Comme en France, aujourd’hui est jour d’élections municipales en Turquie. Recep Tayyep Erdogan retient son souffle. Son avenir dépend de ce scrutin. Après s’être impliqué dans la réforme visant à substituer l’élection du président par le suffrage universel en lieu et place du vote par le parlement, il risque fort de déchanter en ne récoltant pas prochainement le moindre bénéfice de ce surcroît de démocratie. 

En effet depuis les fameuses fuites selon lesquelles grand nombre de responsables politiques de l’AKP seraient impliqués dans des affaires de corruption, la boite de Pandore s’est comme ouverte. Ainsi va-t-on allègrement de surprise en surprise ! Jusqu’à la veille des élections municipales, la tension a continué de monter en Turquie sur fond d’un nouveau piratage de conversations téléphoniques compromettantes. 

La révélation en question a fait l’effet d’une bombe et ses répercussions sur le scrutin à venir sont à craindre : il s’agirait dans cet enregistrement d’une réunion confidentielle sous l’égide de hauts responsables turcs destinée à préparer le terrain pour une opération militaire  turque en Syrie à partir d’un déclencheur  monté de toutes pièces :autrement dit quitte à "pléonasmer",  l’orchestration en bonne et due forme d’une pseudo-agression contre la Turquie à partir de la Syrie, préambule à une ingérence armée en soutien à l’opposition syrienne. 

Rien de nouveau dans cette pratique courante visant à maquiller en riposte une offensive. " Attaque haineuse, grave acte criminel", etc, etc, s’est insurgé Ankara ! C’est encore et toujours la faute à Fethullah Gülen et gare à ses hommes : contrairement à Poutine, lequel va chercher certains de ses détracteurs "jusque dans les chiottes", Erdogan lui, promet d’aller déloger de leurs caves les auteurs de ces magouilles.

En attendant, le réformateur quand ça l’arrange, a pris pour cible l’ensemble des réseaux sociaux qui incarnent selon ses dires la "pire menace contre la société"! Un tour de vis supplémentaire pour ôter à l’opposition les ultimes outils dont elle dispose, seuls susceptibles de pallier à la censure médiatique qui la frappe de plein fouet.  

Brah Mikail qualifie "d’ivresse du pouvoir" cette propension chez Recep Tayyip Erdogan à user sans compter de "dérives autoritaires" : après la promulgation de la loi sur le durcissement du contrôle d’internet ont suivi les blocages de tweeter, de  youtube lesquels à force de subterfuges se sont avérés aisément déjouables. 

Selon les enquêtes des instituts de sondage dont on connaît désormais le peu de fiabilité, l’AKP, Parti de la justice et du développement devrait caracoler ce soir avec 35 à 45% des suffrages, malgré un recul par rapport au scrutin passé. Prêt à manger à tous les rateliers tant qu’il en retire un profit personnel, le sultan a beau crier jusqu’à extinction de voix pour galvaniser les foules, son avenir de politicien risque de basculer derrière lui. La farce a assez duré :"toujours par quelque endroit, fourbes se laissent prendre. Quiconque est loup agisse en loup; C’est le plus certain de beaucoup". 

 

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