Les organisations de presse égyptiennes ont déclaré vainqueur l’islamiste Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, quelques heures après la publication par le conseil militaire d’une constitution provisoire lui octroyant lui même un large pouvoir.

La nouvelle charte de l’armée est le dernier pas dans une série d’étapes rapides que les généraux ont prises afin de renforcer leur emprise sur le pouvoir. Leur charte leur donne le contrôle sur toutes les lois, sur le budget national, et sur le pouvoir d’opposer son veto à une déclaration de guerre.

Après la dissolution du Parlement élu il ya quatre mois, et le blocage de ses législateurs, les généraux ont également pris, dimanche soir, le contrôle du processus de rédaction d’une constitution permanente. Les médias de l’État ont indiqué que les généraux avaient choisi une équipe de 100 membres pour le rédiger.

Bien que les résultats définitifs ne soient pas encore disponibles, les partisans des Frères musulmans ont revendiqué la victoire du candidat islamiste Mohamed Morsi. Une foule au siège de campagne de M. Morsi scandait «A bas, à bas le régime militaire! » alors qu’il s’apprêtait à donner un discours de victoire.

M. Morsi a remercié Dieu, qui selon lui, a « guidé l’Egypte à ce droit chemin, le chemin de la liberté et la démocratie ». Il s’est engagé à représenter tous les Egyptiens, y compris ceux qui avaient voté contre lui. Il a également promis de donner un soutien spécial pour les droits des membres de l’Egypte chrétienne, de minorité copte, dont beaucoup se sont ralliés contre lui par peur de la Fraternité.

Les autres dirigeants des Frères avaient déjà commencé, dimanche, à mépriser les généraux dans les réunions et les déclarations.

Après une rencontre avec le général du conseil militaire, le porte-parole de la Fraternité et affilié du Parlement, Saad el-Katatni, a affirmé que l’armée n’avait pas le droit de dissoudre le Parlement ou de rédiger une constitution. Il a ajouté qu’une équipe de 100 membres ont étaient pourtant choisis par le Parlement pour se réunir et rédiger leur propre constitution, ce qui soulève la perspective d’assemblées concurrentes.

La dissolution du parlement était « un nouvel épisode d’un coup d’Etat militaire complet contre la révolution et la volonté populaire », a affirmé un principal député des Frères musulmans dans un communiqué publié sur Internet.

Les généraux n’ont pas expliqué leurs actions. Une décision précipitée publié ce jeudi par un tribunal nommé par Moubarak avait initialement prévu au moins la dissolution légale du Parlement, mais la consolidation du pouvoir a rapidement pris une autre allure.

La charte de l’armée « a vraiment compléter le coup d’État de plusieurs façons évidentes » a confirmé un expert à l’Université de George Washington, dans un message e-mail. Elle protège les militaires de tout contrôle public, présidentiel et parlementaire.