Le gouvernement sonne la fin de la recréation même si le phénomène a pris des proportions alarmantes.
André Mama Fouda, Ministre camerounais de la Santé Publique vient de lancer à Yaoundé une campagne de sensibilisation qui vise non seulement à ramener le personnel sanitaire à l’ordre, mais aussi à mettre hors du circuit tous ceux qui ne sont pas spécialistes de la santé humaine. L’objectif étant d’éviter des désagréments aux patients et de mieux maitriser la carte sanitaire et les effectifs réels des fonctionnaires d’Etat en charge de la santé au Cameroun.
Qui est professionnel de la santé humaine et qui ne l’est pas. Difficile de donner à l’heure actuelle une réponse exacte puisque les centres de santé poussent de toute part comme les champignons. Au Cameroun, on compte plus de 500 formations sanitaires qui fonctionnent dans l’illégalité.
Et la région du Sud-Ouest du pays vient en tête avec près de 140 établissements sanitaires non conformes. La plupart des établissements emploie un personnel sorti des écoles non reconnues officiellement et sont parfois très peu qualifiés. Des gens qui, par leur formation approximative, finissent toujours par causer des désagréments aux malades.
Des ciseaux dans le ventre d’un malade
L’heure est grave. Comment comprendre qu’un diabétique puisse recevoir du glucose après une intervention chirurgicale et qu’un malade se retrouve avec les ciseaux dans le ventre ? Et le gouvernement à travers André Mama FOUDA dit non ! « La médecine n’est pas le champ de déplacement des amateurs.
C’est un secteur qui est réservé aux professionnels appelés à sauver des vies et non à les court-circuiter. N’est donc appelé à exercer dans la médecine que celui qui est outillé. Les médecins doivent faire partir de l’ordre national des médecins » précise-t-on au ministère camerounais de la Santé publique.
L’ampleur du phénomène
En effet, la décision de mettre fin à l’exercice illégal de la médecine au Cameroun vient d’un certain nombre de pratiques observées dans un secteur d’activité. Selon le Pr. Biwele Sida, inspecteur général de ce ministère, les médecins doivent apprendre à rester dans les hôpitaux et non dans les cliniques privées. Ils ne sont pas appelés à exercer en clientèle privée. C’est illégal. C’est un fonctionnement qui amène à la non-maitrise de la carte sanitaire du Cameroun.
Comment comprendre qu’un médecin spécialiste puisse être employé par un infirmier qui dispose d’une clinique privée ? C’est un phénomène déshonorant que ATANGAN BIDZOGO, Président de l’Ordre National des Médecins du Cameroun qualifie d’abominable. Autre choses déplorables : les Gic de santé communautaire se livrent à la petite chirurgie, des pharmaciens et laboratoires d’analyses médicales diagnostiquent les malades sans oublier la montée fulgurante des vendeurs de médicaments dans nos rues.
Même s’ils semblent oublier que l’accès aux formations sanitaires sérieuses n’est pas financièrement facile, le plaidoyer des spécialistes de la santé est de mettre fin à l’existence des Gics de santé communautaires sans toutefois occulter ces établissements sanitaires chinois qui ont envahi quartiers, villes et villages du Cameroun. Selon ATANGAN BIDZOGO, le Président de l’ONMC, ces centres chinois ne répondent à personne une fois qu’ils ne sont pas établis de façon conventionnelle.
L’incompatibilité qui dérange
Pour la bonne marche de cette campagne, plusieurs médecins souhaitent que les délais de traitement des dossiers de création et ouverture des formations sanitaires soient respectés. Mais toujours est-il dit qu’ils ne doivent pas fonctionner en clientèle privée. C’est une incompatibilité qui va toujours handicaper les formations publiques.
En tout cas, le personnel médical n’a que six mois pour se conformer pour que l’exercice illégal de la médecine au Cameroun ne soit un triste souvenir. Désolés pour les amateurs et les aventuriers en attendant l’évaluation de cette campagne.