Freebox avec ce même compte depuis des années- ne passait pas: clé RIB invalide! J’ai du en rentrer un autre, heureusement que j’ai 2 comptes bancaires ce qui n’est pas le cas de tout le monde je sais..
    Il est vrai que j’ai mis 3 jours à recevoir mes identifiants par email, que je me suis inquiété quand j’ai reçu le SMS de portabilité d’SFR le 17 pour une coupure de ma ligne le 19 alors que rien ne bougeait sur mon espace abonné Free Mobile.

    MAIS j’ai reçu ma SIM juste à temps, je n’ai pas eu de coupure. J’ai activé ma ligne en 2 minutes, et j’ai pu constaté que le roaming sur Orange fonctionnait parfaitement.
    A ce propos, Paris -où il est relativement plus difficile qu’ailleurs d’obtenir des autorisations pour poser des antennes relais- est plutôt mal (voir très mal) couverte par le réseau Free. De plus, il est possible que Free, n’étant pas tout à fait prêt, n’a pas ‘allumé’ toutes ses antennes relais; ce ne serait d’ailleurs absolument pas illégal, Free aurait tout à fait le droit de se reposer sur le réseau d’Orange qu’il loue quand même 1 milliard d’Euro. Plusieurs sites en parlent, rien n’est certain.
    Je pense qu’il est un peu tôt pour assassiner le nouvel entrant, qu’il n’y a par exemple pas plus de zones d’ombres dans le contrat Free qu’il n’y en a dans les contrats d’Orange, Bouygtel ou SFR et qu’il faut lui laisser un peu de temps pour faire ses preuves.
    Après tout, c’est gràce à la freebox que nous avons en France un adsl rapide, peu cher, avec plein de services; et les débuts n’ont pas été simples pour les freenautes.. loin de là. Et déjà à l’époque on les accusait de profiter de notre patrimoine national, du réseau construit par l’opérateur historique; mais Free a construit son propre réseau et tout ceci n’est qu’une saine concurrence dont tout le monde profite au final.
    Ensuite quand je lis un peu partout que Free Mobile va déséquilibrer le marché, mettre des employés Bouygtel, SFR et Orange au chômage, je pense qu’on prend le problème à l’envers et qu’on nous manipule; et si ces multinationales distribuaient moins de dividendes à leurs actionnaires ? Quand on sait qu’Orange en 2009 a distribué plus de dividendes qu’elle n’a fait de bénéfices il y a de quoi se poser des questions non? ^^

  2. Bonjour,
    Grace à Free, mon abonnement Orange illimité est passé de 40 euros à 25 euros en l’espace de 2 semaines! La concurrence est une nécessité , encore un effort et peu etre je ne changerais pas!

  3. Jeff,

    je n’osais prendre le chemin d’un article concernant ces offres (étant professionnel du métier), car après avoir lu avec une attention toute particulière les CGA (Conditions générales d’abonnement) et les CGV (Condition générales de ventes), l’expression « anguille sous roche » prend tout son sens.

    Free propose les appels illimités depuis le France et vers touts les mobiles et fixes français (non surtaxés bien entendu), pour autant, une chose m’a marqué concernant ce point précis, à savoir la mention « en bon père de famille ». En effet, les appels demeurent illimités, mais rien n’est précisé quand à la durée effective des appels (qui généralement est de 3h par appels ailleurs), ni quand au nombre maximum d’appellés. Cette mention à elle seule « encadre » cette fonction tout en précisant que Free est seul juge de la décense à l’usage de ces illimités et qu’en cas d’abus de la part de l’usagé, Free se réserve unilatéralement le droit de facturer la sus-dites communication et de demander une avance sur facturation à son usagé tout en suspendant sa ligne le temps du réglement (une sorte de prise d’otage en bon uniforme).

    A propos des sms illimités, Free là encore propose la fonction, mais dans la limite de 10 destinataires maximum par sms, tout en précisant là encore que Free est seul juge de la décence de l’usage, et qu’elle est libre de considérer comme spammeur toute personne qu’elle suspecte, avec facturation à la clé, sans pour autant que des critères précis aient été établis.

    Pour l’étranger, certains types d’appels sont moins cher comme annoncé à la présentation spectacle, mais pour le reste, on explose les prix, notamment pour les appels passés depuis la France à destination de l’AF.Nord et de l’Asie (qui représentent plus de 80% des appels passés depuis la France vers l’étranger).

    Pour les mobiles, la ventes à crédit est en soit une forme d’engagement, bien que Free prétende le contraire, et au final après calcul, le prix du mobile est plus cher que subventionné chez un autre opérateur, donc quel choix faire? Rires.

    Le forfait à 2 euros est formidable socialement, pour autant, là encore attention. Les smartphones aujourd’hui se connectent seuls à Internet, et Free dans ce cas et à la première connexion (même par erreur) impose un tarif de 5€, ce qui fait un abonnement qui passe directement à 7€.

    Free à l’avantage de faire bouger le marché, notammment du point de vue tarifaire, pour autant, soyez prudent, dans les faits, l’offre est plus dangereuse qu’elle n’y parait.

    Amitiés

    Tom

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