Des jeunes se sont battus aujourd’hui contre la police égyptienne au Caire et à Alexandrie suite au deuxième anniversaire de la révolte qui a renversé Hosni Moubarak et l’élection d’un président islamiste accusé par les manifestants d’avoir bafouer la nouvelle démocratie.
L’anniversaire de ce 25 janvier a présenté un fossé entre les islamistes et leurs ennemis séculaires qui entravent les efforts du président Mohamed Morsi pour relancer une économie en crise et remédier au plongeon de la monnaie Égyptienne par envie de faire revenir les investisseurs et les touristes.
Inspirée par le soulèvement populaire historique de la Tunisie, la révolution de l’Égypte est sous l’impulsion de nouvelles révoltes dans le monde arabe, mais le sens de l’objectif commun qui unissait les Égyptiens il y a deux ans a cédé la place à des luttes internes qui ne font qu’empirer. Le mois dernier a vu le déclenchement de combats de rue meurtriers.
Les adversaires de Morsi et ses alliés, les Frères musulmans, se sont rassemblés au Caire sur la place Tahrir pour faire revivre les exigences d’une révolution « trahie par les islamistes ».
« Notre révolution se poursuit. Nous rejetons la domination d’un parti sur ce pays. Nous disons non à la Fraternité », a dit un leader populaire de gauche à la presse après avoir fait son chemin vers la place Tahrir pour le rassemblement.
La police a lutté contre les manifestants qui lançaient des cocktails Molotov et des pétards alors qu’ils tentaient de s’approcher d’un mur bloquant l’accès aux bâtiments gouvernementaux près de la place Tahrir dans les heures avant l’aube.
Des nuages de gaz lacrymogènes provoqués par la police emplissaient l’air. À un certain moment, la police antiémeute a utilisé un des incendiaires lancés sur les manifestants pour mettre le feu sur au moins deux tentes érigées par les jeunes, a indiqué un témoin. Les affrontements entre jeunes lanceurs de pierres et la police ont continué dans les rues à proximité de la place Tahrir pendant la journée.
Des ambulances ont transporté un long flux constant de victimes. Le ministère de la santé a confirmé que 25 personnes avaient été blessées dans les affrontements autour de la place Tahrir.
Il y a eu des scènes semblables à Alexandrie, où des escarmouches ont éclaté entre les manifestants et la police antiémeute près des bureaux du gouvernement local. Le gaz lacrymogène a encrassé l’air et de la fumée noire s’échappait des pneus incendiés par les jeunes. Selon des sources médicales et de sécurité, neuf personnes ont été blessées par des pastilles qui ont éclaté.
Des milliers d’autres manifestants ont protesté contre la Fraternité dans les villes à travers l’Égypte, y compris Suez, Ismaïlia et Port-Saïd.
La confrérie a décidé de ne pas se mobiliser dans la rue pour l’anniversaire, se méfiant de la tentation pour plus de conflit après la violence qui a éclaté en décembre et qui a été alimentée par la décision de Morsi à accélérer une constitution teintée par l’islamisme.
« Le peuple veut faire tomber le régime », a scandé la foule sur la place Tahrir, où la participation est estimée à plusieurs milliers vers l’après-midi. « Sauvez l’Égypte de la règle du Guide suprême », a-t-elle ajouté, une référence au dirigeant des Frères musulmans, Mohammed Badie.