«Maman ! Je viens de voir un super film ! Je file à la nouvelle expo qui vient d’ouvrir…». Il n’a que dix ans et vient de jeter tous ses jouets. N’appelez peut-être pas tout de suite le médecin. En effet, les temps changent et, aujourd’hui, les bambins veulent de la connaissance, de la culture, du savoir. Et pour cela, ils n’ont que l’embarras du choix.

« Etes-vous plus fort qu’un enfant de dix ans ? ». C’est la question que posait, tous les soirs, Roland Magdane sur M6 à de nombreux candidats- des adultes s’attaquant aux manuels scolaires de l’école primaire – aux alentours de 20 heures. La télé, reflet difforme et grossissant de la société, a donc suivi la tendance : les bambins ont, de plus en plus, leur mot à dire. Alors maintenant que « nos enfants chéris » ont pris le pouvoir du foyer et, accessoirement, du portefeuille, ils sont (encore plus !) gâtés. Beaucoup de chaînes de télévision, câblées essentiellement, leurs sont ainsi consacrées. La dernière arrivée sur le Paysage Audiovisuel Français (PAF), Baby First, pour les enfants de 6 mois à 3 ans, a vu le jour le 16 octobre. Le concept américain est ambitieux : aider les enfants à s’épanouir. « Les programmes visent à apprendre aux enfants les règles de la vie en société afin d’améliorer leurs relations avec les autres en matière de jeu, de partage et d’échange », selon une responsable de la chaîne. Certes, tous les jeunes téléspectateurs ne capteront certainement pas l’admirable volonté socialisante des programmes et Baby First risque bien souvent de suppléer les baby-sitters. 

Tout de même, la nouvelle « chaîne des tous petits » a le mérite de proposer un concept intelligent- des programmes adaptés au temps de concentration d’un enfant, ne dépassant jamais les cinq minutes- à une cible qui y était interdit jusqu’alors. Mais le petit écran n’est pas seul à s’être enfin aperçu du besoin des tous jeunes de s’éveiller au monde et d’assouvir leur envie d’apprendre. Ainsi, les manifestations se multiplient.

Titeuf explique la sexualité aux plus jeunes

La Cité des Sciences accueillait ainsi jusqu’au 2 décembre à la Villette « Zizi Sexuel, l’Expo », adaptée du « Guide du Zizi Sexuel » de ZEP et Hellène Bruller. Visant à expliquer le monde de la sexualité aux plus jeunes, l’exposition a d’abord souhaité mettre en avant l’aspect amusant et pédagogique. Les enfants, habitués à l’univers Titeuf, retrouvent leurs héros préférés- Titeuf donc et son amoureuse Nadia- pour un petit voyage dans le monde des adultes où sont expliqués des thèmes aussi diverses que « Faire l’amour », « La Puberté », « Faire un Bébé » ou « être amoureux ». Pour Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue, « cette exposition répond à toutes les questions que les petits et les ados peuvent se poser sur l’amour et la sexualité ainsi que sur les différentes réactions et perceptions entre les filles et les garçons ». Le résultat est très attractif. L’expo présente de nombreux dessins et illustrations très simples où parents comme enfants peuvent passer un bon moment tout en y apprenant beaucoup de choses. L’objectif pédagogique semble donc rempli haut la main et « Zizi sexuel, l’expo » permet également d’ouvrir un dialogue jusque-là tabou entre parents et enfants. Marie, mère de trois enfants, ravie d’avoir pu aborder ces sujets confirme : « Je trouve que tout est très simple à comprendre, très accessible pour les enfants. Surtout, cela m’a permis de dialoguer sur le sujet avec mon aînée de 13 ans ».

Autre manifestation culturelle pour les plus jeunes : La troisième édition de « Mon premier Festival », parrainé par l’acteur Guillaume Canet, permettait, jusqu’au 30 octobre, aux « six-quinze ans » d’aller découvrir de nombreux classiques des salles obscures. Après avoir pu découvrir en avant-première le nouveau Lucky Luke : « Tous à l’Ouest », le public néophyte eut droit aux légendaires « E.T l’extraterrestre », « la Guerre des boutons » ou encore « Les 400 coups » de François Truffaut. Des films cultes à ne pas rater pour une jeunesse sûrement un peu trop habituée aux nouvelles séries américaines. Christophe, père de Léa, 12 ans, semblait d’ailleurs ravi que sa fille ait pu voir ce cinéma plus naïf, plus idéaliste, moins violent. « Je trouve ce festival très pédagogique et sympa pour les enfants. C’est aussi très amusant de voir le regard d’une autre génération sur un même film ».

Ciné, expo, télé, les enfants ont donc, de plus en plus, accès à une culture plus pédagogique et bien adaptée à eux et leurs interrogations. Parents, un conseil pour ne pas être largués, ressortez vos bouquins et arrêtez « Desperate Housewives » !

antoine