Dans la rue, le long des chemins de fer, dans les universités et bientôt les écoles.
Un peu partout en France, le ton monte. Entre blocus et grèves, le gouvernement Sarkozy a vécu ces derniers jours sa première épreuve de force face à des français revendicatifs et bien décidés à défendre leurs acquis sociaux. La fenêtre d’opposition au gouvernement semble donc ouverte. Le PS ne réussissant toujours pas à s’entendre, l’opposition est, pour l’instant, emmenée par les différents syndicats étudiants et professionnels. François Bayrou a donc lui aussi une belle carte à jouer. En quelques semaines, il pourrait installer « son » Modem à la tête des opposants ou encore se faire le porte-parole d’une France inquiète quant à la direction ultralibérale que prend le gouvernement actuel.
Très certainement, c’est au soir du 22 avril 2007 que François Bayrou a su que dorénavant son avis détenait un véritable poids dans le monde politique français. Avec 18,57% des voix, le candidat UDF a vu les fruits de sa campagne récompensés. Laissant les extrêmes droites et gauches bien en deçà de leurs espérances, François Bayrou, son discours simple et rassembleur, a gagné tous ses paris. D’une part, le scrutin présidentiel l’a placé en troisième homme de la politique française et surtout a énormément éclairci l’avenir d’un courant qui se cherchait encore. Ce succès a même amené Nicolas Sarkozy vers d’autres horizons tel l’ouverture qui a semblé tant plaire à l’électeur. Ce costume d’électron libre sortant du clivage historique gauche-droite, François Bayrou l’a enfilé avec grand plaisir ne se privant jamais pour critiquer socialistes et libéraux. Les doutes subsistent tout de même.
Profiter d'un PS déplorable
Dans les chiffres, Bayrou est véritablement un homme qui compte. Mais, l’homme de base de l’UDF n’a réellement existé dans cette campagne qu’en comparaison à Nicolas Sarkozy et à Ségolène Royal. Ainsi, beaucoup de socialistes ou UMP déçus de leurs candidats pour diverses raisons ont reporté leurs choix sur le centriste. Pas forcément par conviction.
Bayrou voit, lui, tous les signaux au vert. Et, fort de cette forte progression électorale, il décide alors de monter son propre parti : le Mouvement Démocrate ou Modem. En défenseur de l’intérêt général, il affiche clairement les objectifs de son parti rassembleur : « Les Français trouveront pour les représenter une force de contre-pouvoir, libre, capable de dire oui si l’action va dans le bon sens et non si elle va dans le mauvais sens ».
Mais, ouverture sarkozyste oblige, beaucoup de dirigeants centristes n’hésitent pas longtemps avant de succomber aux sirènes UMP. Ainsi, vingt-trois députés UDF de 2002 rejoignent la majorité présidentielle alors que dix-huit autres comme André Santini ou Hervé Morin, actuel ministre de la Défense, décident de créer le Nouveau Centre, le parti de centre-droite. Laissant François Bayrou bien seul dans sa volonté d’indépendance entre la droite et la gauche. Le Modem voit tout de même le jour le 24 mai 2007.
La bataille législative s’annonce alors des plus délicates pour le nouveau parti centriste. Après à peine un mois d’existence, le Modem lance des candidats dans presque toutes les circonscriptions. Les résultats chiffrés sont loin d’être catastrophiques puisque le Modem récolte le troisième total de voix, assez loin tout de même du Parti Socialiste et de l’UMP. Cependant, refusant les alliances et les compromis le parti de François Bayrou ne ressort qu’avec quatre sièges à l’Assemblée Nationale.
Tous derrière François!
Dés lors, le parti centriste ne peut vivre qu’à travers son leader François Bayrou. Et c’est peut-être une très bonne nouvelle. En effet, ancien ministre de l’éducation, député des Pyrénées-Atlantique, candidat vigoureux à la présidentielle, l’homme a la connaissance du terrain et surtout une image populaire très sympathique. Avant tout, Bayrou reste un homme de conviction. Avec plus de six millions de votes lors de la dernière présidentielle, les français ont montré qu’ils aimaient cet homme droit, fier et proche d’eux. Un homme sincère, denrée rare en politique, qui pense un avenir européen, social et égalitaire pour la France.
Mais, en cette période socialement mouvementée, le Modem se devrait d’être beaucoup plus présent dans son rôle d’opposition. Pourtant, chacun semble s’afférer à d’autres affaires. Les cadres du parti centriste se font très discrets sur la scène contestataire. Là, réside le principal souci d’un parti centralisé sur un seul homme. Quand le chef, trop afféré à préparer le Congrès de Villepinte début décembre, ne prend pas position, c’est tout le Modem qui reste muet.
C’est donc dans ces prochains mois que l’avenir du Modem se joue. En créant une structure solide avec des positions claires et bien établies autour d’un leader qui plaît aux électeurs, le Modem peut se positionner avec force sur l’échiquier politique national. Si, les fondations ne sont pas solides, le parti ne décollera pas. Attention donc à ne pas s’enrayer dans de trop nombreuses luttes internes comme le voisin socialiste.
antoine